CHAPITRE X MŒURS ET COUTUMES

Il y eut, sans aucun doute, autant de variétés dans les mœurs et coutumes des Atlantes aux différentes époques de leur histoire, qu’il y en eut parmi les nations diverses composant notre race aryenne. Nous ne nous occuperons pas des habitudes variables à travers les siècles. Les remarques qui vont suivre se rapporteront uniquement aux traits caractéristiques qui distinguèrent leurs habitudes des nôtres, et ceux-ci seront pris, autant que possible, à la grande époque toltèque.

En ce qui concerne le mariage et les rapports des sexes entre eux, les expériences faites par les Touraniens sur ce point ont déjà été mentionnées. La polygamie prédomina chez les sous-races à plusieurs époques ; mais, à l’époque toltèque, la plupart des hommes n’avaient qu’une seule femme, bien que la loi permît alors d’en avoir deux.

Les femmes n’étaient pas considérées comme inférieures, ni opprimées d’aucune manière, comme il arrive aujourd’hui dans les contrées où règne encore la polygamie.

Leur situation égalait celle de l’homme, tandis que l’aptitude possédée par plusieurs d’entre elles à acquérir le pouvoir désigné sous le nom de vril les rendait égales, sinon supérieures, à l’autre sexe. Cette égalité d’ailleurs était reconnue dès l’enfance et la séparation des sexes à l’école et au collège n’existait pas : les filles et les garçons étaient instruits ensemble.

L’harmonie, dans les ménages où l’homme avait deux femmes, était la règle et non l’exception ; et les mères enseignaient aux enfants à mériter également l’amour et la protection des femmes de leur père. Les femmes n’étaient pas exclues du gouvernement. Quelquefois on les nommait membres du conseil ; et les empereurs adeptes les choisissaient même parfois pour les représenter dans les diverses provinces comme souveraines du lieu.

Les Atlantes écrivaient sur de minces feuilles de métal, dont la surface était pareille à de la porcelaine blanche. Ils avaient aussi le moyen de reproduire un texte écrit en plaçant sur la feuille à reproduire une autre plaque de métal très mince, préalablement plongée dans un liquide spécial. Le texte ainsi gravé sur la seconde plaque pouvait être reproduit à volonté sur d’autres feuilles ; un grand nombre de ces feuilles, attachées ensemble, formaient un livre.

Une coutume qui se distinguait beaucoup des nôtres doit être indiquée ici, elle a trait à leur nourriture. C’est un sujet désagréable, mais qui ne peut être passé sous silence. Ils rejetaient ordinairement la chair des animaux, tandis qu’ils se nourrissaient des parties que nous rejetons aujourd’hui.

Ils buvaient aussi le sang – souvent tout chaud encore – et en préparaient différents mets. Il ne faudrait pas croire cependant qu’ils ne connaissaient pas de mets plus délicats. Les mers et les rivières leur fournissaient du poisson, dont ils mangeaient même la chair dans un état de décomposition qui nous répugnerait. La culture des différentes graminées était très répandue, ils en faisaient du pain et des gâteaux. Enfin ils avaient aussi du lait, des fruits et des légumes.

Une petite minorité des habitants, il est vrai, n’adopta jamais les coutumes esquissées plus haut. C’était le cas pour les rois et les empereurs adeptes, pour le clergé initié dans tout l’empire. Ceux-ci étaient tout à fait végétariens, mais beaucoup parmi les conseillers de l’empereur et parmi les courtisans, tout en feignant une grande sobriété, assouvissaient en secret leurs goûts plus grossiers.

Les boissons fortes étaient inconnues dans ces temps-là. Une boisson très fermentée fut répandue à une certaine époque ; mais elle éveillait une excitation si dangereuse chez ceux qui en buvaient qu’une loi en défendit la consommation.

Les armes de guerre et de chasse différèrent considérablement aux différentes époques. Les épées et les lances, les arcs et les flèches suffisaient généralement aux Rmoahals et aux Tlavatlis. Ils faisaient alors la chasse à des mammouths aux longs poils laineux, aux éléphants et aux hippopotames. Les marsupiaux abondaient aussi, de même que des survivants d’un type intermédiaire – les uns demi-reptile, demi-mammifère, les autres demi-reptile, demi-oiseau.

L’emploi des explosifs était répandu à une époque reculée et atteignit plus tard une grande perfection. Les uns paraissent avoir été tels qu’ils faisaient explosion sous un choc, d’autres après un certain intervalle de temps ; mais, dans les deux cas, la destruction des êtres vivants devait résulter de l’émanation d’un gaz délétère, et non pas de la projection des balles.

Les explosifs étaient devenus si puissants aux derniers temps de l’Atlantide, que des groupes entiers de combattants furent, paraît-il, détruits dans les batailles par les gaz délétères produits par l’explosion, au-dessus de leurs têtes, d’une de ces bombes qu’on lançait à l’aide d’une sorte de levier.

Le système monétaire doit être examiné à son tour. Pendant les trois premières sous-races, l’idée d’une monnaie d’État était absolument inconnue. De petits morceaux de métal ou de cuir, indiquant une valeur quelconque, étaient à la vérité employés comme monnaie. Perforés au centre, ces morceaux attachés ensemble étaient généralement suspendus à la ceinture. Mais chacun, pour ainsi dire, fabriquait la monnaie dont il se servait et cette monnaie de métal ou de cuir ainsi formée et échangée contre une autre valeur convenue n’était pas autre chose qu’une sorte de reconnaissance de dette, ce qui est de nos jours un billet à ordre. Nul n’était autorisé à fabriquer plus de cette monnaie qu’il ne pouvait en représenter l’équivalent par les biens qu’il possédait.

Ces pièces de métal ou de cuir ne circulaient pas comme la monnaie circule ; le possesseur de ces pièces avait les moyens de connaître très exactement les ressources de son débiteur, grâce à la faculté de clairvoyance que tous possédaient alors à un certain degré. Dans les cas douteux, on se servait de cette capacité pour vérifier l’état des affaires.

Il faut constater cependant qu’aux derniers temps de Poseïdonis un système de monnaie semblable au nôtre fut adopté ; et l’image représentée généralement sur les monnaies de l’État était la triple montagne qu’on apercevait de la grande capitale située au sud.

Mais le système de la répartition de la propriété est le sujet le plus important de ce chapitre. Chez les Rmoahals et les Tlavatlis, qui vivaient exclusivement de pêche et de chasse, la question naturellement n’avait jamais existé ; bien que, à l’époque des Tlavatlis, un certain système de culture agricole ait été préconisé.

Ce fut à l’époque toltèque primitive que l’accroissement de la population et la civilisation naissante donnèrent à la terre une valeur qui en fit un objet de dispute. On ne se propose pas de tracer ici le système ou plutôt le manque de système qui domina dans ces temps reculés antérieurs à l’avènement de l’Âge d’Or. Mais les annales de cette époque offrent non seulement à ceux que préoccupent les questions d’économie politique, mais encore à tous ceux qui s’intéressent au progrès de la race, un sujet de profondes méditations.

La population, il faut le rappeler, allait toujours en augmentant, et, sous le règne des empereurs adeptes, elle atteignit le chiffre énorme indiqué plus haut ; malgré cela, la pauvreté et la misère étaient deux choses inconnues en ces temps-là ; et le bien-être social était dû en partie, sans aucun doute, au système de répartition de la propriété.

Non seulement toute la contrée et ses produits étaient considérés comme la propriété de l’empereur, mais tous les troupeaux et tout le bétail lui appartenaient aussi.

La contrée était divisée en différentes provinces, ou districts ; chaque province ayant à sa tête un roi secondaire ou vice-roi nommé par l’empereur. Chacun de ces vice-rois était responsable de l’administration et du bien-être des pays placés sous sa domination. La culture de la terre, les moissons, les pâturages destinés aux troupeaux, tout cela était soumis à sa surveillance aussi bien que la direction des expériences agricoles que nous avons mentionnées plus haut.

Chaque vice-roi était assisté d’un conseil d’agriculture comprenant les membres actifs et les sociétaires ; ces conseillers, dans leurs divers travaux, laissaient une grande place à l’astronomie qui, dans ce temps-là, n’était pas une science vaine. Les influences occultes qui agissaient sur la vie végétale et animale étaient étudiées alors et on savait utiliser ces connaissances. Le moyen de produire la pluie à volonté était de même connu, pendant que dans les contrées septentrionales du continent les effets redoutables des époques glacées étaient en partie neutralisés par la science occulte. Les moments favorables à chacune des opérations agricoles étaient naturellement calculés exactement et le travail était effectué par les employés officiels astreints à surveiller tous les détails.

Les produits obtenus dans chaque district ou royaume étaient généralement consommés sur place, mais un échange de denrées agricoles était quelquefois décidé par les gouvernants.

Après que l’on en avait mis de côté une petite part destinée à l’empereur et au gouvernement central de la « Ville aux Portes d’Or », les récoltes du district ou du royaume étaient divisées entre les habitants. Le vice-roi de la localité et sa suite en recevaient, naturellement, la plus grande part, mais en même temps le dernier des laboureurs en recevait assez pour que son bien-être fût assuré. Toute augmentation dans la capacité productive de la terre ou dans les richesses minérales qu’elle offrait était partagée proportionnellement parmi tous ceux qui l’occupaient, c’est pourquoi tous étaient intéressés à rendre le résultat de leur travail aussi avantageux que possible.

Ce système fonctionna admirablement pendant une assez longue période. Mais, avec le temps, la négligence et la cupidité se firent jour. Ceux qui devaient surveiller les travaux abandonnèrent toute la responsabilité à leurs inférieurs, et peu à peu les chefs négligèrent de s’intéresser aux opérations et de les diriger. Ce fut le commencement des mauvais jours.

Les membres des classes dirigeantes, qui, tout d’abord, avaient donné leur temps aux devoirs de l’État, commencèrent à songer à leur propre plaisir et le sentiment du luxe s’imposa. Une cause particulière de grand mécontentement surgit parmi les classes inférieures.

Le système d’après lequel la jeunesse de la nation était distribuée dans les écoles techniques a déjà été mentionné. Le devoir de choisir les enfants de manière que chacun d’eux reçût une éducation en harmonie avec ses tendances naturelles était toujours confié aux classes supérieures chez lesquelles les facultés psychiques étaient très développées. Mais, lorsque ces hommes, possédant la clairvoyance qui seule permettait une semblable sélection, confièrent leurs devoirs à des inférieurs dépourvus de ces facultés psychiques, il arriva que les enfants furent dirigés dans de mauvaises voies ; et ceux-là, dont les capacités et les goûts avaient telle ou telle tendance, se trouvèrent souvent attachés pour la vie à une occupation qu’ils n’aimaient pas et dans laquelle ils ne réussissaient pas.

Après la chute de la grande dynastie toltèque, les systèmes de distribution de la propriété qui prévalurent dans les différentes parties de l’empire furent nombreux et très variés. Il est inutile de les examiner.

Aux derniers jours de Poseïdonis, ces systèmes avaient généralement été remplacés par le système de propriété individuelle, que nous connaissons si bien.

On a déjà mentionné, dans le chapitre sur les « Émigrations », le système de distribution de la propriété qui domina durant la période glorieuse de l’histoire péruvienne, à l’époque où les Incas avaient le pouvoir, il y a environ quatorze mille ans.

Un rapide exposé de ce système est nécessaire pour en faire comprendre l’origine ainsi que les altérations et les modifications que subit cette organisation quelque peu compliquée.

La terre appartenait dans le principe à l’Inca, mais il en était donné une moitié aux cultivateurs, qui formaient, naturellement, la grande masse de la population ; l’autre moitié était partagée entre l’Inca et le clergé, qui célébrait le culte du Soleil.

Avec le produit des terres qui lui étaient allouées, l’Inca devait soutenir l’armée, entretenir les routes du royaume et subvenir à tous les frais du gouvernement. Celui-ci avait à sa tête une classe dirigeante spéciale touchant de près ou de loin à l’Inca lui-même, et représentant une civilisation et un développement supérieurs à celui de la grande masse de la population.

La quatrième partie, que l’on appelait « les terres du Soleil », était destinée normalement aux prêtres chargés de diriger les cultes publics dans tout l’empire, mais aussi à l’éducation du peuple dans les écoles et les collèges ; à l’entretien des malades et des infirmes, et enfin à entretenir tout habitant ayant atteint l’âge de quarante-cinq ans (à l’exception des classes dirigeantes exemptes du travail) ; car, à cet âge, les personnes dispensées du travail fatigant pouvaient commencer à jouir de leurs loisirs.

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