1er octobre, 5 heures du matin

C’est l’esprit tranquille que je sortis avec les autres pour aller à Carfax, car je n’avais jamais vu Mina si forte, si sûre de soi. Qu’elle fût mêlée à toute cette affaire, avait été pour moi un véritable cauchemar ; mais maintenant qu’elle consent à nous laisser agir seuls, je suis quelque peu rassuré ; d’ailleurs, je l’espère, elle-même a maintenant le sentiment d’avoir fait ce qu’elle avait à faire ; si tous les moindres détails qui peuvent nous êtres utiles sont rassemblés, n’est-ce pas grâce à sa volonté, à son intelligence de la situation ? Nous étions tous, je crois, assez impressionnés par notre visite à Mr Renfield. En sortant de sa chambre, aucun de nous ne prononça un seul mot avant d’avoir regagné le bureau de Seward. Mais alors Mr Morris s’adressa au docteur :

– Ma foi, John, à moins que cet homme n’ait bluffé, c’est bien le fou le plus raisonnable que j’aie jamais vu ! Je n’en jurerais pas, mais il me semble pourtant qu’il a en tête quelque dessein des plus sérieux, et, dans ce cas, il a du mérite à n’avoir pas tenté de se sauver !

Lord Godalming et moi ne fîmes aucune remarque, mais le Dr Van Helsing dit à son tour :

– Mon cher John, vous connaissez mieux que moi les phases étranges par lesquelles passent ces malades, et j’en suis vraiment heureux ; car, je le crains, si c’avait été à moi à prendre une décision, j’aurais libéré Renfield avant qu’il se soit montré dans cet état d’excitation extrême. Mais nous apprenons chaque jour, et, d’autre part, en ce qui nous concerne à présent, nous ne pouvons prendre aucun risque, comme dirait mon ami Quincey, tant notre entreprise est déjà scabreuse. Les choses sont bien telles qu’elles sont.

Le Dr Seward parut leur répondre à tous deux en même temps.

– Sans doute avez-vous raison. Si cet homme avait ressemblé à beaucoup d’autres de mes malades, je lui aurais montré, quitte à courir un grand risque, que j’avais confiance en lui. Mais son comportement semble dépendre à ce point des allées et venues du comte que, en lui passant ses caprices, j’aurais peur de commettre une lourde erreur. Et puis, un jour, devant moi, il a appelé le comte « son Seigneur et Maître » et je me dis que, peut-être, il veut aller l’aider dans un de ses desseins diaboliques. Ce monstre se fait obéir des loups et des rats, sans parler des créatures devenues semblables à lui : comment ne chercherait-il pas à asservir un pauvre fou digne de respect ? Oui, Renfield semblait parler très sérieusement, je le reconnais malgré ce que je sais de son cas. J’espère vraiment que nous avons fait ce qu’il y avait de mieux à faire. Mais tout ceci, venant au moment où nous entreprenons nos lugubres recherches, est propre à décourager un homme.

Le professeur s’approcha de lui et, lui mettant la main sur l’épaule, le rassura :

– Mon cher ami, n’ayez aucune crainte ! Nous nous efforçons, il est vrai, de faire notre devoir dans une affaire réellement effroyable, et nous ne pouvons agir que dans le sens qui nous paraît le meilleur ; mais il nous faut espérer en la miséricorde de Dieu.

Lord Godalming, qui était sorti de la pièce quelques instants auparavant, rentra en tenant à la main un petit sifflet d’argent.

– Il se peut, nous expliqua-t-il, que la maison soit remplie de rats. Voici pour les chasser.

Nous nous dirigeâmes donc vers la maison abandonnée, prenant soin de nous cacher sous les arbres de l’allée chaque fois que le clair de lune apparaissait entre deux nuages. Lorsque nous fûmes arrivés près de la porte, le professeur ouvrit son sac et en sortit toutes sortes d’objets qu’il posa sur le seuil en quatre petits tas séparés – chacun d’eux étant évidemment destiné à chacun de nous.

– Mes amis, dit-il, nous affrontons un grand danger et nous avons besoin d’armes de plusieurs genres. La menace que fait peser sur nous notre ennemi n’est pas seulement d’ordre spirituel. Souvenez-vous qu’il possède à lui seul une force comparable à celle de vingt hommes réunis. Et si un homme extraordinairement fort pouvait arriver à le tenir à sa merci, et à plus forte raison si plusieurs de ses adversaires, grâce à leur nombre, l’emportaient sur lui, jamais, en revanche, personne ne pourrait le blesser, alors qu’il peut, par ses blessures, nous faire le plus grand mal. Veillons donc à ce qu’il ne s’approche pas de nous. Placez ceci sur votre cœur – et il me tendit une petite croix d’argent, car je me trouvais à côté de lui -, passez-vous ces fleurs autour du cou – et il me donna une guirlande de fleurs d’ail séchées. Prenez aussi ce revolver et ce couteau : on ne sait jamais à quels autres ennemis on peut avoir affaire ; et, à tout hasard, cette petite lampe électrique que vous attacherez au revers de votre veston ; et surtout, par-dessus tout, ceci, que nous ne devrons pas profaner inutilement.

Il tenait un morceau de l’Hostie sainte, qu’il glissa dans une enveloppe avant de me la donner.

Chacun des autres reçut exactement les mêmes « armes ».

– Et maintenant, John, mon ami, reprit le professeur, où sont les crochets ? Si nous parvenons à ouvrir la porte, nous n’aurons pas à entrer par la fenêtre comme des voleurs, ainsi que nous l’avons fait l’autre jour chez Miss Lucy.

Le Dr Seward essaya un ou deux crochets de serrurier, fort aidé en cela par son habileté de médecin. Bientôt, il trouva celui qui convenait, et le verrou rouillé finit par céder. Nous poussâmes la porte qui grinça d’un peu partout mais qui s’ouvrit lentement. Chose assez curieuse, cela me fit aussitôt penser au récit du Dr Seward concernant son entrée et celle de ses compagnons dans le caveau de Miss Westenra. Ces derniers eurent sans doute la même idée car, tous, ils reculèrent. Le professeur, le premier, se décida à faire un pas en avant et à entrer dans la maison.

– In manus tuas, Domine ! s’écria-t-il en se signant comme il franchissait le seuil.

Nous prîmes la précaution de refermer la porte derrière nous ; nous craignions, en effet, que nos lampes, une fois allumées, l’un ou l’autre passant n’eût son attention attirée par cette insolite clarté. Le professeur examina la serrure afin de s’assurer de la possibilité d’ouvrir la porte de l’intérieur, au cas où nous devrions fuir en toute hâte. Enfin, chacun alluma sa lampe et nos recherches commencèrent.

La lumière des petites lampes faisait apparaître des objets aux formes bizarres, tandis que leurs rayons se croisaient ou se superposaient les uns aux autres ou que nos propres corps projetaient de grandes ombres. Il m’était impossible d’écarter le sentiment que nous n’étions pas seuls. Sans doute était-ce le souvenir des jours terribles que j’avais vécus en Transylvanie qui me dominait si impérieusement, à cause de ce lieu sinistre. Pourtant, je pense que nous éprouvions tous la même inquiétude, car je remarquai que mes compagnons, comme moi-même, se retournaient au moindre bruit, ou lorsqu’une ombre nouvelle se dessinait sur les murs.

Partout, la couche de poussière était épaisse. Sur le plancher, elle semblait haute de plusieurs pouces, excepté là où il y avait de récentes traces de pas ; en baissant ma lampe, je vis la marque de gros clous de semelles. Les murs aussi étaient couverts de poussière – on eût presque dit une sorte de duvet sale ; dans les coins pendaient d’énormes toiles d’araignées sur lesquelles la poussière, toujours la poussière, s’était amassée en sorte qu’elles ressemblaient à de vieux lambeaux d’étoffe déchirés, déchirés par le poids de toute cette crasse. Sur une table du corridor était posé un gros trousseau de clefs dont chacune portait une étiquette jaunie par le temps. On voyait qu’on s’en était servi à plusieurs reprises, car il y avait plusieurs petits sillons dans la couche de poussière qui recouvrait la table, semblables d’ailleurs à ceux qui apparurent lorsque le professeur prit le trousseau de clefs.

Il se tourna vers moi et me dit :

– Vous connaissez cette maison, Jonathan. Vous en possédez les plans – ou tout au moins une copie – que vous avez sans doute étudiés attentivement. Par où gagne-t-on la chapelle ?

Je croyais bien savoir où elle se trouvait, bien que, lors de ma première visite, je n’eusse pas pu y entrer. Je montrai donc le chemin à mes compagnons et, après avoir suivi quelques couloirs, nous arrivâmes devant une porte de chêne, basse et voûtée.

– Nous y sommes ! dit le professeur qui, à la lueur je sa lampe, examinait une copie du plan qui m’avait servi au moment de l’achat de la maison. Après avoir essayé quelques clefs du trousseau, nous trouvâmes celle qui convenait, et nous ouvrîmes la porte. Dès cet instant, nous nous attendîmes à quelque chose de très désagréable, car, par l’entrebâillement, s’exhalait un air malodorant, et aucun de nous ne pensait respirer à l’intérieur une odeur qui fût à tel point nauséabonde. Excepté moi, personne de notre petit groupe n’avait encore approché le comte, et, pour ma part, lorsque je l’avais vu, ou bien il était dans ses appartements et en période de jeûne, ou bien bouffi de sang frais dans un bâtiment en ruine, presque à ciel ouvert. Mais l’endroit où nous étions parvenus était étroit et entièrement fermé – fermé depuis combien de temps ? -et l’air en était vicié. On y sentait la terre, et l’on avait, de plus, la sensation que des miasmes s’en dégageaient. Quant à l’odeur même, comment expliquer ce qu’elle était réellement ? Non seulement il y entrait, semblait-il, tous les maux capables de donner la mort et l’âcreté du sang, mais on eût dit que la corruption elle-même s’était corrompue. Y penser me rend encore malade ! Chaque expiration du monstre semblait être restée attachée aux pierres de cette chapelle !

En d’autres circonstances, cela eût suffi à mettre fin à notre entreprise. Mais le but que nous nous étions proposé était d’une telle importance, d’une telle gravité que nous nous sentions mus par une force qui nous élevait au-dessus de toute considération d’ordre simplement physique. Après un mouvement de recul involontaire mais certes naturel, chacun de nous se mit au travail comme si ce lieu répugnant avait été un parterre de roses.

– Avant tout, dit le professeur, il faut voir combien il reste de caisses. Nous allons examiner tous les trous, tous les recoins, et chercher quelque indice qui puisse nous apprendre où l’on a emporté les autres.

Nous eûmes rapidement compté les caisses qui se trouvaient là, car, de fait, c’étaient des coffres énormes. Impossible de se tromper ! Des cinquante, il en restait seulement vingt-neuf ! À un moment donné, je tressaillis de peur, car, voyant Lord Godalming se retourner brusquement pour regarder par la porte restée entrouverte, ce qui se passait dans le couloir dont l’obscurité était complète, je regardai, moi aussi. Un instant, j’eus l’impression que mon cœur cessait de battre. Il m’avait semblé voir, se détachant dans l’ombre, les yeux flamboyants du comte, son nez aquilin, ses lèvres rouges, et la pâleur effrayante du reste de son visage. Rien qu’un instant, en vérité ; Lord Godalming murmura : « J’avais cru voir un visage, mais ce n’étaient que des ombres » et il reprit tout de suite ses recherches ; mais je dirigeai ma lampe vers la porte et retournai dans le couloir : je n’y vis absolument personne. Puisqu’il n’y avait là ni recoins, ni autres portes, ni ouverture d’aucune espèce, mais seulement les murs fort épais, je dus reconnaître qu’il n’existait pas de cachette – même pour lui. La peur m’avait rendu victime de mon imagination. Je ne dis rien à mes compagnons.

Quelques minutes plus tard, Morris, qui était en train d’examiner un coin de la chapelle, s’en éloigna brusquement. Tous, nous le suivîmes des yeux ; sans aucun doute, la nervosité nous gagnait ; nous aperçûmes une masse phosphorescente, qui scintillait comme des étoiles. D’instinct, nous reculâmes ; et, bientôt, la chapelle fut remplie de rats.

Nous restâmes, un moment, véritablement effrayés. Seul, Lord Godalming gardait son sang-froid et semblait s’être attendu à pareille chose. Se précipitant vers la lourde porte de chêne, il tourna la clef dans la serrure, fit glisser le verrou et ouvrit tout grands les battants. Puis, tirant de sa poche le petit sifflet d’argent, il siffla. À cet appel, les chiens qui se trouvaient derrière l’établissement du Dr Seward répondirent par des aboiements et, pas plus d’une minute plus tard, trois terriers tournèrent le coin de la maison. Inconsciemment, à nouveau, nous reculâmes, et c’est alors que je remarquai que la poussière, ici près de la porte, avait été foulée : les caisses qui manquaient, c’était donc par ici qu’on les avait emportées. Mais pendant la minute qui venait de s’écouler, d’autres rats étaient venus se joindre aux premiers, de sorte que nous avions devant nous un spectacle incroyable. Ils grouillaient dans toute la chapelle, si bien qu’à la lueur de nos lampes, éclairant leurs petits corps sombres en perpétuelle agitation et leurs vilains yeux brillants, l’intérieur de la chapelle ressemblait à une terrasse couverte de lucioles. Les chiens, se précipitant, allaient entrer, lorsque, sur le seuil, ils s’arrêtèrent soudain, grondèrent, puis, levant le museau tous en même temps, se mirent à hurler à la mort. Les rats arrivaient maintenant par milliers. Quant à nous, nous sortîmes, nous tenant près de la porte.

Lord Godalming prit l’un des chiens dans ses bras et l’introduisit dans la chapelle. À l’instant où ses pattes touchèrent le plancher, le terrier parut reprendre courage et donna la chasse à ses adversaires naturels. Ceux-ci s’enfuirent si vite qu’il eut à peine le temps d’en tuer une vingtaine, et que les deux autres chiens, entrés de la même manière, cherchèrent en vain leur proie – à part quelques rats qu’ils purent encore attraper.

Les rats disparus, nous eûmes l’impression qu’une présence maligne s’était retirée ; les chiens couraient Çà et là, la queue frétillante, et aboyaient, cette fois joyeusement, tandis qu’ils jouaient de façon assez cruelle avec les cadavres de leurs victimes. Et nous aussi, nous nous sentions animés comme d’un nouveau courage. Était-ce que l’atmosphère empoisonnée s’était trouvée quelque peu purifiée une fois la porte de la chapelle ouverte, ou était-ce nous qui éprouvions semblable soulagement maintenant que nous n’étions plus enfermés, je ne sais ; mais assurément la menace qui pesait sur nous sembla nous quitter tel un vêtement dont on se débarrasse, et notre présence en ce lieu perdit un peu de son caractère sinistre, sans que pour autant notre détermination faiblît le moins du monde. Nous refermâmes la porte, à clef, au verrou et à la chaîne, et notre fouille de la maison commença. Nous n’y vîmes vraiment rien de particulier, sinon, partout de la poussière en quantité extraordinaire, et cette couche de poussière, dans toutes les pièces, était intacte, si l’on excepte la trace qu’y avaient imprimée mes pas lors de ma première visite. À aucun moment, les chiens ne manifestèrent la moindre inquiétude et même, lorsque nous revînmes dans la chapelle, ils allèrent d’un côté et de l’autre, l’air aussi ravi que s’ils avaient chassé le lapin en plein bois par une belle journée d’été.

Le jour commençait à poindre lorsque nous regagnâmes la porte d’entrée. La clef de cette porte, le Dr Van Helsing l’avait détachée du trousseau ; il referma convenablement la porte derrière lui et mit la clef dans sa poche.

– Eh bien ! dit-il, nos recherches, cette nuit, se sont passées à merveille ! Nous n’avons pas dû faire face au danger que je redoutais, et cependant nous savons maintenant combien il manque de caisses. Mais ce dont je me réjouis le plus, c’est que ce premier pas – peut-être le plus difficile, le plus périlleux – nous l’avons accompli sans notre si chère madame Mina, alors que toutes ses heures de veille et de sommeil eussent désormais et à jamais été troublées si, comme nous, elle avait vu ce spectacle, entendu ces bruits, respiré ces odeurs ! De plus, ces recherches, si l’on peut toutefois conclure à partir d’un cas particulier, nous ont prouvé ceci : les affreuses bêtes qui sont aux ordres du comte n’obéissent pourtant pas à son pouvoir purement spirituel, car, voyez, ces rats qui arrivent en grand nombre dès qu’il les appelle – comme du haut de son château il appelait les loups quand vous vouliez partir, Jonathan -, ces rats se sont enfuis dans la plus grande confusion à la seule vue de chiens aussi petits que des terriers ! Nous ne sommes qu’au début de nos nouvelles épreuves, il est vrai ; ce monstre… ce n’est assurément pas la seule et dernière fois, cette nuit, qu’il a exercé son pouvoir sur le monde animal. Il n’a fait que disparaître momentanément ; au moins, nous a-t-il déjà donné l’occasion de crier « échec ! » dans cette terrible partie dont l’enjeu n’est rien moins que des âmes humaines. Et maintenant, rentrons. Il va faire jour, et nous pouvons être satisfaits de notre première nuit de travail.

Quand nous rentrâmes, on n’entendait rien dans l’établissement endormi, sinon les cris de quelque malheureux dans une salle au bout du couloir, et des gémissements venant de la chambre de Renfield. Sans doute le pauvre homme se torturait inutilement l’esprit, ce qui est fréquent chez ceux qui souffrent de troubles mentaux. Je suis entré dans notre chambre sur la pointe des pieds ; Mina dormait, respirant si lentement que je dus me pencher sur elle pour entendre son souffle. Elle est plus pâle que d’habitude. Pourvu que la réunion d’hier soir ne l’ait pas trop bouleversée ! Je suis si heureux de savoir qu’elle ne participera plus à nos recherches, ni même à nos délibérations ! À entendre certaines choses, elle pourrait s’effrayer ; et, pourtant, les lui cacher pourrait lui faire encore plus de mal si jamais elle nous soupçonne de vouloir lui taire ceci ou cela. À l’avenir, il faut donc qu’elle ne se doute nullement de nos diverses décisions, qu’elle ne sache absolument rien de notre travail – au moins jusqu’au moment où nous serons à même de lui annoncer que la terre est définitivement débarrassée d’un monstre redoutable. J’avoue qu’il me sera difficile de garder le silence, alors que nous avions l’habitude de nous confier entièrement l’un à l’autre ; mais je tiendrai bon et, quand elle se réveillera, je ne lui dirai rien de ce que nous avons vu cette nuit ; si elle me questionne à ce sujet, je refuserai de lui répondre. Je vais m’étendre sur le sofa, afin de ne pas la déranger dans son sommeil.

1 er octobre, plus tard

Sans doute était-il normal que nous dormions tous jusqu’à une heure avancée de la matinée, car la journée précédente avait été fort fatigante et, la nuit, nous n’avions pas eu un moment de repos. Mina elle-même devait se sentir éreintée car, malgré l’heure tardive, c’est moi qui, éveillé le premier, dus l’appeler deux ou trois fois avant qu’elle ne s’éveille à son tour. Elle était si profondément endormie que lorsqu’elle ouvrit les yeux elle resta quelque secondes sans me reconnaître : elle me regardait, l’air tout à la fois interdit et effrayé, comme quelqu’un qui sort d’un cauchemar. Comme elle se plaignait d’être fatiguée, je lui conseillai de rester encore un peu au lit…

Nous savons donc maintenant que vingt et une caisses ont disparu ; si on est venu chercher certaines d’entre elles, il sera assez facile de les retrouver. Évidemment, cela simplifierait de beaucoup notre travail, et plus tôt nous les aurons retrouvées, mieux ce sera. J’irai voir aujourd’hui Thomas Snelling.

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