Je me retournais dans mon lit, n'arrivant pas à dormir.
« Que le diable emporte toutes ces sottises de tables tournantes !… Cela n'est bon qu'à vous détraquer les nerfs ! » me disais-je…
Peu à peu, le sommeil finit par me gagner…
Tout à coup, je crus entendre, dans ma chambre, un son faible et plaintif comme une corde que l'on pince.
Je soulevai la tête. La lune était basse dans le ciel, et me regardait, droit dans les yeux. Sa lumière dessinait sur le parquet une raie blanche, tracée à la craie… Et de nouveau je perçus l'étrange bruit.
Je me dressai sur le coude. Une légère appréhension me faisait tressaillir. Quelques minutes passèrent. Un coq chanta au loin ; un autre lui répondit.
Je reposai ma tête sur l'oreiller.
« Voilà où cela nous mène… À présent, j'ai des bourdonnements d'oreilles ! »
Je me rendormis presque immédiatement et fis un rêve singulier. J'étais couché dans mon lit et ne dormais pas, ne pouvant pas même fermer l'œil… Derechef, le son se fit entendre… Je me retournai… Le rayon de lune se soulevait doucement, se redressait, s'arrondissait par le haut… Une femme blanche, immobile et transparente comme la brume, se tenait devant moi.
« Qui es-tu ? » demandai-je avec effort.
Une voix semblable au chuchotis des feuilles :
« C'est moi… moi… moi…, je viens te chercher.
— Me chercher ?… Qui es-tu donc ?
— Viens, la nuit, au coin de la forêt, sous le vieux chêne… J'y serai. »
Je voulus discerner les traits de la femme mystérieuse, mais un tremblement involontaire me parcourut tout entier et une bouffée d'air glacé me frappa au visage. Je n'étais plus couché, mais assis sur mon séant, et, à l'endroit où j'avais cru apercevoir la vision, il n'y avait plus qu'une longue raie de lumière blanche, projetée par la lune.