Catriona

MÉMOIRES
SUR LES NOUVELLES AVENTURES DE
DAVID BALFOUR
DANS SON PAYS ET À L’ÉTRANGER

Dans lesquelles sont relatés ses mésaventures concernant le meurtre d’Appin, ses ennuis avec le Procureur Général Grant ; sa captivité sur le Bass Rock, son voyage en Hollande et en France, et ses singulières relations avec James More Drummond ou MacGregor, un fils du célèbre Rob Roy, et sa fille Catriona. Écrites par lui et maintenant publiées par

Robert Louis Stevenson

Dédicace
À CHARLES BAXTER, AVOUÉ

Mon Cher Charles,

C’est le destin des suites d’histoires de décevoir ceux qui les ont attendues ; et mon David, que nous avons laissé à se morfondre pendant plus d’un lustre dans le bureau de la British Linen Company, doit s’attendre à ce que sa réapparition tardive soit accueillie par des coups de sirène sinon par des projectiles. Cependant, quand je me rappelle l’époque de nos explorations, je ne suis pas sans un certain espoir. Il devrait être resté dans notre ville natale quelque descendance de l’élu ; une certaine jeunesse aux longues jambes et à la tête chaude doit répéter aujourd’hui nos rêves et nos vagabondages qui datent d’un si grand nombre d’années ; il goûtera le plaisir, qui aurait dû être le nôtre, de refaire, parmi des rues dont on donne le nom et les maisons portant un numéro, les promenades de David Balfour, d’identifier Dean, et Silvermills, et Broughton, et Hope Park, et Pilrig, et le pauvre vieux Lochend – s’il est toujours debout, et les Genêts de Figgate – s’il en reste ; ou de pousser (à l’occasion d’un long congé) jusqu’à Gillane ou le Bass. Ainsi, peut-être, son œil sera-t-il ouvert pour apercevoir la série des générations, et il estimera avec surprise ce que son don de la vie peut avoir à la fois de capital et de futile.

Vous êtes toujours – comme la première fois que je vous ai vu, comme la dernière fois que je me suis adressé à vous – dans cette vénérable cité que je dois toujours considérer comme mon domicile. Et je suis venu si loin ; et les spectacles et les pensées de ma jeunesse me poursuivent ; et je vois comme dans une vision la jeunesse de mon père, et de son père, et tout le flot de vies qui s’écoule là-bas, loin vers le nord, dans un bruit de rires et de sanglots, pour me lancer à la fin, comme par une crue subite, sur ces îles lointaines. Et j’admire le romanesque de la destinée, devant lequel je m’incline.

Vailima Upolu, Samoa, 1892.

R. L. S.

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