XVI

Oh ! frères, je souffre, je souffre. Je n’ose parler, je sens la honte me serrer à la gorge, et je ne puis que pleurer sans ôter de mon cœur le poids qui l’étouffe.

La misère est douce, l’infamie est légère. Et voilà que le ciel me punit, qu’il me courbe sous un vent terrible, sous une implacable blessure.

Maintenant, frères, vous pouvez désespérer : je n’ai plus de degrés à descendre, je viens de m’abandonner au gouffre, je suis perdu à jamais.

Ne m’interrogez pas. Je laisse mes cris aller jusqu’à vous, car la douleur est trop aiguë pour que je parvienne à étouffer mes cris. Mais je retiens les paroles sur mes lèvres, je ne veux ni vous effrayer ni vous désoler en vous contant l’effroyable histoire de mon cœur.

Dites-vous que Claude est mort, que vous ne le verrez plus, que tout est bien fini. Je préfère souffrir seul, quitte à en mourir, que de troubler votre sainte tranquillité en me déchirant devant vous, en vous découvrant ma plaie saignante.

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