Je ne puis m’empêcher de me sentir fort excitée maintenant qu’approche l’heure de la visite du Dr Van Helsing, car je ne sais trop pourquoi, j’espère que cela jettera pour moi quelque lumière sur la triste épreuve qu’a subie Jonathan. D’autre part, comme ce médecin a soigné Lucy dans les derniers temps de sa maladie, il me dira sans doute tout ce qu’il sait à ce sujet ; du reste, c’est bien de Lucy et de ses accès de somnambulisme qu’il désire me parler, et non de Jonathan. Il faut que je m’y résigne : je ne saurai jamais la vérité sur ce voyage… Mais que je suis stupide ! Voilà que le journal de Jonathan s’empare de mon imagination et l’influence au point que je ne peux plus dissocier ce récit du moindre incident de mon existence. Évidemment, c’est de Lucy qu’il vient me parler ! Elle avait eu ces nouvelles crises de somnambulisme, et cette escapade sur la falaise – quel souvenir affreux ! – a dû la rendre bien malade. De fait, tout occupée de mes propres soucis, j’avais oublié qu’elle nous donnait alors beaucoup d’inquiétude ! Sans doute a-t-elle raconté elle-même au Dr Van Helsing son aventure sur la falaise, et lui a-t-elle dit que c’est moi qui étais allée l’y rechercher. Et maintenant, assurément, il désire en apprendre de moi tous les détails afin de compléter sa documentation. J’espère que j’ai eu raison de ne pas parler de cette terrible nuit à Mrs Westenra ; je ne me pardonnerais jamais si, à cause de cela, l’état de Lucy avait empiré. Et j’espère aussi que le Dr Van Helsing ne m’en voudra pas ; j’ai eu, ces derniers temps, tant de chagrin et d’inquiétude que je sens qu’il me serait impossible d’en supporter davantage ! Sans doute les larmes font-elles du bien parfois ; sans doute rafraîchissent-elles l’atmosphère comme le fait la pluie… Est-ce la lecture de ce journal, hier, qui m’a émue à ce point ? Et puis Jonathan m’a quittée ce matin pour ne rentrer que demain : c’est la première fois, depuis notre mariage, que nous serons séparés aussi longtemps. J’espère qu’il sera prudent, que rien ne viendra le troubler... Deux heures viennent de sonner, le docteur sera bientôt ici. Je ne lui parlerai pas du journal de Jonathan, à moins qu’il ne désire le voir. Quant à mon propre journal, je suis bien aise de l’avoir recopié à la machine : je pourrai le lui donner à lire s’il veut connaître les détails au sujet de Lucy ; cela nous évitera, à lui des questions pénibles, à moi des explications plus pénibles encore !
Un peu plus tard
Il est venu et reparti. Quel entretien !… La tête me tourne encore ! J’ai l’impression d’avoir rêvé. Se peut-il que tout cela soit possible – ou même seulement une partie de tout cela ? Si je ne venais pas de lire le journal de Jonathan, jamais je n’aurais cru un mot de cette histoire ! Pauvre, pauvre Jonathan ! Il a dû souffrir, je m’en rends compte maintenant, au-delà de toute expression. Dieu veuille que ce que je viens d’apprendre ne soit pas pour lui un nouveau calvaire : j’essayerai de lui taire les révélations que m’a faites le Dr Van Helsing. D’autre part, ne serait-ce pas pour lui une consolation, une aide en quelque sorte – même si les conséquences devaient en être difficiles – d’avoir enfin la certitude que ni ses yeux, ni ses oreilles, ni son imagination ne l’ont trompé, que tout peut s’être réellement passé comme il le croit ? Il se peut que ce soit le doute qui lui fasse tant de mal ; que, le doute une fois dissipé, et la vérité prouvée, peu importe par quels moyens, il se sente rassuré, et soit plus capable de supporter ce choc. Le Dr Van Helsing doit être un homme très bon, autant qu’un médecin remarquable puisqu’il est l’ami d’Arthur et du Dr Seward, et que ceux-ci l’ont fait venir de Hollande pour soigner Lucy. Du reste, rien qu’à le voir, j’ai compris sa généreuse nature. Quand il reviendra demain, sûrement, je lui parlerai de Jonathan et de sa terrible expérience ; et plaise à Dieu que toutes nos angoisses nous mènent finalement – mais après combien de temps encore ? – à la tranquillité d’esprit. J’ai toujours pensé que le métier de journaliste me plairait. Un ami de Jonathan qui est à l’Exeter News disait un jour que, dans cette profession, l’essentiel était la mémoire, que l’on devait être capable de reproduire exactement chaque mot dit par la personne que l’on interviewait, même si, par la suite, il fallait remanier quelque peu ces propos. Or, mon entretien avec le Dr Van Helsing n’avait certes rien de banal, aussi vais-je essayer de le rapporter mot pour mot.
Il était deux heures et demie quand j’entendis le heurtoir de la porte d’entrée. J’eus le courage d’attendre. Quelques minutes se passèrent, et Mary vint annoncer le Dr Van Helsing.
Je me levai et m’inclinai tandis qu’il avançait vers moi. C’est un homme de taille moyenne, assez fort, et tout chez lui, aussi bien le corps même que le port de la tête, le visage, l’expression des traits, annonce une parfaite assurance. Le front est haut, s’élevant d’abord presque tout droit, puis fuyant entre deux protubérances assez distantes l’une de l’autre ; un front tel que les cheveux roux ne puissent pas retomber dessus ; ils sont naturellement rejetés en arrière et sur les côtés. Les yeux sont grands, bleu foncé, eux aussi assez écartés l’un de l’autre ; ils sont vifs, pénétrants ou se font tendres ou sévères selon qu’ils expriment tel ou tel sentiment qui anime le professeur.
– Mrs Harker, je crois ?
Je répondis d’un signe de tête.
– Qui était auparavant Miss Mina Murray… Même geste de ma part.
– C’est Mina Murray que je viens voir, l’amie de cette pauvre enfant, notre chère Lucy Westenra. Oui, madame Mina, c’est au sujet de la morte que je désire vous parler.
– Monsieur, lui répondis-je, vous ne pouvez pas avoir de titre meilleur, pour vous adresser à moi, que celui d’un ami qui a soigné et assisté Lucy Westenra dans ses derniers moments.
Et je lui tendis la main ; il la prit en répondant sur un ton très doux :
– Oh ! madame Mina, je savais que l’amie de cette pure enfant ne pouvait qu’avoir un cœur très généreux, mais il me faut encore… enfin je voudrais savoir…
Il s’interrompit, en s’inclinant courtoisement. Comme je le priais de poursuivre, il reprit aussitôt :
– Eh bien ! j’ai lu les lettres que vous avez écrites à Miss Lucy. Pardonnez-moi, mais il fallait bien que je commence par interroger quelqu’un, et je ne savais pas à qui m’adresser. Je sais donc que vous étiez avec Miss Lucy et sa mère à Whitby. De temps en temps, elle tenait un journal – non, n’ayez pas l’air surprise, madame Mina : elle avait commencé à écrire ce journal après votre départ et, me semble-t-il, voulait ainsi suivre votre exemple. On y trouve des allusions à une promenade qu’elle aurait faite pendant un de ses accès de somnambulisme et au fait que vous l’auriez sauvée en cette occasion. C’est très perplexe, vous le comprenez, que je viens à vous, dans l’espoir que vous aurez la bonté de me donner tous les détails dont vous vous souvenez à ce sujet.
– Je pense, docteur Van Helsing, que je serai à même de vous raconter exactement toute cette aventure.
– Tout, dites-vous ? Tous les détails ?… Mais alors, madame Mina, vous devez avoir une mémoire extraordinaire ! Cela se rencontre rarement chez les jeunes femmes.
– À dire vrai, docteur, j’ai noté au fur et à mesure les événements quotidiens dont j’étais témoin. Je peux vous montrer mes notes… mon journal… si vous le désirez.
– Oh ! madame Mina, je vous en saurais gré ! Vous me rendriez là un service immense !
Pourquoi me fut-il impossible de résister à la tentation de le mystifier un moment ? Je suppose que nous, les femmes, avons encore dans la bouche le goût de la pomme originelle.
Toujours est-il que je lui tendis d’abord mon journal sténographié. Il le prit en s’inclinant encore très courtoisement, et me demanda :
– Je puis le lire ?
– Certainement, répondis-je, aussi posément que je pus. Il ouvrit le cahier, y jeta les yeux, puis se leva et s’inclina une fois de plus.
– Oh ! vous êtes une femme étonnante ! s’écria-t-il. J’ai compris depuis longtemps que monsieur Jonathan vous admirait : vraiment, il y a de quoi ! Voudrez-vous encore me faire l’honneur, madame Mina, de m’aider, de me lire ceci, car, hélas ! je ne connais pas la sténographie !
Je jugeai que ma petite plaisanterie avait assez duré ; j’avoue que j’en étais presque honteuse. Je lui présentai la copie dactylographiée.
– Pardonnez-moi… fïs-je. Je savais que c’était de notre chère Lucy que vous veniez me parler, et, me disant que, peut-être, vous n’auriez pas beaucoup de temps à rester ici, j’avais, à votre intention, recopié ces notes à la machine à écrire.
Les yeux brillants, il prit mes feuilles.
– Vous êtes si bonne, madame Mina ! Mais puis-je les lire maintenant, sans attendre ? Peut-être, quand je les aurai lues, aurai-je à vous poser certaines questions.
– Assurément ! Lisez-les pendant que je vais voir si l’on prépare le lunch. Vous pourrez ainsi me questionner pendant le repas.
Il me remercia et s’installa dans un fauteuil, tournant le dos à la lumière. Tout de suite, je devinai qu’il était absorbé dans sa lecture, et si, en effet, j’allai à l’office, ce fut avant tout pour ne pas le distraire. Lorsque je rentrai au salon, il marchait de long en large, à grands pas, et les joues en feu. Il se précipita vers moi et me prit les deux mains :
– Oh ! madame Mina ! Comment vous dire tout ce que je vous dois ? Ce journal est lumineux comme le soleil ! Il m’ouvre une porte… Je suis ébloui, véritablement ébloui par tant de lumière, et pourtant des nuages se forment encore à chaque instant derrière cette lumière… Mais vous ne comprenez pas ce que je veux dire… vous ne pouvez pas comprendre… Sachez seulement que je vous dois beaucoup, à vous qui êtes une femme si intelligente ! Madame, continua-t-il sur un ton très grave, si jamais Abraham Van Helsing peut faire quelque chose pour vous ou pour les vôtres, j’espère que vous vous confierez à lui. J’aimerai alors, je voudrai vous aider comme un ami ; comme un ami, mais en ajoutant à l’amitié sincère, inébranlable, que j’ai désormais pour vous, tout ce que m’a appris une longue expérience ; oui, je ferai tout ce dont je suis capable pour vous venir en aide, à vous et à ceux que vous aimez. Il y a beaucoup d’obscurité dans la vie, mais il y a aussi des lumières ; vous êtes une de ces lumières. Vous serez heureuse, vous serez comblée, et votre mari trouvera en vous le bonheur.
– Mais, docteur, vous m’adressez trop d’éloges… et sans me connaître !
– Sans vous connaître, moi ?… Moi qui suis vieux et qui ai passé toute mon existence à observer, à étudier les hommes et les femmes – à étudier tout spécialement le cerveau humain, tout ce qui s’y rapporte, tout ce qui peut procéder de ce cerveau ? Moi qui viens de lire votre journal dont chaque ligne respire la vérité ! Moi qui ai lu la lettre que vous écriviez à la pauvre Lucy immédiatement après votre mariage, moi, je ne vous connaîtrais pas ! Oh ! madame Mina, les femmes généreuses n’ont pas à se servir de mots pour raconter l’histoire de leur vie, et cette vie, tous les jours, à chaque heure, à chaque minute, les anges savent la lire ; nous les hommes, dont le désir le plus vif est d’observer pour pouvoir comprendre, nos yeux ressemblent un peu à ceux des anges. Votre mari est d’un naturel généreux ; vous aussi, car vous avez confiance dans la vie, et pour croire en la vie, il faut être bon… Mais votre mari ? Parlez-moi de lui, maintenant. Va-t-il tout à fait bien ? Cette fièvre qu’il a eue, en est-il tout à fait remis ?
Je vis que c’était le moment, en effet, de lui préciser certaines choses concernant la santé de Jonathan, de lui demander ce qu’il en pensait. Je commençai par répondre :
– Il était presque rétabli, mais la mort de Mr Hawkins a été pour lui un coup très dur…
Le docteur m’interrompit :
– Oh ! oui, je sais… Je sais… J’ai lu vos deux dernières lettres…
– Enfin, je suppose, repris-je, que c’est cette mort qui l’a bouleversé… Le fait est que, lorsque nous étions à Londres jeudi dernier, il a reçu comme un nouveau choc.
– Un nouveau choc ? Peu de temps après une fièvre cérébrale… Ah ! Cela est fâcheux… Quel genre d’émotion ?
– Il a cru voir quelqu’un qui lui rappelait une chose terrible, cette chose même qui a provoqué sa fièvre cérébrale.
Et moi-même, à mon tour, je crus soudain que je n’en supporterais pas davantage : la pitié que j’éprouvais pour Jonathan, les horreurs qu’il avait vécues, l’épouvantable mystère que l’on devinait en lisant son journal, et la crainte qui n’avait cessé de grandir en moi depuis que j’avais fait cette lecture – tout cela me déchira véritablement le cœur et sans doute perdis-je la tête un moment, car je me jetai à genoux et levai les mains vers le docteur en le suppliant de guérir mon mari. Il me prit les mains, m’obligea à me relever, me fit asseoir sur le sofa où il s’assit près de moi. Tenant toujours ma main dans la sienne, il me dit alors, oh ! avec quelle bonté dans la voix :
– J’ai toujours vécu fort seul ; c’est parce que mon existence, justement, a été remplie par le travail, que je n’ai pour ainsi dire pas eu le temps de me consacrer à mes amis. Mais depuis le jour, pas très lointain, où mon cher John Seward m’a appelé ici, j’ai appris à connaître tant de personnes au grand cœur, dévouées et généreuses que, maintenant plus que jamais, je ressens ma solitude – et pourtant elle n’avait fait que croître au cours des années. Croyez donc que c’est plein de respect pour vous que j’ai frappé à votre porte, car vos lettres à la pauvre Miss Lucy m’avaient déjà fait espérer non pas que j’allais découvrir ce que je cherchais – non, pas cela – mais qu’il existait encore des femmes capables de donner un sens à la vie, peut-être même de la rendre heureuse, des femmes dont l’existence tout entière servirait d’exemple aux enfants qui devraient naître. Je suis vraiment heureux d’être ici et de pouvoir faire quelque chose pour vous ; car si votre mari souffre, il me semble que je pourrai porter remède à sa souffrance. Je vous promets de m’y appliquer de mon mieux afin que votre vie à tous deux soit éclairée par le bonheur. Maintenant, il vous faut manger, la fatigue vous a épuisée, et l’inquiétude aussi. Votre mari n’aimerait pas vous voir si pâle ; et ce qu’il n’aime pas chez celle qu’il aime ne peut assurément pas lui faire de bien. C’est donc en pensant à lui, à sa guérison complète que vous devez manger de bon appétit et sourire fréquemment. Maintenant que vous m’avez dit tout ce que vous savez concernant Lucy, nous ne parlerons plus aujourd’hui de cette pauvre enfant ni de ses souffrances ; cela ne servirait à rien, sinon à nous replonger dans la tristesse. Seulement, je vais passer la nuit ici, à Exeter, car il faut encore que je réfléchisse à ce que vous venez de m’apprendre, puis, si vous me le permettez, je vous poserai à nouveau quelques questions. Pour l’instant, vous allez essayer de m’expliquer de quoi se plaint Jonathan… non, non, pas tout de suite… vous devez d’abord bien manger, tranquillement, tranquillement… Après, vous m’expliquerez…
Le lunch terminé, nous retournâmes au salon et, sans attendre, il me dit :
– Parlez maintenant, je vous écoute !
Au moment d’expliquer ce que je savais à cet éminent savant, je craignis qu’il ne me prît pour une idiote et Jonathan pour un fou car, vraiment, son journal contient des choses si bizarres ! Aussi, voyant que j’hésitais, il m’encouragea gentiment, me promit de m’aider si je trouvais la chose, à certains moments, trop difficile.
– Trop difficile ! Oh ! c’est bien cela, docteur Van Helsing ! Tout paraît si étrange dans cette histoire… incompréhensible… Ne riez pas de moi ni de mon mari, je vous prie ! Depuis hier, je ne sais plus ce qu’il faut croire. Soyez bon, ne me traitez pas de folle quand vous saurez quelles choses insolites ont pu me paraître réelles !
Non seulement sa réponse mais le ton même sur lequel il me répondit, me rassurèrent.
– Ma chère enfant, si vous saviez à quel point est insolite l’affaire pour laquelle on m’a appelé ici, c’est vous qui vous moqueriez ! J’ai appris à ne jamais négliger ce qu’un homme ou une femme peut croire, même si ce qu’il ou ce qu’elle croit me paraît d’abord invraisemblable. J’ai toujours et avant tout essayé de garder l’esprit ouvert ; et ce ne sont pas les petits événements ordinaires de la vie, ceux auxquels nous sommes habitués, qui pourraient me le faire ouvrir davantage encore, mais bien les choses étranges, bizarres, extraordinaires, celles qui nous font plutôt douter de notre lucidité.
– Oh ! merci, merci, merci mille fois ! Vous me soulagez d’un grand poids. Si vous le permettez, je vais vous donner quelque chose à lire, quelque chose d’assez long, mais je l’ai recopié à la machine ; cela vous aidera à comprendre mes angoisses et celles de Jonathan. C’est la copie du journal qu’il a écrit pendant son séjour en Transylvanie ; je préfère ne rien vous en dire : vous jugerez vous-même. Et alors, quand nous nous reverrons, peut-être aurez-vous la bonté de me dire ce que vous en pensez réellement.
– Je vous le promets, fit-il comme je lui tendais les feuillets. Et, avec votre permission, demain matin, aussitôt que cela me sera possible, je viendrai vous rendre visite, à vous et à votre mari.
– Jonathan sera ici à 11 h 30. Venez déjeuner avec nous. Vous pourrez prendre l’express de 3 h 34 et serez à Paddington avant huit heures.
Il parut étonné que je connusse si bien l’horaire des trains ; il ne savait pas, naturellement, que je l’avais étudié afin de faciliter les choses à Jonathan au cas où il devrait précipitamment partir en voyage.
Le Dr Van Helsing prit donc les feuillets qu’il emporta. Demeurée seule, je me mis à penser… à penser… et je pense encore… à je ne sais quoi.