Chapitre VII. Le braconnier

La lune pure et sereine inondait l’étang d’une lumière argentée ; bientôt sur cette zone resplendissante la métayère vit se dessiner la noire silhouette d’une forme humaine, tantôt marchant debout, tantôt courbée, se glissant et s’avançant à travers les roseaux dans la direction de la ferme.

Au bout de quelques instants, Bête-Puante sortit des joncs parmi lesquels il avait rampé, et gravit la chaussée où la métayère l’attendait toute tremblante.

– Martin est-il venu ? – demanda le braconnier.

La métayère, au lieu de répondre, joignit les mains et s’écria :

– Hélas ! mon Dieu !… c’est vous, Monsieur Bête-Puante, je vous croyais renfoncé dans les grands bois ; vous ne savez-donc pas que M. Beaucadet et ses gendarmes…

– Martin est-il venu ? – reprit le braconnier avec impatience, en interrompant la métayère.

– Non… Monsieur Bête-Puante, – répondit celle-ci, – pas encore.

Puis la métayère ajouta avec une hésitation craintive :

– Je n’ose pas vous demander d’entrer chez nous… Monsieur Bête-Puante, vous n’aimez guère à mettre le pied dans les maisons.

– Et le bonhomme ? – demanda le braconnier sans répondre à l’offre qu’on lui faisait.

– Hélas ! mon Dieu, – reprit tristement la métayère, – mon pauvre mari est de plus en plus faible… Depuis le jour où les gendarmes sont venus pour arrêter Bruyère, et où elle s’est noyée, le cher homme ne s’en est pas relevé, tant ça lui a fait une révolution… Nous l’aimions tant ! cette pauvre petite.

– Elle est morte… bien morte ; n’y pensons plus, – se hâta de dire le braconnier, d’une voix sourde.

– Et quand on pense qu’on n’a pas pu seulement retrouver son pauvre petit corps.

– Non, non, on ne pouvait pas le retrouver, – répondit le braconnier, – il y a des gouffres à tourbillon dans l’étang ; son corps y aura été entraîné.

Puis, comme s’il eût voulu rompre cet entretien, le braconnier ajouta :

– Ainsi, le bonhomme ne va pas mieux ?

– Que voulez-vous ? Monsieur Bête-Puante ; la mort de cette pauvre petite, la vente qu’on va faire chez nous… tout ça désespère mon mari… nous ne savons pas ce que nous deviendrons.

Et la pauvre femme essuya ses larmes, qu’elle avait eu le courage de contenir devant maître Chervin.

– Oui, on vend ici, parce que vous ne pouvez pas payer votre fermage… C’est justice, – dit le braconnier avec un sourire amer, – vous allez mourir de misère dans quelque coin, après quarante ans de travaux de probité… c’est justice !…

– Hélas, oui ; c’est bien vrai que M. le comte est dans son droit envers nous…

– S’il est dans son droit ! je le crois bien… le prix de votre fermage vous écrase… La tanière où l’on vous a parqués est si malsaine, que vous y avez contracté des fièvres incurables… l’âge, le malheur, les infirmités vous ont énervés… allons… dehors, canailles, dehors, on vendra jusqu’à votre chemise ; heureusement votre peau vous tient au corps, sans cela l’homme du roi vous la prendrait… Mais que faire ? votre seigneur et maître est dans son droit…

– Hélas, oui !

– On ne saurait lui en vouloir, au comte Duriveau !

– Hélas, non !

– Hélas oui, hélas non ! – s’écria le braconnier avec un éclat de rire sardonique. – Voilà ce qu’ils répondent ; on les écorche à vif, que voulez-vous ? M. le boucher est dans son droit ;… la preuve, c’est qu’il nous arrache la peau…

– Comme vous dites cela, Monsieur Bête-Puante ?

– C’est que le comte est un si digne homme, et son fils un si charmant jouvenceau ! Je les aime beaucoup, voyez-vous ? mais assez là-dessus. Il ne faut pas que le bonhomme Chervin se laisse abattre et s’alite ; il faut qu’il se lève, qu’il marche, qu’il prenne courage… la vente n’est pas faite, et d’aujourd’hui à demain… il y a loin.

– Comment voulez-vous que le bonhomme prenne des forces et qu’il se lève, Monsieur Bête-Puante ? il ne peut rien manger, le caillé le répugne.

– C’est étonnant, – reprit Bête-Puante toujours sardonique, – car depuis soixante ans il ne mange que cela avec du blé noir, arrosé d’eau de puits…

– C’est pas que le cher homme soit délicat, Monsieur Bête-Puante, mais…

– Tais-toi, pauvre brebis, – dit le braconnier, avec un singulier mélange de farouche ironie et d’attendrissement, – tu me rendrais cruel envers les loups.

Puis le braconnier, plongeant sa main dans une des poches profondes de sa casaque, en tira un coq faisan magnifique, ayant encore au cou le collet de fil de laiton dans lequel il s’était pris.

– Voilà un coq de deux ans ; tu le mettras bouillir dans ton coquemar pendant trois ou quatre heures, avec une pincée de sel et un bouquet de thym des bois ; ce sera pour le bonhomme le meilleur bouillon que puisse boire un malade, et il retrouvera des jambes.

– Hélas ! mon Dieu ! vous braconnez donc encore, Monsieur Bête-Puante, – s’écria la métayère avec effroi, en tenant machinalement par le cou le faisan que le braconnier lui avait mis dans la main, – et les gardes ?… et les gendarmes ? Ils ont juré de vous détruire, Monsieur Bête-Puante, s’ils vous attrapaient. Prenez garde ! !

– Et quand il aura bu ce bouillon de faisan, sain et léger, – continua le braconnier, sans faire la moindre attention à l’effroi de la métayère, – il ira mieux ; s’il est malade, c’est aussi de besoin.

– Mais, Monsieur Bête-Puante, ce faisan… c’est à M. le comte… ça vient de ses bois, c’est son gibier… c’est mal à nous de…

– Rassure-toi ; c’est aussi un peu le gibier du bon Dieu, qui l’a créé pour tout le monde… D’ailleurs, ton seigneur et maître en a plus qu’il n’en peut manger de gibier ; ses valets y répugnent, et les valets de ses valets aussi… et ses chiens aussi…

– Mais, Monsieur Bête-Puante…

– Puisque je te dis que les chiens n’en veulent plus… prends donc ! – s’écria le braconnier, puis il ajouta : – avec ce bouillon là, le bonhomme mangera une de ces tanches que tu feras griller sur des charbons… c’est à la fois léger, nourrissant et savoureux.

Ce disant, le braconnier tira de dessous sa casaque deux superbes tanches, rondes, grasses et longues d’un pied ; un jonc, passé dans les ouïes, les attachait toutes deux, de sorte que le braconnier n’eut qu’à les placer, si cela se peut dire, à cheval sur le poignet de la métayère, où elles restèrent, se balançant à côté du faisan que la bonne femme tenait toujours machinalement par le cou.

– Sainte Vierge ! – s’écria-t-elle, – vous avez donc encore été tendre vos fondrais dans les étangs, malgré les gendarmes et tout ?

À ce moment, grâce à son oreille fine et exercée, le braconnier entendit au loin, derrière la métairie, un bruit de pas seulement perceptible pour lui qui avait les sens subtiles d’un sauvage.

– C’est sans doute Martin, laisse-nous.

Ce disant le braconnier poussa doucement dans la maison la métayère qui tenait toujours à la main le faisan et les deux tanches, puis il resta seul, non loin des ruines du fournil.

Pendant quelque temps Bête-Puante marcha d’un air sombre, pensif, tantôt prêtant une oreille inquiète aux pas de Martin, qui se rapprochaient de plus en plus, tantôt jetant un regard perçant sur l’autre berge de l’étang où l’on entendait depuis quelques instants seulement le bruit lointain et toujours croissant d’une forte chute d’eau.

Bientôt Martin parut au milieu des ruines du fournil ; apercevant le braconnier qui venait à sa rencontre, il courut à lui, et, le serrant dans ses bras, il lui dit d’une voix douloureusement émue :

– Pardon… Claude… pardon…

– Pourquoi pardon, mon enfant ? – demanda le braconnier, avec l’accent d’une affection toute paternelle.

– Hélas ! Claude, il y a trois jours, lorsque, pénétrant dans le parc et vous glissant jusqu’auprès du château… pour tâcher de me voir… et de m’apprendre…

Martin s’interrompit un instant, tressaillit, et reprit d’une voix altérée :

– De m’apprendre ce cruel événement que votre lettre du lendemain…

Martin s’interrompit encore ; il ne put achever… Ses larmes le suffoquaient.

– Du courage… mon enfant… – lui dit le braconnier, – du courage… Quant à l’événement de l’autre soir… n’y pensons plus… Tu m’as vu me dresser menaçant… au moment où Duriveau étalait cyniquement à ses convives d’exécrables principes… tu as craint pour les jours de cet homme… tu t’es élancé sur moi… l’arme que je portais est partie par hasard… de là tout le tumulte…

– Vous êtes indulgent, Claude ; mais je me reprocherai d’avoir pu, dans ma folle épouvante, vous croire capable d’un meurtre… vous… vous, Claude !

– Je jure Dieu, qui nous entend, mon enfant, – dit le braconnier d’une voix solennelle, – qu’emporté par une indignation légitime, je voulais seulement, à la face des convives de Duriveau, lui donner un dernier et redoutable avertissement, et lui crier : Repens-toi, repens-toi, il en est temps encore… et…

– Avez-vous besoin de me jurer cela ? – s’écria Martin, en interrompant le braconnier, – vous Claude, meurtrier, vous…

– Un jour viendra où je serai à la fois juge et vengeur… – dit le braconnier d’une voix sourde, – j’userai d’un droit terrible… mais meurtrier… jamais.

– Je le sais, Claude, – répondit Martin profondément ému ; – oh ! il a fallu, je vous le répète, que je fusse frappé de vertige pour concevoir de telles craintes ; mais la violence des paroles du comte, les justes motifs de votre haine contre lui…

– Tout-à-l’heure, nous parlerons du comte, – dit le braconnier d’une voix brève, – ta mère ?

– Je n’ai pu la voir encore, – répondit Martin avec un abattement douloureux ; – j’ai craint pour elle une impression trop vive. La personne chez qui elle a été transportée avant-hier, m’a fait savoir ce matin que l’état de ma pauvre mère n’avait pas du moins empiré.

Le braconnier soupira profondément et baissa la tête. Martin, non moins accablé que lui, ne s’aperçut pas qu’une larme tombait des yeux de son compagnon et se perdait dans sa barbe grise.

Surmontant son émotion, Martin reprit après quelques moments de silence :

– Et Bruyère ? ma pauvre sœur ?

– Je te l’ai écrit, elle ne court aucun danger… elle est seulement toujours bien faible… Demain… tu pourras la voir.

– Pauvre enfant, – dit amèrement Martin, – je n’ai appris son existence qu’en apprenant aussi… les malheurs qui l’avaient flétrie si vite… et si tôt… Mais vous ne m’abusez pas, Claude ? demain je la verrai ? Elle ne court plus aucun danger ?

– Non,… sa jeunesse a pu résister à tant de coups… à tant d’émotions… Sa santé est bonne, te dis-je, aussi vrai que j’ai retiré cette pauvre petite de cet étang maudit.

– Oui… Claude,… brave Claude… encore une dette… envers vous ! Encore et toujours ! Je vous trouve sur mon chemin comme un génie tutélaire, – dit Martin avec attendrissement en tendant ses deux mains au braconnier qui les serra fortement entre les siennes ; – mais, dans votre lettre, écrite à la hâte, vous n’avez pu me dire comment vous aviez pu arracher ma sœur à une mort presque certaine ?

– Caché dans le bois, j’avais assisté à cette horrible scène… de la découverte de l’enfant, – reprit le braconnier. – Entendant le gendarme déclarer qu’il se rendait à la métairie pour arrêter Bruyère, j’ai espéré le devancer. Je connaissais des sentiers plus courts que la route ordinaire ; une fois auprès de la métairie, je comptais, en poussant un cri, bien connu de ta sœur, l’attirer dehors et la prévenir ; malheureusement, les gendarmes sont venus si vite, que Bruyère n’a pas entendu mon signal. Arrivant trop tard, et voulant me cacher, je me suis tapi au milieu des roseaux de ce profond fossé que tu vois là… qui n’est séparé de l’étang que par cette herse… Dieu m’inspirait…

– Et alors…

– À la clarté de la lune, je vis la malheureuse enfant se précipiter dans l’étang… Soudain je compris que je pouvais la sauver ; je baissai rapidement la herse… auprès de laquelle ta sœur était tombée. L’eau se déversant dans ce fossé, un courant s’établit aussitôt, et il m’amena la malheureuse enfant qui se débattait contre la mort ; d’une main, je la saisis par ses vêtements ; de l’autre, je relevai la herse ; le trop plein s’arrêta, l’eau du fossé où j’étais alors, et qui me montait à la ceinture, s’écoula. Portant alors ta sœur entre mes bras comme un enfant, j’ai continué de marcher dans ce fossé jusqu’à ce que j’ai pu en sortir sans danger d’être vu ;… puis, à travers bois, j’ai gagné un de mes repaires… et tu sais le reste…

– Et, pendant ce temps-là, on cherchait en vain le corps de l’infortunée que leur accusation infâme avait poussée au suicide… – dit Martin, ne pouvant retenir ses larmes.

– Les misérables !… infanticide !… elle !… – s’écria le braconnier ; – elle, pauvre petite, qui, cédant à un irrésistible sentiment de honte et de terreur, était parvenue à dissimuler la naissance de son enfant : elle qui, par un prodige de courage, venait deux fois chaque jour l’allaiter dans mon repaire situé à plus d’une lieue de la métairie ; mais, voyant, malgré ses soins, malgré les miens, l’innocente créature dépérir dans cet antre humide et sans air, la fatale idée m’est venue de porter l’enfant à Vierzon, où il existait autrefois un tour. À cette proposition, il faut renoncer, vois-tu ? à te peindre l’affreux désespoir de cette jeune mère de seize ans, ses sanglots, ses cris déchirants ; enfin le salut de son fils la décida… Je partis ; elle m’accompagna presque tout un jour, tour-à-tour allaitant son enfant, le couvrant de larmes, de baisers… Lorsqu’il fallut s’en séparer… je crus qu’elle n’en aurait jamais le courage… pourtant elle se résigna… Je n’avais pas fait vingt pas qu’elle accourait à moi. « Encore une fois, la dernière, » disait-elle, suffoquée par les sanglots, et c’étaient de nouveaux baisers, de nouvelles plaintes… Elle tombait brisée sur le chemin… Je repartais… et bientôt j’entendais des pas précipités derrière moi… c’était elle. « Encore une fois, bon Claude,… la dernière, bien sûr… oh ! la dernière ! » Et moi qui ne pleure plus, je pleurais aussi… Enfin elle m’a quitté pour revenir à la métairie, afin de ne donner aucun soupçon. J’arrivai à Vierzon… le tour était à tout jamais supprimé par économie… Vivant au milieu des bois, moi, j’ignorais cet honnête calcul.

– Par économie ? – dit Martin en regardant le braconnier comme s’il n’eût pas bien compris ses paroles.

– Oui, par économie, – reprit Bête-Puante avec un éclat de rire farouche ; – mais non… que dis-je ?… s’ils ont supprimé ce dernier refuge ouvert par un vrai prêtre chrétien à la misère, à la honte, au repentir des filles séduites… s’ils l’ont fermé, ce refuge, c’est par logique… ils savaient bien, ces hommes, que c’était vouer à une mort certaine le plus grand nombre des enfants qui eussent trouvé des soins maternels dans cet humble asile. Mais pour ces créatures, vouées en naissant à une misère fatale, à quoi bon vivre ? auront dit ces prudents calculateurs… – N’y a-t-il pas déjà trop de peuple ? Trop de convives ne se pressent-ils pas déjà au banquet de la vie ? ainsi que l’affirmait l’autre soir Duriveau en citant les exécrables maximes de ses évangélistes à lui… Eh bien ! fermons les tours, se seront dit ces infanticides, ce sera toujours du populaire de moins, et le fils de ta sœur a été de moins.

– Ah ! Claude… c’est affreux ! – dit Martin en cachant son visage dans ses mains, – pitié… pitié.

– Tu as raison… pas d’ironie : de la haine ! – s’écria le braconnier, – oui, honte et exécration sur ce monde, où la venue d’une créature de Dieu n’est pas bénie comme un don divin et accueillie avec autant de reconnaissance que de sollicitude… oui, anathème sur ce monde où celui qui naît pauvre et abandonné, est regardé comme une charge funeste, dangereuse pour la société, parce qu’il a forcément pour avenir presque certain la misère, l’ignorance, le malheur et souvent le crime… Anathème sur ce monde qui m’ôte presque le droit de m’affliger de la mort du fils de ta sœur… tant est affreuse la condition qui attend ses pareils ! Et pourtant… – reprit le braconnier, en cédant à un attendrissement involontaire, – si tu savais ce que c’est que de voir peu-à-peu pâlir, s’éteindre et expirer sous ses yeux une pauvre innocente créature… Non… vois-tu ? je ne puis te dire les déchirements de mon cœur pendant cette nuit, où, après avoir en vain frappé à l’asile où je comptais déposer l’enfant de ta sœur, je tâchai en vain de le ramener. Hélas ! quoique bien accablé déjà par la maladie et par la fatigue du voyage, il aurait vécu s’il eût trouvé, en arrivant, les soins empressés que réclamait sa faiblesse… mains non… Rien… rien… à cette heure avancée de la nuit… nuit pluvieuse et froide… pas une maison n’était ouverte… je sentais les membres du pauvre enfant se raidir… se glacer ; en vain je les réchauffai de mon haleine ; il tressaillit convulsivement… puis il fit entendre un petit vagissement doux et plaintif ; il sourit comme s’il souriait aux anges, et… il est mort.

Après un moment de silence que Martin n’eut pas la force d’interrompre, le braconnier reprit d’une voix plus assurée :

– Je me fis un pieux devoir de rapporter à ta sœur… son enfant… Pour une mère c’est quelque chose encore que de pouvoir prier et pleurer sur le tombeau de son fils… je regagnai donc mon repaire avec ce triste fardeau. Le jour de mon retour de Vierzon un hasard funeste a fait découvrir ma retraite, je n’avais pu prévenir Bruyère ; elle apprit en même temps et la mort de son fils et l’accusation d’infanticide qui pesait sur elle… c’était trop… elle a voulu mourir…

– Tu sais maintenant les souffrances de la victime, – reprit le braconnier, – demain tu sauras l’indigne cruauté du bourreau, tu sauras à quelle violente et infâme surprise ta sœur a succombé… un jour… un seul jour… toujours chaste… quoique souillée… Ce terrible récit… que la honte et la crainte ont toujours retenu sur ses lèvres, et qu’elle n’a fait qu’à moi, presque mourante de confusion… ta sœur… te le fera… à toi… son vengeur naturel… car l’heure a sonné…

– Quelle heure a sonné, Claude ?

– L’heure d’un grand exemple… – répondit le braconnier d’une voix solennelle.

Soudain, Martin s’écria :

– Claude, n’entendez-vous pas le galop de plusieurs chevaux ?

– Depuis un quart-d’heure, je l’entends… car mon oreille est plus exercée que la tienne…

– Mais qu’est-ce que cela ? – demanda Martin avec inquiétude.

– Ce sont les gendarmes qui me cherchent ; – répondit froidement Claude. – Ils viennent ici… pour m’arrêter.

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