Des années se passèrent. Les Sourdis avaient acheté à Mercœur une petite maison dont le jardin donnait sur la promenade du Mail. D’abord, ils étaient venus vivre là quelques mois de l’été, pour échapper, pendant les chaleurs de juillet et d’août, à l’étouffement de Paris. C’était comme une retraite toujours prête. Mais, peu à peu, ils y vécurent davantage ; et, à mesure qu’ils s’y installaient, Paris leur devenait moins nécessaire. Comme la maison était très étroite, ils firent bâtir dans le jardin un vaste atelier, qui s’augmenta bientôt de tout un corps de bâtiment. Maintenant, c’était à Paris qu’ils allaient en vacances, l’hiver, pendant deux ou trois mois au plus. Ils vivaient à Mercœur, ils n’avaient plus qu’un pied-à-terre, dans une maison de la rue de Clichy, qui leur appartenait.
Cette retraite en province avait donc eu lieu petit à petit, sans plan arrêté. Lorsqu’on s’étonnait devant elle, Adèle parlait de la santé de Ferdinand, qui était fort mauvaise, et, à l’entendre, il semblait qu’elle eût cédé au besoin de mettre son mari dans un milieu de paix et de grand air. Mais la vérité était qu’elle-même avait obéi à d’anciens désirs, réalisant ainsi son dernier rêve. Lorsque, jeune fille, elle regardait pendant des heures les pavés humides de la place du Collège, elle se voyait bien, à Paris, dans un avenir de gloire, avec des applaudissements tumultueux autour d’elle, un grand éclat rayonnant sur son nom ; seulement, le songe s’achevait toujours à Mercœur, dans un coin mort de la petite ville, au milieu du respect étonné des habitants. C’était là qu’elle était née, c’était là qu’elle avait eu la continuelle ambition de triompher, à ce point que la stupeur des bonnes femmes de Mercœur, plantées sur les portes, lorsqu’elle passait au bras de son mari, l’emplissait davantage du sentiment de sa célébrité, que les hommages délicats des salons de Paris. Au fond, elle était restée bourgeoise et provinciale, s’inquiétant de ce que pensait sa petite ville, à chaque nouvelle victoire, y revenant avec des battements de cœur, y goûtant tout l’épanouissement de sa personnalité, depuis l’obscurité d’où elle était partie, jusqu’à la renommée où elle vivait. Sa mère était morte, il y avait dix ans déjà, et elle revenait simplement chercher sa jeunesse, cette vie glacée dont elle avait dormi.
À cette heure, le nom de Ferdinand Sourdis ne pouvait plus grandir. Le peintre, à cinquante ans, avait obtenu toutes les récompenses et toutes les dignités, les médailles réglementaires, les croix et les titres. Il était commandeur de la Légion d’honneur, il faisait partie de l’Institut depuis plusieurs années. Sa fortune seule s’élargissait encore, car les journaux avaient épuisé les éloges. Il y avait des formules toutes faites qui servaient couramment pour le louer : on l’appelait le maître fécond, le charmeur exquis auquel toutes les âmes appartenaient. Mais cela ne semblait plus le toucher, il devenait indifférent, portant sa gloire comme un vieil habit auquel il était habitué. Lorsque les gens de Mercœur le voyaient passer, voûté déjà, avec ses regards vagues qui ne se fixaient sur rien, il entrait beaucoup de surprise dans leur respect, car ils s’imaginaient difficilement que ce monsieur, si tranquille et si las, pût faire tant de bruit dans la capitale.
D’ailleurs, tout le monde à présent savait que Mme Sourdis aidait son mari dans sa peinture. Elle passait pour une maîtresse femme, bien qu’elle fût petite et très grosse. C’était même un autre étonnement, dans le pays, qu’une dame si corpulente pût piétiner devant des tableaux toute la journée, sans avoir le soir les jambes cassées. Affaire d’habitude, disaient les bourgeois. Cette collaboration de sa femme ne jetait aucune déconsidération sur Ferdinand ; au contraire. Adèle, avec un tact supérieur, avait compris qu’elle ne devait pas supprimer son mari ouvertement ; il gardait la signature, il était comme un roi constitutionnel qui régnait sans gouverner. Les œuvres de Mme Sourdis n’auraient pris personne, tandis que les œuvres de Ferdinand Sourdis conservaient toute leur force sur la critique et le public. Aussi montrait-elle toujours la plus grande admiration pour son mari, et le singulier était que cette admiration restait sincère. Bien que, peu à peu, il ne touchât que de loin en loin un pinceau, elle le considérait comme le créateur véritable des œuvres qu’elle peignait presque entièrement. Dans cette substitution de leurs tempéraments c’était elle qui avait envahi l’œuvre commune, au point d’y dominer et de l’en chasser ; mais elle ne se sentait pas moins dépendante encore de l’impulsion première, elle l’avait remplacé en se l’incorporant, en prenant pour ainsi dire de son sexe. Le résultat était un monstre. À tous les visiteurs, lorsqu’elle montrait leurs œuvres, elle disait toujours : « Ferdinand a fait ceci, Ferdinand va faire cela », lors même que Ferdinand n’avait pas donné et ne devait pas donner un seul coup de pinceau. Puis, à la moindre critique, elle se fâchait, n’admettait pas qu’on pût discuter le génie de Ferdinand. En cela, elle se montrait superbe, dans un élan de croyance extraordinaire ; jamais ses colères de femme trompée, jamais ses dégoûts ni ses mépris n’avaient détruit en elle la haute figure qu’elle s’était faite du grand artiste qu’elle avait aimé dans son mari, même lorsque cet artiste avait décliné et qu’elle avait dû se substituer à lui, pour éviter la faillite. C’était un coin d’une naïveté charmante, d’un aveuglement tendre et orgueilleux à la fois, qui aidait Ferdinand à porter le sentiment sourd de son impuissance. Il ne souffrait pas de sa déchéance, il disait également : « mon tableau, mon œuvre », sans songer combien peu il travaillait aux toiles qu’il signait. Et tout cela était si naturel entre eux, il jalousait si peu cette femme qui lui avait pris jusqu’à sa personnalité, qu’il ne pouvait causer deux minutes sans la vanter. Toujours, il répétait ce qu’il avait dit un soir à Rennequin :
« Je vous jure, elle a plus de talent que moi... Le dessin me donne un mal du diable, tandis qu’elle, naturellement, vous plante une figure d’un trait... Oh ! une adresse dont vous n’avez pas l’idée ! Décidément, on a ça ou l’on n’a pas ça dans les veines. C’est un don. »
On souriait discrètement, en ne voyant là que la galanterie d’un mari amoureux. Mais, si l’on avait le malheur de montrer qu’on estimait beaucoup Mme Sourdis, mais qu’on ne croyait pas à son talent d’artiste, il s’emportait, il entrait dans de grandes théories sur les tempéraments et le mécanisme de la production ; discussions qu’il terminait toujours par ce cri :
« Quand je vous dis qu’elle est plus forte que moi ! Est-ce étonnant que personne ne veuille me croire ! »
Le ménage était très uni. Sur le tard, l’âge et sa mauvaise santé avaient beaucoup calmé Ferdinand. Il ne pouvait plus boire, tellement son estomac se détraquait au moindre excès. Les femmes seules l’emportaient encore dans des coups de folie qui duraient deux ou trois jours. Mais, quand le ménage vint s’installer complètement à Mercœur, le manque d’occasions le força à une fidélité presque absolue. Adèle n’eut plus à craindre que de brusques bordées avec les bonnes qui la servaient. Elle s’était bien résignée à n’en prendre que de très laides ; seulement, cela n’empêchait pas Ferdinand de s’oublier avec elles, si elles y consentaient. C’étaient, chez lui, par certains jours d’énervement physique, des perversions, des besoins qu’il aurait contentés, au risque de tout détruire. Elle en était quitte pour changer de domestique, chaque fois qu’elle croyait s’apercevoir d’une intimité trop grande avec Monsieur. Alors, Ferdinand restait honteux pendant une semaine. Cela, jusque dans le vieil âge, rallumait la flamme de leur amour. Adèle adorait toujours son mari, avec cette jalousie contenue qu’elle n’avait jamais laissé éclater devant lui ; et lui, lorsqu’il la voyait dans un de ces silences terribles, après le renvoi d’une bonne, il tâchait d’obtenir son pardon par toutes sortes de soumissions tendres. Elle le possédait alors comme un enfant. Il était très ravagé, le teint jauni, le visage creusé de rides profondes ; mais il avait gardé sa barbe d’or, qui pâlissait sans blanchir, et qui le faisait ressembler à quelque dieu vieilli, doré encore du charme de sa jeunesse.
Un jour vint où il eut, dans leur atelier de Mercœur, le dégoût de la peinture. C’était comme une répugnance physique ; l’odeur de l’essence, la sensation grasse du pinceau sur la toile lui causaient une exaspération nerveuse ; ses mains se mettaient à trembler, il avait des vertiges. Sans doute il y avait là une conséquence de son impuissance elle-même, un résultat du long détraquement de ses facultés d’artiste, arrivé à la période aiguë. Il devait finir par cette impossibilité matérielle. Adèle se montra très bonne, le réconfortant, lui jurant que c’était une mauvaise disposition passagère dont il guérirait ; et elle le força à se reposer. Comme il ne travaillait absolument plus aux tableaux, il s’inquiéta, devint sombre. Mais elle trouva un arrangement : ce serait lui qui ferait les compositions à la mine de plomb, puis elle les reporterait sur les toiles, où elle les mettrait au carreau et les peindrait, sous ses ordres. Dès lors, les choses marchèrent ainsi, il n’y eut plus un seul coup de pinceau donné par lui dans les œuvres qu’il signait. Adèle exécutait tout le travail matériel, et il restait simplement l’inspirateur, il fournissait les idées, des crayonnages, parfois incomplets et incorrects, qu’elle était obligée de corriger, sans le lui dire. Depuis longtemps, le ménage travaillait surtout pour l’exportation. Après le grand succès remporté en France, des commandes étaient venues, surtout de Russie et d’Amérique ; et, comme les amateurs de ces pays lointains ne se montraient pas difficiles, comme il suffisait d’expédier des caisses de tableaux et de toucher l’argent, sans avoir jamais un ennui, les Sourdis s’étaient peu à peu entièrement donnés à cette production commode. D’ailleurs, en France, la vente avait baissé. Lorsque, de loin en loin, Ferdinand envoyait un tableau au Salon, la critique l’accueillait avec les mêmes éloges : c’était un talent classé, consacré, pour lequel on ne se battait plus, et qui avait pu glisser peu à peu à une production abondante et médiocre, sans déranger les habitudes du public et des critiques. Le peintre était resté le même pour le plus grand nombre, il avait simplement vieilli et cédé la place à des réputations plus turbulentes. Seulement, les acheteurs finissaient par se déshabituer de sa peinture. On le saluait encore comme un des maîtres contemporains, mais on ne l’achetait presque plus. L’étranger enlevait tout.
Cette année-là pourtant, une toile de Ferdinand Sourdis fit encore un effet considérable au Salon. C’était comme un pendant à son premier tableau : La Promenade. Dans une salle froide, aux murs blanchis, des élèves travaillaient, regardaient voler les mouches, riaient sournoisement, tandis que le « pion », enfoncé dans la lecture d’un roman, semblait avoir oublié le monde entier ; et la toile avait pour titre : L’Étude. On trouva cela charmant, et des critiques, comparant les deux œuvres, peintes à trente ans de distance, parlèrent même du chemin parcouru, des inexpériences de La Promenade et de la science parfaite de L’Étude. Presque tous s’ingéniaient à voir dans ce dernier tableau des finesses extraordinaires, un raffinement d’art exquis, une facture parfaite que personne ne dépasserait jamais. Cependant, la grande majorité des artistes protestait, et Rennequin se montrait parmi les plus violents. Il était très vieux, vert encore pour ses soixante-quinze ans, toujours passionné de vérité.
« Laissez donc ! criait-il. J’aime Ferdinand comme un fils, mais c’est trop bête, à la fin, de préférer ses œuvres actuelles aux œuvres de sa jeunesse ! Cela n’a plus ni flamme, ni saveur, ni originalité d’aucune sorte. Oh ! c’est joli, c’est facile, cela je vous l’accorde ! Mais il faut vendre de la chandelle pour avoir le goût de cette facture banale, relevée par je ne sais quelle sauce compliquée, où il y a de tous les styles, et même de toutes les pourritures de style... Ce n’est plus mon Ferdinand qui peint ces machines-là... »
Pourtant, il s’arrêtait. Lui, savait à quoi s’en tenir, et l’on sentait dans son amertume une sourde colère qu’il avait toujours professée contre les femmes, ces animaux nuisibles, comme il les nommait parfois. Il se contentait seulement de répéter en se fâchant :
« Non, ce n’est plus lui... Non, ce n’est plus lui... »
Il avait suivi le lent travail d’envahissement d’Adèle, avec une curiosité d’observateur et d’analyste. À chaque œuvre nouvelle, il s’était aperçu des moindres modifications, reconnaissant les morceaux du mari et ceux de la femme, constatant que ceux-là diminuaient au profit de ceux-ci dans une progression régulière et constante. Le cas lui paraissait si intéressant, qu’il oubliait de se fâcher pour jouir uniquement de ce jeu des tempéraments, en homme qui adorait le spectacle de la vie. Il avait donc noté les plus légères nuances de la substitution, et à cette heure, il sentait bien que ce drame physiologique et psychologique était accompli. Le dénouement, ce tableau de L’Étude, était là devant ses yeux. Pour lui, Adèle avait mangé Ferdinand, c’était fini.
Alors, comme toutes les années, au mois de juillet, il eut l’idée d’aller passer quelques jours à Mercœur. Depuis le Salon, d’ailleurs, il éprouvait la plus violente envie de revoir lé ménage. C’était pour lui l’occasion de constater sur les faits s’il avait raisonné juste.
Quand il se présenta chez les Sourdis, par une brûlante après-midi, le jardin dormait sous ses ombrages. La maison, et jusqu’aux plates-bandes, avaient une propreté, une régularité bourgeoise, qui annonçaient beaucoup d’ordre et de calme. Aucun bruit de la petite ville n’arrivait dans ce coin écarté, les rosiers grimpants étaient pleins d’un bourdonnement d’abeilles. La bonne dit au visiteur que Madame était à l’atelier.
Quand Rennequin ouvrit la porte, il aperçut Adèle peignant debout, dans cette attitude où il l’avait surprise une première fois, bien des années auparavant. Mais, aujourd’hui, elle ne se cachait plus. Elle eut une légère exclamation de joie, et voulut lâcher sa palette. Mais Rennequin se récria :
« Je m’en vais si tu te déranges... Que diable ! traite-moi en ami. Travaille, travaille ! »
Elle se laissa faire violence, en femme qui connaît le prix du temps.
« Eh bien ! puisque vous le permettez !... Vous savez, on n’a jamais une heure de repos. »
Malgré l’âge qui venait, malgré l’obésité dont elle était de plus en plus envahie, elle menait toujours rudement la besogne, avec une sûreté de main extraordinaire. Rennequin la regardait depuis un instant, lorsqu’il demanda :
« Et Ferdinand ? il est sorti ?
– Mais non, il est là », répondit Adèle en désignant un coin de l’atelier, du bout de son pinceau.
Ferdinand était là, en effet, allongé sur un divan, où il sommeillait. La voix de Rennequin l’avait réveillé ; mais il ne le reconnaissait pas, la pensée lente, très affaibli.
« Ah ! c’est vous, quelle bonne surprise ! » dit-il enfin.
Et il donna une molle poignée de main, en faisant un effort pour se mettre sur son séant. La veille, sa femme l’avait encore surpris avec une petite fille, qui venait laver la vaisselle ; et il était très humble, la mine effarée, accablé et ne sachant que faire pour gagner sa grâce. Rennequin le trouva plus vidé, plus écrasé qu’il ne s’y attendait. Cette fois, l’anéantissement était complet, et il éprouva une grande pitié pour le pauvre homme. Voulant voir s’il réveillerait en lui un peu de la flamme d’autrefois, il lui parla du beau succès de L’Étude, au dernier Salon.
« Ah ! mon gaillard, vous remuez encore les masses... On parle de vous là-bas, comme aux premiers jours. »
Ferdinand le regardait d’un air hébété. Puis, pour dire quelque chose :
« Oui, je sais, Adèle m’a lu des journaux. Mon tableau est très bien, n’est-ce pas ?... Oh ! je travaille, je travaille toujours beaucoup... Mais, je vous assure, elle est plus forte que moi, elle a un métier épatant ! »
Et il clignait les yeux, en désignant sa femme avec un pâle sourire. Elle s’était approchée, elle haussait les épaules, d’un air de bonne femme, en disant :
« Ne l’écoutez donc pas ! Vous connaissez sa toquade... Si l’on voulait le croire, ce serait moi le grand peintre... Je l’aide, et encore très mal. Enfin, puisque ça l’amuse ! »
Rennequin restait muet devant cette comédie qu’ils se jouaient à eux-mêmes, de bonne foi sans doute. Il sentait nettement, dans cet atelier, la suppression totale de Ferdinand. Celui-ci ne crayonnait même plus des bouts d’esquisse, tombé au point de ne pas sentir le besoin de sauvegarder son orgueil par un mensonge ; il lui suffisait maintenant d’être le mari. C’était Adèle qui composait, qui dessinait et peignait, sans lui demander un conseil, entrée d’ailleurs si complètement dans sa peau d’artiste, qu’elle le continuait, sans que rien pût indiquer la minute où la rupture avait été complète. Elle était seule à cette heure, et il ne restait, dans cette individualité femelle, que l’empreinte ancienne d’une individualité mâle.
Ferdinand bâillait :
« Vous restez à dîner, n’est-ce pas ? dit-il. Oh ! je suis éreinté... Comprenez-vous ça, Rennequin ? Je n’ai rien fait aujourd’hui et je suis éreinté.
– Il ne fait rien, mais il travaille du matin au soir, dit Adèle. Jamais il ne veut m’écouter et se reposer une bonne fois.
– C’est vrai, reprit-il, le repos me rend malade, il faut que je m’occupe. »
Il s’était levé, s’était traîné un instant, puis avait [mi par se rasseoir devant la petite table, sur laquelle anciennement sa femme faisait des aquarelles. Et il examinait une feuille de papier, où justement les premiers tons d’une aquarelle se trouvaient jetés. C’était une de ces œuvres de pensionnaire, un ruisseau faisant tourner les roues d’un moulin, avec un rideau de peupliers et un vieux saule. Rennequin, qui se penchait derrière lui, se mit à sourire, devant la maladresse enfantine du dessin et des teintes, un barbouillage presque comique.
« C’est drôle », murmura-t-il.
Mais il se tut, en voyant Adèle le regarder fixement. D’un bras solide, sans appui-main, elle venait d’ébaucher toute une figure, enlevant du coup le morceau, avec une carrure magistrale :
« N’est-ce pas que c’est joli, ce moulin ? dit complaisamment Ferdinand, toujours penché sur la feuille de papier, bien sage à cette place de petit garçon. Oh ! vous savez, j’étudie, pas davantage. »
Et Rennequin resta saisi. Maintenant, c’était Ferdinand qui faisait les aquarelles.