XXVIII

J’en suis à cette plénitude de désespoir qui est presque du repos. Je ne saurais souffrir davantage ; cette certitude que rien n’augmentera mes larmes est un soulagement. Mon être s’est déchiré lui-même à ce point qu’il s’est arrêté de pitié. Aujourd’hui, je ne puis qu’essuyer mes larmes.

Et cependant, je sens que j’ai besoin du ciel pour être guéri. J’ai l’abrutissement de la douleur, je n’ai pas la tranquille joie de la santé. Si mes blessures ne peuvent s’agrandir, elles peuvent rester ouvertes, saignant goutte à goutte, avec une souffrance sourde.

Frères, la main qui les a fermées est une main terrible, la main de la mort et de la vérité.

Hier, la nuit venait, la chambre de Marie s’emplissait d’ombre et de silence. Une bougie, cachée à demi derrière un vase de la cheminée, éclairait un coin du plafond ; les murs et le sol étaient sombres ; le lit blanchissait au milieu de ténèbres transparentes. Marie, plus pâle, plus brisée, avait fermé les yeux. Je savais qu’elle ne passerait pas la nuit. Pâquerette dormait dans son fauteuil, les mains jointes sur la taille, souriant en rêve à quelque gourmandise imaginaire ; le menton au corsage, elle ronflait doucement et le bruit de son souffle se mêlait au râle affaibli de Marie. Je me suis senti étouffer entre cette jeune fille moribonde et cette vieille femme gorgée de nourriture. J’ai gagné la fenêtre, je l’ai ouverte. Le temps était beau.

Je me suis accoudé à la barre de bois, et j’ai regardé le carré jaune, en face. Les taches allaient et venaient avec rapidité, s’effaçant pour grandir encore. Jamais les ombres n’avaient été aussi lestes, aussi ironiques ; elles paraissaient se plaire à une danse railleuse, à une débauche de formes inexplicables voulant achever ma raison. C’était un pêle-mêle inexprimable, un amas de têtes, de cous, d’épaules, qui roulait sur lui-même, comme haché, secoué à coups de fléau. Puis, soudain, à l’instant où je souriais amèrement, ne cherchant plus à comprendre, il s’est fait une paix suprême dans ces masses sombres et agiles ; les taches ont eu un dernier saut, deux profils se sont dessinés, énormes, énergiques, se détachant avec netteté et vigueur. On eût dit que, lasses de me tourmenter, les ombres avaient voulu se révéler enfin ; elles étaient là, noires, puissantes, d’une vérité et d’une insolence superbes. J’ai reconnu Laurence et Jacques, démesurés, dédaigneux. Les deux profils se sont approchés l’un de l’autre avec lenteur, et ils se sont unis en un baiser.

Je n’avais pas quitté mon sourire. J’ai senti en moi une sorte d’arrachement suivi d’un bien-être subit. Mon cœur, dans une pulsation énorme, a chassé tout l’amour qui l’étouffait, et l’amour s’en est allé par mes veines, me causant une dernière brûlure. J’ai eu cette sensation d’angoisse que le patient éprouve entre les mains de l’opérateur : j’ai souffert pour ne plus souffrir.

Enfin, les ombres parlaient, elles me donnaient une certitude. J’avais la vérité écrite là, devant moi, sur la muraille ; je savais ce que je cherchais à deviner depuis bien des jours, je regardais fixement ces deux têtes noires qui s’embrassaient dans le carré de lumière jaune.

Je me suis étonné de souffrir si peu. J’aurais cru en mourir, et je ne sentais plus qu’une lassitude extrême, qu’un engourdissement de tout mon être. Longtemps, je suis demeuré accoudé, regardant les deux ombres qui s’agitaient d’une façon caressante, et j’ai songé à cette terrible aventure qui se dénouait par l’embrassement de deux taches sombres sur une muraille éclairée. La conversation que j’avais eue avec Jacques s’est alors représentée avec force à ma mémoire ; dans le vide qui se faisait en moi, j’entendais s’élever une à une, graves et lentes, les paroles de l’homme pratique, et ces paroles, que je croyais écouter pour la première fois, m’étonnaient étrangement, prononcées en face de ce baiser que l’ombre de Jacques donnait à l’ombre de Laurence. Qui trompait-on dans tout ceci ? Pâquerette avait-elle raison, étais-je en face d’un de ces caprices inexplicables qui poussent les gens à se mentir à eux-mêmes ? Ou bien Jacques se dévouait-il pour me sauver, allant jusqu’à des caresses mensongères ? Singulier dévouement qui pouvait me frapper dans ma chair, dans mon cœur, et me guérir d’un mal par un mal plus terrible encore !

Peu à peu mes pensées se sont troublées, je n’ai plus eu le calme du premier moment.

Je ne comprenais pas ce baiser, et je finissais par craindre que ce ne fût là une misérable comédie.

La lutte entre le doute et la certitude s’est, pendant un instant, établie en moi, plus âpre, plus cuisante. Je ne pouvais m’imaginer que Jacques aimât Laurence, je croyais plus en lui que je ne croyais en Pâquerette. Puis je me disais que les baisers ont leur ivresse, et qu’il allait aimer cette femme, s’il ne l’aimait déjà, à appuyer de la sorte ses lèvres sur les siennes.

C’est ainsi que j’ai souffert de nouveau. Ma jalousie s’est réveillée, mon angoisse m’a repris à la gorge.

J’aurais dû me retirer de cette fenêtre, ne pas m’abandonner à la vue des deux ombres. Ce que j’ai souffert en quelques minutes est indicible ; il me semblait que l’on m’arrachait les entrailles, et je ne pouvais pleurer.

La vérité se faisait claire, inexorable : peu importait que Jacques aimât ou n’aimât pas Laurence. Laurence se pendait à son cou, se donnait à lui, et elle était désormais morte pour moi. Là était la seule réalité, le dénouement appelé et redouté à la fois.

Dans le sourd grondement qui agitait mon être, j’ai senti tout s’écrouler en moi, j’ai compris que je restais sans croyance, sans amour, et je suis allé m’agenouiller devant le lit de Marie, en sanglotant.

Marie s’est éveillée, elle a vu mes larmes. Elle a fait un effort surhumain et, frissonnante de fièvre, s’est mise sur son séant. Je l’ai vue se pencher, appuyant sa tête à mon épaule, j’ai senti son bras maigri et brûlant entourer mon cou. Ses yeux, lumineux dans l’ombre, tout pleins des clartés de la mort, m’interrogeaient avec effroi et compassion.

Moi, j’aurais voulu prier. J’avais le besoin de joindre les mains, d’implorer une divinité douce et miséricordieuse. Je me sentais faible et nu ; dans ma peur d’enfant, je cherchais à me donner à un Dieu bon qui eût pitié de moi. Tandis que Jacques m’arrachait Laurence, et que tous deux, en bas, s’unissaient étroitement en un baiser, j’avais l’immense désir de faire mes actes de foi et d’amour, de protester à genoux, d’aimer ailleurs, dans la lumière, dans l’absolu. Mais ma bouche ignorait la prière, je tendais les bras avec désespoir, dans le vide, vers le ciel muet.

J’ai rencontré la main de Marie, et je l’ai serrée doucement. Ses yeux agrandis m’interrogeaient toujours.

– Oh ! prions, mon enfant, lui ai-je dit, prions ensemble.

Elle a paru ne pas m’entendre.

– Qu’as-tu ? a-t-elle murmuré d’une voix éteinte et caressante.

Et sa main faible cherchait à essuyer mes larmes. Alors, je l’ai regardée, mon cœur navré s’est fondu de pitié. Elle se mourait. Elle était déjà en dehors de la vie, plus blanche, plus grande ; ses regards qui se voilaient s’emplissaient d’une extase attendrie et sereine ; son visage apaisé dormait, ses lèvres amincies n’avaient plus de râle. J’ai compris qu’elle allait mourir entre mes bras, à cette heure solennelle où mes tendresses mouraient, elles aussi, et cette mort d’une enfant, mêlée à la mort de mon amour, a mis en mon âme une compassion si profonde que j’ai tendu de nouveau les mains dans le vide avec une anxiété plus âpre, cherchant quelqu’un.

Je me suis soulevé, et, d’une voix basse, déchirée :

– Prions, mon enfant, ai-je répété, prions ensemble.

Marie a souri.

– Prier, Claude ! m’a-t-elle dit, pourquoi veux-tu que je prie ?

– Pour nous consoler, Marie, pour nous faire pardonner.

– Je n’ai pas de pardon à demander, je n’ai pas de tristesse à adoucir. Tiens, vois, je souris, je suis heureuse ; mon cœur ne me reproche rien.

Elle a gardé le silence, écartant ses cheveux de son front, puis a repris d’un ton plus affaibli :

– Je ne sais pas prier, parce que je n’ai jamais eu à demander pardon. La femme qui m’a élevée m’assurait que les méchants seuls allaient dans les églises pour se faire absoudre de leur crime. Moi, je suis une enfant qui n’a pas fait le mal, jamais je n’ai eu besoin de Dieu. Toutes les fois que j’ai pleuré, mes larmes ont coulé largement sur mes joues et le vent les a séchées.

– Veux-tu que je prie pour toi, Claude ? a-t-elle ajouté après un nouveau silence, tu me joindras les mains et tu me feras répéter les mots qu’on apprend aux enfants, dans les villages. Je demanderai à Dieu qu’il ne te fasse plus pleurer.

Moi, frémissant, navré, je priais pour Marie, je priais pour moi. Je trouvais au fond de mon être des paroles de plainte et d’adoration, et je les disais une à une sans remuer les lèvres. Je suppliais le ciel d’être miséricordieux, de nous faciliter la mort, d’endormir cette enfant dans son extase, dans son ignorance. Et, tandis que je priais, Marie, sans voir que je cherchais un Dieu, me serrait le cou avec plus de force, se penchant sur mon visage.

– Écoute, Claude, me disait-elle, je me lèverai demain, je mettrai une robe blanche, et nous nous en irons de cette maison. Tu chercheras une petite chambre où nous nous enfermerons tout seuls. Jacques ne veut plus de moi, je le vois bien, parce que je suis trop faible, trop blanche. Toi, tu as le cœur bon ; tu me soigneras bien, et je vivrai avec toi comme j’ai vécu avec Jacques, plus douce, plus gaie. Je suis un peu lasse, j’ai besoin d’un bon frère. Veux-tu ?

Ces paroles étaient horribles dans la bouche de la mourante, prononcées avec une tendresse alanguie. Elle gardait sa naïve impudeur jusque dans la mort, elle s’offrait sur sa dernière couche en sœur et en amante de dix ans. Je soutenais son pauvre corps comme une chair sacrée, j’écoutais sa voix ardente et basse avec une sainte compassion.

Je songeais, ne pouvant plus prier. Qu’est-ce donc que le mal ? N’étais-je pas en face d’un bien absolu ? Certes, Dieu a fait une œuvre toute bonne, toute parfaite. Le mal est une de nos inventions, une des plaies dont nous nous sommes couverts. Cette enfant qui mourait ne s’était pas plus inquiétée, dans la vie, des baisers qu’elle avait donnés à ses amants, qu’une petite fille ne s’inquiète des caresses qu’elle adresse à sa poupée. Et cette Laurence, cette Laurence morne et désolée, accusait un tel affaissement que son impudeur n’était plus que l’acceptation tacite d’un acte purement matériel. Où trouver le mal dans tout ceci, et qui aurait osé punir Laurence et Marie, l’une de son ignorance, l’autre de son abrutissement. Le cœur s’était rendormi ou ne s’était pas encore éveillé. Il ne pouvait être complice de la chair qui, elle-même, restait innocente dans son silence. Si j’avais eu à condamner ces deux femmes, j’aurais eu plus de larmes que de sévérité, j’aurais souhaité pour elles la mort, la paix suprême.

Elles doivent dormir d’un sommeil bien profond dans leurs tombes, ces pauvres créatures qui ont vécu de tumulte, de gaieté fiévreuse. Peut-être, toutefois, leurs cœurs aiment-ils enfin dans la mort, souffrant effroyablement à la pensée d’une vie passée à aimer sans amour ; ils voudraient battre maintenant, et ils sont cloués dans leur cercueil. Marie s’en allait, blanche et vierge, étonnée, frissonnante, comprenant peut-être qu’elle mourait avant d’avoir connu la vie. J’aurais voulu qu’elle emportât avec elle Laurence qui n’avait plus rien à apprendre, ayant usé toutes les voluptés. Elles seraient descendues toutes deux dans l’inconnu, du même pas, également souillées, également innocentes, filles de Dieu meurtries par les hommes.

J’ai soutenu le front de Marie que l’agonie courbait.

– Où est Jacques ? m’a-t-elle demandé.

– Jacques, ai-je répondu, est dans sa chambre avec Laurence. Ils s’embrassent. Nous sommes seuls.

– Seuls ! Laurence ne vit plus avec toi, Claude ?

– Non. Elle m’a quitté pour Jacques. Nous sommes seuls.

Elle a frotté doucement ses mains l’une contre l’autre.

– Oh ! que c’est bon, oh ! que c’est bon d’être seuls, murmurait-elle ; nous allons pouvoir vivre ensemble. Ils ont bien fait d’arranger cela de cette façon. Il faudra les remercier. Qu’ils soient heureux de leur côté, nous serons heureux du nôtre.

Puis, elle a pris un ton de confidence, une voix basse et joyeuse.

– Tu ne sais pas, disait-elle, je n’aimais point Laurence. Cette femme était mauvaise, elle te faisait pleurer des larmes que j’aurais bien voulu essuyer. La nuit, lorsque je te savais à son côté, je ne pouvais dormir ; je m’éloignais de Jacques, j’aurais voulu monter dans ta chambre pour veiller sur toi, afin qu’elle ne te fît pas de mal. Tu ne me quitteras plus, n’est-ce pas, Claude ? Va, je serai une bonne petite femme qui se fera la plus petite possible.

Marie a gardé un court silence, souriant à ses pensées. Elle s’affaissait de plus en plus et devenait inerte. Je tenais son corps, je sentais la vie s’en aller de sa chair avec chacune des paroles qu’elle prononçait. Elle avait encore quelques minutes à vivre. Le sourire s’est effacé, elle a eu comme un mouvement d’effroi.

– Tu me trompes, Claude, a-t-elle repris brusquement : Jacques n’embrasse pas Laurence. Tu cherches à me faire plaisir. Où les vois-tu s’embrasser ?

– Là, en face, ai-je répondu, sur la muraille.

Marie a joint les mains.

– Je veux voir, a-t-elle dit, en se pressant contre moi.

Elle avait une voix sourde et suppliante, elle me caressait, humble et douce.

Je l’ai prise entre mes bras et je l’ai soulevée. Elle était légère, toute palpitante ; elle s’abandonnait. Je la portais avec précaution, la sentant à peine, craignant de la briser. Mes mains touchaient avec un saint respect à cette créature demi-nue, échevelée, qui se tenait à mon cou, appartenant déjà à la mort.

Lorsque, les bras étendus, je l’ai présentée à la fenêtre, Marie, dont la tête était renversée, a regardé le ciel. La nuit se creusait, d’un bleu profond, semée d’étoiles ; l’air calme avait des frissons chauds et lents. Les yeux de la moribonde regardaient les étoiles, ses lèvres aspiraient l’air tiède. Son visage, jusqu’alors résigné, a eu une contraction douloureuse, comme une révolte de la chair mourante en présence des souffles de la vie. Elle s’absorbait dans sa contemplation, elle égarait ses regards dans les espaces sombres, et semblait rêver son dernier rêve.

J’ai entendu un murmure, et je me suis penché. Elle répétait :

– Je ne les vois pas, ils ne s’embrassent pas.

Et elle agitait doucement dans le vide ses pauvres mains comme pour écarter le voile qui s’étendait sur sa vue.

Alors, j’ai haussé sa tête. Les ombres, dans le carré de lumière jaune, s’embrassaient encore. Elles étaient plus noires, plus énergiques, et leur netteté les rendait effrayantes. Marie les a aperçues.

Un sourire suprême s’est montré sur ses lèvres. Avec une joie d’enfant, une voix jeune, elle s’est approché de mon oreille, me caressant de la main.

– Oh ! je les vois, je les vois, a-t-elle dit. Ils s’embrassent. Ils ont des têtes énormes, toutes noires. J’ai peur. Dis-leur bien que nous sommes ensemble, qu’ils ne viennent plus nous tourmenter. Une nuit, ils se sont embrassés ainsi ; nous nous embrassions de notre côté, et c’est à partir de ce moment-là que je n’ai plus aimé Laurence. Te souviens-tu ? Viens, que je te donne un baiser. Ce sera le second, celui de nos fiançailles.

Marie a posé en balbutiant sa bouche sur la mienne. J’ai senti passer entre mes lèvres un souffle avec un léger cri. Le corps que je tenais entre mes bras a eu une convulsion, puis s’est abandonné.

J’ai regardé les yeux de Marie. Ils étaient grands ouverts, mais j’ai cherché vainement la lueur bleue qui y brûlait, la nuit dont elle venait de parler.

Marie était morte, morte dans mes bras.

J’ai reporté le cadavre sur le lit, couvrant chastement ce corps demi-nu que j’avais jusque-là caché contre ma poitrine. Je me suis assis au bord de la couche, j’ai appuyé la tête de l’enfant sur l’un de mes bras, lui tenant les mains, regardant son visage qui semblait vivre et sourire encore. Elle était plus grande dans la mort, plus sereine, plus pure.

De grosses larmes coulant sur mes joues tombaient dans les cheveux de la morte qui me couvraient les genoux.

Je ne sais combien de temps je suis resté ainsi au milieu du silence et de l’ombre. Brusquement, Pâquerette s’est éveillée, elle a vu le cadavre. Elle s’est levée en frissonnant, et a couru chercher la bougie derrière le vase, sur la cheminée. Puis, lorsqu’elle a eu promené la flamme sur la face de Marie, et qu’elle a vu que tout était bien fini, elle s’est désespérée bruyamment. Cette vieille femme reculait avec effroi devant la mort qu’elle sentait à son côté, elle criait de douleur en songeant qu’il lui faudrait bientôt mourir, elle aussi. Elle n’avait jamais cru à la maladie de cette enfant qui lui semblait trop jeune pour s’en aller si vite ; devant le rapide et terrible dénouement, elle tremblait d’épouvante. Ses cris devaient s’entendre de la rue.

Un bruit de pas est venu de l’escalier. Quelque voisin montait, attiré par les exclamations de Pâquerette.

La porte s’est ouverte. Laurence et Jacques ont paru sur le seuil...

Oh ! frères, je ne puis continuer aujourd’hui l’effrayant récit. Ma main tremble, mes yeux s’emplissent d’ombre. Demain, vous saurez tout.

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