Je n’ai pas écrit une seule ligne depuis deux jours ; je n’en avais pas le courage… Oui, tout semble concourir à me décourager. Je n’ai aucune nouvelle de Jonathan, et Lucy me paraît de plus en plus faible. Je n’y comprends rien. Elle mange bien, passe de bonnes nuits, ainsi que de longues journées au grand air. Cependant, elle devient de plus en plus pâle et, la nuit, je l’entends qui respire avec difficulté. Je ne m’endors plus jamais sans avoir attaché la clef de notre porte à mon poignet. Lucy se relève souvent, marche dans la chambre ou s’assied sur l’appui, la fenêtre ouverte ; la nuit dernière, je l’ai trouvée qui se penchait au-dehors et c’est en vain que j’ai tenté de l’éveiller : elle était évanouie. Quand enfin j’ai pu la ranimer, elle était d’une faiblesse extrême et pleurait tout bas entre les efforts très longs et très pénibles qu’elle faisait pour respirer. Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle était allée à la fenêtre, elle a hoché la tête, puis s’est détournée. J’espère que ses malaises ne proviennent pas de cette piqûre d’épingle. Je viens, pendant qu’elle dort, d’examiner sa gorge ; les deux petites blessures ne sont pas encore guéries ; les plaies sont encore ouvertes, et même plus larges, me semble-t-il ; les bords en sont d’un rose presque blanc. Si cela ne va pas mieux d’ici un jour ou deux, je demanderai que l’on appelle un médecin.