15 Legrand

Je suis tombé sur Legrand !

Au collège, Legrand était d’une classe au-dessous de la mienne et nous ne nous rencontrions que dans la cour ; mais il m’avait remarqué à cause de mon air embêté, éternellement embêté.

J’avais remarqué, moi, qu’il était grand comme un officier : qu’il avait tout autant – sinon plus que moi – le mépris le plus parfait et le plus convaincu pour les versions, les thèmes, les vers latins, le grec, la philosophie.

Oh mais ! un mépris !…

Il n’apprenait jamais une leçon, ne faisait jamais un devoir, il opposait à toute question sur ce sujet, point l’injure, point le mensonge ; il opposait le sommeil et l’ahurissement…

Pendant sept ans, quand on lui demandait ses leçons ou qu’on s’étonnait qu’il ne fit jamais un devoir, Legrand répondit en se frottant les yeux et en ayant l’air d’être pris au saut du lit.

Lorsqu’on insistait, quand les pensums venaient, et que le professeur voulait absolument avoir une explication… alors on assistait à un spectacle vraiment lamentable… celui de Legrand se levant et regardant du côté de la chaire, d’un œil terne, la bouche ouverte, comme s’il se passait là quelque chose de curieux et qu’il aurait bien voulu comprendre, mais il ne jetait que des sons inarticulés : pas moyen d’en tirer autre chose !

Il n’avait pas l’air de se moquer, ni d’être méchant ! – Non ! Il voulait bien rendre service, s’il le pouvait, mais il indiquait par des gestes sans suite qu’il n’était pas à la conversation et qu’il vaudrait mieux qu’il fût dans un hospice de sourds ou d’innocents, plutôt que de faire ses études.

Il était parvenu à les faire tout de même de cette façon ; mis à la porte de la classe, mais point du collège.

On avait pitié de lui.

« Sortez ! allez-vous-en ! »

Il ne bougeait pas ; ou bien, si on le mettait dehors par les épaules, il allait s’asseoir tranquillement dans la cour entre les colonnes : souvent en hiver, il entrait où il y avait du feu, – chez le concierge, qui ne pouvait pas le renvoyer ; car Legrand faisait paquet, et devenait trop lourd.

Il allait aussi dans la classe de spéciales ou d’élémentaires, où il n’y avait jamais que sept ou huit élèves qui travaillaient en famille avec le professeur ; on laissait Legrand se mettre comme un vieux près du poêle.

J’avais conçu une grande admiration pour lui.

Cette patience, tant de simplicité ! – Se frotter les yeux ou faire heuh ! heuh ! et de cette façon, éviter le grec et le latin ! Que n’avais-je eu cette idée-là ! J’aurais passé pour un idiot ; mais je ne trouvais pas grand avantage à passer pour avoir beaucoup de moyens.

On ne me saluait pas dans la rue pour mes moyens, et je recevais mes raclées tout pareil quand j’étais petit.

« Mais comment ça t’est-il venu ? lui demandai-je un jour, avec le respect qu’on a pour l’inventeur et la curiosité qui se mêle à l’étude d’une découverte nouvelle.

– Je m’en vais te le conter. Je connais Janet qui joue les ganaches au théâtre. J’ai voulu être acteur et faire les ganaches aussi… Voilà comment l’idée m’est venue. Je n’ai même pas fait exprès au commencement, je t’assure.

– Ah ! tu voulais être acteur ! »

J’aurais dû m’en douter. Il avait toujours des gilets à revers, des vestes en velours, des pantalons à carreaux ; il marchait, dès qu’il n’était plus forcé d’avoir l’air ahuri – il marchait comme j’ai vu marcher au théâtre ; il secouait ses cheveux en arrière.

IL AVAIT UNE CANNE.

C’était le seul probablement dans tous les collèges de France ! Il avait une canne pour laquelle il payait deux sous de location par semaine : pour deux sous on la lui gardait chez le savetier en face pendant les classes.

Il m’a mené chez lui.

Il a bien la plus drôle de famille qu’on puisse voir – et je comprends qu’il ait le goût du théâtre.

La maison est une comédie.

On n’entend que des cris, des gémissements et des appels à la Divinité. On boit là-dedans trente tasses de café par jour, ce qui met tout le monde dans un état d’exaltation impossible à décrire.

Sa mère et sa sœur – deux créatures excellentes – le dévouement et la vertu même – croient au Bon Dieu d’une façon bruyante. Elles l’appellent à chaque instant en faisant bouillir l’eau, en portant le marc, en remplissant les demi-tasses ! On me confond quelquefois avec la bonne. Je m’y laisse moi-même prendre de temps en temps ! « Monsieur Jacques encore une goutte ! – Oh ! versez-nous ! – Je ne comprends pas bien qu’on me demande une demi-tasse avec des larmes dans la voix et en crevant la plafond avec ses yeux ! – Versez-nous la consolation !

– Comme en Normandie alors ? – Je vais chercher l’eau-de-vie ! Mais c’est du Bon Dieu qu’il s’agit, et elles repoussent la topette avec un geste religieux !

– Donnez-nous du sucre ? – Je ne m’y laisse plus prendre. C’est bon une fois. – Monsieur Jacques, vous ne voulez donc pas nous donner du sucre ? – C’est bien du sucre qu’elles veulent.

– Bénissez-nous, bénissez-nous. – Je vous en prie, bénissez-nous. » Est-ce à moi, est-ce à Lui ?

Ils demeurent sur la cour et on ne voit pas très clair. Elles ont l’air positivement de se tourner vers moi pour que je les bénisse. Faut-il faire le geste de les bénir ? Comment bénit-on ? « Il est moins fort que l’autre fois ! » C’est du café qu’elles parlent !

Chaque fois que la bonne rentre des courses, c’est comme si la Nonne sanglante apparaissait – chaque fois que quelqu’un frappe, c’est comme s’il arrivait un revenant… Tout ce café qu’on boit a donné aux nerfs de toute la maison une sensibilité extrême ; un coup de sonnette, le chant de coq, le miaou des chats, une armoire qui craque, un hanneton qui bat la vitre, un rien, fait partir un cri vers le ciel, – le ciel qu’on voit très peu, pas assez ! c’est décidément trop sombre sur le derrière, des gens si religieux devraient rester sur le devant – pas à un entresol – ou tout à fait en haut, avec une tabatière. Quand elles disent : « Nous en appelons à toi, Dieu qui vois tout ! » pour croire qu’il les voit là-dedans, il faut lui supposer une bonne vue.

Le père croit peut-être en Dieu, mais il cause moins souvent avec lui, et il n’est pas toujours à le tirer par la manche pour lui parler.

Sa spécialité est de donner le moins possible pour l’entretien de la maison. Il prétend que le café soutient énormément et il est chien pour la viande. Il prétend encore que Dieu ne regarde pas à l’habit et il est vraiment rat pour les vêtements.

Mais, au fond, il a aussi bon cœur que la mère et la fille et je vis près d’eux comme dans une nouvelle famille.

Je suis arrivé tout de même à deviner quand c’est à moi ou au ciel qu’on s’adresse. Je ne crois plus qu’il est arrivé un malheur quand on me demande l’heure sur le ton d’une douleur profonde et avec des déchirements dans la voix ! Je sais qu’un moment après on va me dire : « Je crois que Pinaud l’épicier met de la chicorée ! » ou bien : « Si nous achetions un melon pour ce soir ! » Cela sera dit sur le ton d’un missionnaire qui prie Dieu de le faire manger par les sauvages bien vite pour aller plus vite au paradis.

Mais on a tout de même un bon melon et l’on a très bien balancé Pinaud parce qu’il continuait à mettre de la chicorée.

Nous nous entendons bien avec Legrand. Il est tant soit peu catholique, mais il n’en est pas moins une belle plante d’homme, libre et forte, qui ne repousse pas la chicorée sceptique qui pousse près de lui, dans ma personne.

Nous nous disputons, c’est clair – il y a des malentendus, c’est sûr – mais nous sentons bien, tous deux, que nous avons du ridicule à venger et que nous avons besoin de nous détendre plus que d’autres, tant nous avons été étouffés : lui, entre les feuillets d’un paroissien ; moi, entre le dictionnaire latin-français de mon père et l’éducation paysanne de ma mère !

Aussi, comme nous nous en donnons ! Ma foi, ma douleur pesante et laide, ma douleur qui sentait le canal aux épluchures et la rue aux pauvres ; qui sentait aussi la pommade des femmes à matelots et l’eau-de-vie des bouges ; ma douleur d’hier s’est changée en une fièvre qui n’a plus la sueur si sale et si noire !

Nous cherchons querelle dans les cafés. C’est notre occupation, à monélève et à moi – car Legrand est mon élève. C’est en qualité de camarade que je suis entré dans l’entresol de la famille, et que j’ai pris la première demi-tasse ; c’est en qualité de préparateur au baccalauréat que je suis resté.

Je suis censé préparer Legrand au baccalauréat !

Je fais bien ce que je peux – lui aussi ! Il voudrait se débarrasser de cela, ramasser ce diplôme ! Et j’essaie de lui faire entrer cette bachellerie dans la tête, puisque je me connais mieux en bachellerie que lui, – moi nourri dans le sérail, fils de professeur, âne chargé des reliques des distributions !…

Je paie donc ainsi mon café, ma part de melon. Mon père et ma mère n’ont rien dit, parce que je ne fais pas baisser les prix des répétitions en buvant du café et en mangeant du melon.

Café Molière.

Nous allons au Café Molière.

Un café célèbre, le café de la jeunesse dorée. Là se trouvent toutes les têtes brûlées de la ville. Des garçons qui mangent leur fortune.

Je ne savais pas qu’il y eût cette race de gens dans ce pays.

Je n’aurais pas eu des évanouissements de courage et d’espoir si profonds, si j’avais connu ce monde inquiet et fiévreux – bourreaux d’argent, creveurs de chevaux, entreteneurs de filles, crânement batailleurs et duellistes.

Je ne puis pas vivre toujours dans ce milieu – je n’ai pas de fortune à manger – mais ce voisinage me va !

Il y a ici la comédie de la misère frottée de blanc d’argent, avec des impures dans le fond, et les émotions du tapis vert, la nuit.

Il en est, parmi ces rieurs, quelques-uns dont le père s’est fait sauter la cervelle le lendemain de sa ruine ou à la veille de son déshonneur ! Il en est qui vont être ruinés ou déshonorés pour leur compte, avant d’avoir eu – comme leur père – la vertu de la lutte : déshonorés avec des cheveux blonds et une rose à la boutonnière…

Mais je me suis senti à l’aise tout de suite dans ce café, avec ces gens. Ils n’auraient pas l’idée de se moquer d’un paletot mal fait – ils ne s’amuseraient pas de si peu.

Ces viveurs méprisent la pauvreté, point les pauvres : je le sens. Ils sont tous les soirs trop près de l’abîme… ils savent trop combien la ruine arrive vite… combien les créanciers deviennent facilement insolents !… Aussi mon habit ne me gêne pas. C’est la première fois peut-être.

On ne laisse pas traîner un soufflet sur la joue au café Molière.

J’ai vu des cimes d’herbes se gommer de rouge, l’autre matin.

C’était le frère d’un de nos anciens condisciples qui se battait ; nous avions été prévenus du combat. Nous pouvions tout voir, abrités derrière un bouquet d’arbres.

Il m’est venu des idées folles par la tête. J’aurais voulu être le témoin du blessé, prendre l’épée tombée de ses mains.

J’ai honte de vivre comme un crapaud dans une mare ; je voudrais sortir de mon silence et de mon obscurité – par besoin d’action ou par orgueil, je ne sais pas !…

Legrand est comme moi – pis encore…

C’est un homme de théâtre.

Je crois sur ma parole qu’il préférerait être blessé, pour avoir un plus beau rôle, une plus belle scène, pour tâter la place qu’a fouillée l’épée, et tourner sa tête sur son cou comme cela se fait dans les beaux moments des mélodrames.

Il le voudrait, il en crève d’envie, j’en suis sûr !

Je suis plus lâche…

Je ne comprends pas pourtant qu’on ait peur d’un duel.

Est-ce parce que je trouverais là l’occasion d’être l’égal d’un riche, et même de faire saigner ce riche, de le faire saigner dur, si le fer entrait bien ?…

Est-ce parce que je me figure qu’on ne peut pas me tuer ? Je me sens trop de force ! Mourir, allons donc ! J’ai encore à faire avant de mourir !

En me tâtant, j’ai vu que j’avais autant que ces viveurs ce qu’ils appellent le courage du gentilhomme. Je ne manquerais pas de toupet sur le terrain.

Ah ! je crois bien ! Il y a eu deux ou trois occasions de se montrer. Nous nous sommes jetés dessus, Legrand et moi.

Nous sommes arrivés, gourmands de la querelle, avides d’empoigner l’occasion. Il me semble que cela me grandirait de tenir cette belle lame d’acier, que cela m’apaiserait aussi de tuer un homme, un de ceux qui trouvent niais les gens qui ont un drapeau.

Nous serions certainement arrivés à un duel avec n’importe qui, si un jour le père Legrand n’avait dit à son fils :

« Tu tiens à aller à Paris ? – Eh bien, vas-y ! Je t’y ferai cent francs par mois. »

Legrand voulait m’emmener.

J’en ai parlé à mon père, qui a repris son masque de glace, son geste menaçant – les gendarmes sont au bout. Je ne suis pas majeur encore !

J’ai souhaité bonne chance à Legrand, en lui donnant des lettres pour les camarades, et de la fenêtre de notre maison triste j’ai suivi le panache de fumée qui flottait au-dessus du paquebot ; j’ai regardé du côté de Paris, pâle, irrité. – Pourquoi me retient-on ici ?

Loi infâme qui met le fils sous le talon du père jusqu’à vingt-et-un ans !

UNE OUBLIÉE

Mais la physionomie de la maison change tout à coup…

Mon père me parle presque avec bonté depuis quelque temps.

La barrière de glace qui séparait Vingtras senior et Vingtras junior est trouée, et désormais la vie est moins pénible ; toujours aussi bête, mais point si gênée et si cruelle.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

J’ai oublié qu’il y avait au pays jadis une créature qui m’aimait, qui fut la protectrice de ma vie d’enfance… qui depuis notre départ ne nous a donné de ses nouvelles que deux fois – deux fois seulement – mais qui n’a pas cessé de penser à moi. Bonne mademoiselle Balandreau !

On a appris, je ne sais comment, à la maison, qu’elle est depuis longtemps souffrante et paralysée, ne pouvant écrire, mais qu’elle parle de Jacques et qu’elle a fait venir le notaire pour lui annoncer qu’elle voulait – quand elle mourrait – laisser au petit Vingtras ce qu’elle avait.

Mon oncle m’avait parlé aussi autrefois de me faire son héritier. Est-ce que les douleurs des enfants les font aimer des vieillards ?

Toujours est-il qu’on connaît à la maison – sans m’en rien dire – la maladie et le vœu de mademoiselle Balandreau, et voilà pourquoi on me ménage maintenant.

Un jour ma mère m’appelle.

« Jacques, ton père a à causer avec toi. »

Elle dit cela d’une voix grave et me conduit jusqu’au salon dont les volets sont baissés. Une lettre encadrée de noir est sur la table, mon père me la montre et dit :

« Tu te rappelles mademoiselle Balandreau ? »

Oh ! J’ai compris… et les larmes me sortent des yeux.

« Morte… Elle est morte ?…

– Oui : mais elle te fait son héritier. »

Mes larmes coulent aussi fort. – Je regarde à travers ces larmes dans mon passé d’enfant.

« Elle te laisse treize mille francs et son mobilier. »

Son grand fauteuil ? La table où elle mettait la nappe pour moi tout seul ? Sa commode avec des crochets dorés ? La chaise où je m’asseyais – meurtri quelquefois !… Brave vieille fille !

Ma mère reprend :

« Mais tu es mineur. »

Ah ! je m’en aperçois bien ! Si j’avais vingt-un ans, je ne serais pas ici. Pourquoi n’ai-je pas vingt-un ans !… Avec ces treize mille francs-là je retournerais à Paris – on aurait de quoi acheter des armes pour un complot, de quoi payer un gardien pour faire évader Barbès…

Il m’en passe des rêves par la tête ! Des rêves qui brûlent mes pleurs et me font déjà oublier celle qui a songé à moi en mourant. Ma mère me ramène à la lettre encadrée de noir… mais je l’arrête.

Je me suis enfermé seul avec ma douleur.

J’ai pleuré toute la journée comme un enfant !

7 juin.

Dix heures cinq minutes, sept juin !

J’ai ma liberté ! J’ai le droit de quitter le quai Richebourg, de lâcher Nantes, de filer sur Paris.

Je l’ai payé, ce droit ; il est à moi ; on me l’a vendu. Me l’a-t-on vendu cher, bon marché ? Je n’y ai pas regardé.

On m’a dit : « Tu es mineur, il te faudra attendre des années avant d’être maître de ton argent ; si tu veux t’arranger avec ton père, il te laissera libre dès aujourd’hui, tu pourras partir. »

« Mais, mineur, est-ce que j’ai le droit de signer ?

– Pourvu que tu écrives une lettre. Nous avons confiance en toi. Tu ne manqueras pas à ta parole, nous le savons. »

Vous le savez ? – Je sais, moi, que vous avez souvent manqué à la vôtre ! Je me rappelle la dette du père Mouton… Oh ! le sang m’en bout dans les veines, à y penser !

Allons, faisons l’acte, écrivons la lettre que vous voudrez, demandez-moi la promesse qu’il vous plaira – et que je tiendrai. Ouvrez-moi la porte. Que je sorte pour ne jamais revenir ! Les gendarmes ne m’arrêteront pas maintenant que j’ai hérité. Je ne suis plus un gredin et un vagabond.

On a terminé, je ne sais comment. Je me rappelle seulement que j’ai transcrit une lettre dont le brouillon a été mis sous ma main. Mon père gardera l’argent de la succession, mais me servira quarante francs par mois – plus cinq cents francs d’un coup pour m’habiller et m’installer à Paris.

J’oubliais ; on m’assurera pour un billet de mille ou quinze cents contre la conscription.

« Quand aurai-je ces cinq cents francs ?

– Dans huit jours. »

C’est long !…

Je commande des habits chez le tailleur en vogue.

Qu’ils soient prêts samedi, surtout !

Ils arrivent à l’heure, les cinq cents francs aussi.

Je les prends et je regarde mon père. Il tremble un peu.

« Tu vas donc me quitter en me haïssant ?

– Non, non… Vous voyez bien qu’il me vient des sanglots… mais nous ne pouvons vivre ensemble, vous m’avez rendu trop malheureux !… »

Adieu ! adieu !

Je ne suis pourtant pas parti encore ! Ma foi, de le voir pleurer, j’en ai eu le cœur attendri et j’ai tout pardonné !

J’ai passé avec eux la dernière soirée.

« Je vous paie le spectacle : voulez-vous ? »

Nous sommes allés au théâtre. Je les y ai menés en leur donnant le bras à tous deux.

Il me semblait que c’était moi le père, et que je conduisais deux grands enfants qui m’avaient sans doute fait souffrir, mais qui m’aimaient bien tout de même !

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