Quand j’ai fait entendre à Mina le message enregistré de Van Helsing, la pauvre enfant s’est rassérénée. Rien que de savoir le comte hors du pays, l’a apaisée, et cette paix l’a rendue plus forte. En ce qui me concerne, depuis que ce danger horrible n’est plus actuel, j’ai peine à y croire encore. Même mes propres et terribles expériences dans le château de Dracula me paraissent un vieux rêve oublié. Ici, dans l’air vif de l’automne, au grand soleil…
Hélas ! Comment puis-je douter ? Tandis que je pense à tout ceci, mes yeux tombent sur la balafre écarlate qui abîme le front blanc de ma pauvre bien-aimée. Aussi longtemps qu’elle y sera, tout doute est impossible. Et, plus tard, son seul souvenir nous convaincra de n’avoir point rêvé. Mina et moi, nous redoutons si fort l’oisiveté que nous revenons sans cesse à nos journaux. Quoique la terrible réalité semble croître à chaque fois, la souffrance et la peur semblent en quelque sorte diminuer. Une sorte de fil conducteur se manifeste à présent, qui nous réconforte. Mina dit que peut-être nous servons d’instruments pour une œuvre qui, finalement, sera bienfaisante. Qu’il en soit ainsi ! Je veux essayer de penser comme elle. Jusqu’ici, nous n’avons jamais parlé ensemble de l’avenir. Mieux vaut attendre d’avoir vu le professeur et les autres au retour de leurs investigations. La journée s’écoule plus rapidement que je n’aurais pensé que ce fût encore possible pour moi. Il est trois heures.