CHAPITRE X. Remarques sur les Oiseaux de Passage.

On est en peine de savoir ce que deviennent les Hirondelles & tant d’autres Oiseaux qu’on voit pendant un tems & qui disparoissent tout d’un coup. Voici ce que les Savans, curieux de l’histoire naturelle ont observé sur ce sujet. Il y a des Oiseaux de Passage qui se plaisent dans les pays froids ; d’autres se plaisent dans les climats temperés ou même dans les chauds. Quelques espéces se contentent de passer d’un pays dans un autre, où l’air & les nourritures les attirent en certain tems. D’autres traversent les Mers, & entreprennent des voyages d’une longueur qui surprend. Les Oiseaux de Passage les plus connus sont les Cailles, les Hirondelles, les Canards sauvages, les Pluviers, les Becasses, les Grues.

Les Cailles, au Printems, passent d’Afrique en Europe pour y jouir d’un Été plus supportable qu’en Afrique. Sur la fin de l’Automne, elles s’en retournent par-dessus la Méditerranée, pour jouir dans l’Égypte & dans la Barbarie d’une chaleur douce & semblable à celle des climats qu’elles abandonnent ; les Cailles s’en vont par troupes, quelquefois comme des nuées : assez souvent les vaisseaux en sont tout couverts.

La méthode des Hirondelles paroit différente. On prétend que plusieurs passent la Mer. Mais il paroît constant par les Relations d’Angleterre & de Suéde que celles des pays les plus Septentrionaux s’arrêtent en Europe & se cachent dans des trous sous terre, en s’accrochant les unes aux autres, pattes contre pattes, bec contre bec. Elles se mettent par tas dans des endroits éloignés du passage des hommes, où elles sont même gagnées par les eaux. La précaution qu’elles ont prise par avance de se bien lustrer les plumes avec leur huile, & de se mettre comme un peloton, la tête en dedans, le dos en dehors, les garantit sous l’eau & sous la glace même. Elles s’y engourdissent & y passent l’hiver sans mouvement. Le cœur continue cependant toujours à leur battre, & au retour du Printems la chaleur les degourdit : elles regagnent alors leurs demeures ordinaires ; chacune d’elles retrouve son pays, son village, ou sa ville & son nid.

Bien des gens remarquent tous les ans en Automne un certain jour où toutes les Hirondelles s’assemblent pour partir de compagnie, & quoiqu’ils ayent vû très-souvent des bandes d’oiseaux qui s’en vont en voyage, ils avouent néanmoins qu’ils regardent toujours cette merveille avec des yeux d’admiration.

En effet, dans leur passage au-dessus des Royaumes & des Mers je ne sçai ce qu’il faut le plus admirer ou de la force qui les soutient dans un si long trajet, ou de l’ordre avec lequel tout s’exécute. Qui est-ce qui a appris à leurs petits qu’il faudroit bien-tôt quitter leurs pays natal & voyager dans une terre étrangere ? Ont-ils un Calendrier pour reconnoître la saison & le jour où il faut se mettre en route ? Qui est-ce qui sonne la trompette pour annoncer au Peuple la resolution prise, afin que chacun se tienne prêt, car le lendemain du départ il ne paroît ni traîneurs, ni deserteurs. Comment ont-ils l’adresse de régler leur marche ? Connoissent-ils les Isles où ils pourront se reposer & trouver du rafraîchissement ? Où est la Boussole qui les guide pour les conduire du côté où ils se proposent d’arriver, sans être dérangés dans leur vol, ni par les pluyes, ni par les vents, ni par l’obscurité affreuse de plusieurs nuits ? Ou bien enfin ont-ils une raison supérieure à celle de l’homme qui n’ose tenter ce passage qu’avec tant de machines & de précautions ? Ils n’ont assûrément ni Cartes ni Boussole. Mais il faut bien croire que Dieu leur imprime à tous une méthode particuliere & des sentimens qui suffisent pour leur état ; & que ce Souverain Créateur qui a donné à l’Homme une raison qui s’étend à toutes choses, a donné aux Animaux une imitation de la raison, bornée à la vérité à un seul point, mais d’autant plus merveilleuse en ce point, que cette même imitation est un sujet impénétrable à l’esprit humain.

FIN.

APPROBATION.

J’ai lû par ordre de Monseigneur le Chancelier, un Manuscrit intitulé, Histoire des Singes, &c. & je n’y ai rien trouvé qui puisse en empêcher l’impression. À Paris, ce 16 Mars 1752.

LAVIROTTE

PRIVILEGE DU ROI.

LOUIS, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navarre : À nos amés & féaux Conseillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans civils & autres nos Justiciers qu’il appartiendra. SALUT. Notre amé NICOLAS-BONAVENTURE DUCHESNE, Libraire à Paris, Nous a fait exposer qu’il désireroit faire imprimer, & réimprimer des Ouvrages qui ont pour titre Histoire des Singes & autres Animaux curieux. La Grammaire Allemande de M. Gottscher. Fables mises en vers par M. de Rivery avec une Traduction de Silvie Pastorale. Théâtre Allemand, Méditations Chrétiennes pour tous les jours de l’année par le Révérend Pere Chappuis de la Compagnie de Jesus. S’il Nous plaisoit lui accorder nos Lettres de Privilége pour ce nécessaires. À CES CAUSES, voulant favorablement traîter l’Exposant, Nous lui avons permis & permettons par ces Présentes de faire imprimer & réimprimer lesdits Ouvrages en un ou plusieurs volumes autant de fois que bon lui semblera, & de les vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume, pendant le tems de six années consécutives, à compter du jour de la date des Présentes. Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires & autres personnes de quelque qualité & conditions qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangere dans aucun lieu de notre obéissance, comme aussi d’imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lesdits Ouvrages, ni d’en faire aucun extrait sous quelque prétexte que ce soit, d’augmentation, correction, changements ou autres, sans la permission expresse & par écrit dudit Exposant ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers audit Exposant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens, dommages & intérêts, à la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la datte d’icelles ; que l’impression & réimpression desdits Ouvrages sera faite dans notre Royaume, & non ailleurs, en bon papier & beaux caracteres, conformément à la feuille imprimée, attachée pour modéle sous le contre-scel des Présentes, que l’Impétrant se conformera en tout aux Réglemens de la Librairie, & notament à celui du dix Avril 1725. & qu’avant de les exposer en vente, les Manuscrits & Imprimés qui auront servi de copie à l’impression & réimpression desdits Ouvrages seront remis dans le même état où l’approbation y aura été donnée ès mains de notre très-cher & féal Chevalier Chancelier de France, le Sieur de Lamoignon, & qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires de chacun dans notre Bibliothéque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notredit très-cher & féal Chevalier Garde des Sçeaux de France, le Sieur de Machault, Commandeur de nos Ordres, le tout à peine de nullité des Présentes, du contenu desquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Exposant & ses ayans cause, pleinement & paisiblement, sans souffrir qu’il leur soit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Présentes, qui sera imprimée tout au long, au commencement ou à la fin desdits Ouvrages, soit tenue pour duement signifiée & qu’aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Conseillers Sécrétaires foi soit ajoutée comme à l’original. Commandons au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l’exécution d’icelles, tous Actes requis & nécessaires, sans demander autre permission, & nonobstant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires ; CAR tel est notre plaisir. DONNÉ à Versailles le dix-septiéme jour du mois d’Avril l’an de grace mil sept cent cinquante deux, & de notre regne le trente-septiéme.

Par le Roi en son Conseil.

SAINSON.

Registré sur le Registre XII. de la Chambre Royale des Libraires – Imprimeurs de Paris N . 760. fol. 616. conformément aux anciens Réglemens confirmés par celui du 28. Fé-vrier 1723. A Paris le 21. Avril 1752.

COIGNARD, Syndic.

De l’Imprimerie de BALLARD, seul Imprimeur du Roi, pour la Musique, & Noteur de la Chapelle de Sa Majesté, rue Saint Jean-de-Beauvais, à Ste Cecile.

Share on Twitter Share on Facebook