VII

La forêt se taisait maintenant ; elle se défiait de Simplice. Elle épaississait son feuillage, elle jetait toute sa nuit sur les pas du jeune prince. Le péril qui menaçait Fleur-des-eaux la rendait chagrine ; elle n’avait plus de caresses, plus d’amoureux babil.

L’ondine revint dans les clairières, et Simplice la vit de nouveau. Fou de désir, il s’élança à sa poursuite. L’enfant, montée sur un rayon de lune, n’entendit point le bruit de ses pas. Elle volait ainsi, légère comme la plume qu’emporte le vent.

Simplice courait, courait à sa suite sans pouvoir l’atteindre. Des larmes coulaient de ses yeux, le désespoir était dans son âme.

Il courait, et la forêt suivait avec anxiété cette course insensée. Les arbustes lui barraient le chemin. Les ronces l’entouraient de leurs bras épineux, l’arrêtant brusquement au passage. Le bois entier défendait son enfant.

Il courait, et sentait la mousse devenir glissante sous ses pas. Les branches des taillis s’enlaçaient plus étroitement, se présentaient à lui, rigides comme des tiges d’airain. Les feuilles sèches s’amassaient dans les vallons ; les troncs d’arbres abattus se mettaient en travers des sentiers ; les rochers roulaient d’eux-mêmes au-devant du prince. L’insecte le piquait au talon ; le papillon l’aveuglait en battant des ailes à ses paupières.

Fleur-des-eaux, sans le voir, sans l’entendre, fuyait toujours sur le rayon de lune. Simplice sentait avec angoisse venir l’instant où elle allait disparaître.

Et, désespéré, haletant, il courait, il courait.

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