Deux jours de brouillard et pas une voile en vue. J’avais espéré qu’une fois dans la Manche nous pourrions recevoir du secours… Comme il nous est impossible de manœuvrer les voiles (je n’ose pas les faire amener, de crainte que l’on n’arrive plus à les déployer) nous devons courir vent arrière. On dirait que nous sommes chassés, vers un terrible destin. Le second est maintenant plus découragé qu’aucun des deux matelots. Il est dur de tempérament, mais on dirait que toute son énergie s’est retournée contre lui-même et le ronge de l’intérieur. Les deux hommes, eux, ne songent même plus à avoir peur ; ils continuent simplement à travailler avec patience, s’attendant au pire. Ils sont Russes, le second est Roumain.