IX

Fleur-des-eaux se tourna et vit Simplice. Elle sourit, elle lui fit signe d’approcher, en disant à la forêt :

– Voici venir le bien-aimé.

Il y avait trois jours, trois heures, trois minutes, que le prince poursuivait l’ondine. Les paroles des chênes grondaient encore derrière lui ; il fut tenté de s’enfuir.

Fleur-des-eaux lui pressait déjà les mains. Elle se dressait sur ses petits pieds, mirant son sourire dans les yeux du jeune homme.

– Tu as bien tardé, dit-elle. Mon cœur te savait dans la forêt. J’ai monté sur un rayon de lune et je t’ai cherché trois jours, trois heures, trois minutes.

Simplice se taisait, retenant son souffle. Elle le fit asseoir au bord de la fontaine ; elle le caressait du regard ; et lui, il la contemplait longuement.

– Ne me reconnais-tu pas ? reprit-elle. Je t’ai vu souvent en rêve. J’allais à toi, tu me prenais la main, puis nous marchions, muets et frémissants. Ne m’as-tu pas vu ? ne te rappelles-tu pas tes rêves ?

Et comme il ouvrait enfin la bouche :

– Ne dis rien, reprit-elle encore. Je suis Fleur-des-eaux, et tu es le bien-aimé. Nous allons mourir.

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