9 septembre

J’étais fort fatigué lorsque j’arrivai à Hillingham. Je n’avais plus fermé l’œil depuis deux nuits et je commençais à éprouver cet engourdissement qui est le signe de l’épuisement des forces cérébrales. Je trouvai Lucy levée et de fort bonne humeur.

En me serrant la main, elle me regarda dans les yeux, et me dit :

– Il n’est pas question que vous veilliez cette nuit. Je suis tout à fait bien, je vous assure ! Et s’il y a quelqu’un qui doit veiller, c’est moi qui vous veillerai !

Je ne voulus pas la contrarier. Nous prîmes ensemble le repas du soir et, égayé par sa charmante présence, je passai une heure délicieuse. Je bus deux verres d’un excellent porto. Puis Lucy monta avec moi, me montra une chambre voisine de la sienne et dans laquelle brûlait un bon feu.

– Voilà, dit-elle, vous vous reposerez ici. Je laisserai nos deux portes ouvertes. Vous vous étendrez sur le sofa… Je sais que, pour un empire, aucun médecin ne se mettrait au lit quand il y a un malade à l’horizon Soyez certain que, si j’ai besoin de l’un ou l’autre chose, je vous appellerai aussitôt.

Je ne pouvais que lui obéir, car, en vérité, je me sentais réellement « à bout » et, l’eussé-je même voulu, je crois qu’il m’aurait été impossible de veiller. Aussi, après lui avoir fait promettre à nouveau qu’elle m’éveillerait si elle avait besoin de quoi que ce fût, je m’étendis sur le sofa, et m’endormis bientôt profondément.

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