II Procréation

Ce jour là à deux lieues de Spa, sut la route bordée d’arbres tordus, Versélin Tigoboth, iste ambulant qui arrivait à pied de Liège, battait le briquet pour allumer sa pipe. Une voix de femme cria :

Eh ! là-bas, l’homme

Le guitariste leva la tête et un rire éperdu éclata

Hahaha ! Hohoho ! Hihihi ! tes paupières ont la couleur des lentilles d’Égypte ! Je m’appelle Macarée. Je veux un matou.

Viersélin Tigoboth aperçut sur le bord de la route une jeune femme brune, formée formée de joli globes et vêtue en cycliste, que tenant d’une main son vélo cueillait de l’autre des prunelles âpres.

– Vs’estez que belle bâcelle, dit Viersélin Tigo-both en faisant claquer sa langue. Mais, nom di Dio, si vous mangez des prunelles vous aurez la colique, ce soir, paraît.

– Je veux un matou, répéta Macarée et dégrafant sa chemisette, elle montra à Viersélin Tigoboth deux tétons en fesses d’angelots, veines d’azur, mamelonnés d’une framboise, et dont l’acréole était de couleur tendre comme les nuages roses du couchant.

– Oh ! Oh ! dit Viersélin Tigoboth, c’est beau comme les perles de l’Amblêve, donnez-les moi. J’irai cueillir pour vous un grand bouquet de feuilles de fougère et d’iris lu Germanie, jaunes comme la lune.

Ha, ha, hi, répliqua Macarée, prends-les, je veux un matou

Viersélin Tigoboth et le geste de s’avancer pou pour s’emparer de cette chair miraculeuse qu’on lui offrait pour rien, comme à la messe le pain bénit mais il se retint.

 

– V’ez one belle crapeaute di nom di Dio, vs’estez belle comme l’fôre à Lige. Vs’estez one plus belle jône feie qu’Donnaye, qu’Tatenne, qu’Victoere, dont j’ons été l’galant et que les mamzelle du mon Rénier qui sont todis à vinde. Mins, si vous voulez esse m’binaméïe, nom di Dio, v’arez les morpions.

 

MACARÉE

 

Ils sont couleur de lune

Et ronds comme la roue de la Fortune.

 

VIERSÉLIN TIGOBOTH

 

Si vous n’craignez pas d’attraper des poux,

Je veux bien être aujourd’hui votre époux.

 

Et Viersélin Tigoboth s’avança des baisers pleins les lèvres :

Ji v’aimme ! Il fait pahûle ! O binaméïe !

Bientôt il n’y eut plus que des soupirs, des chants d’oiseaux et des lièvres roux et cornus ainsi que des diablotins passaient, vites comme les bottes de sept lieues, près de Viersélin Tigoboth et de Macarée, sous le pouvoir de l’amour, derrière les prunelliers.

 

Puis, emporta Macarée.

Viersélin Tigoboth triste jusqu’à la mort maudit l’instrument de la vitesse qui roulait et s’engloutit derrière la rotondité terraquée, piste pissait interminablement en fredonnant une pasquéïe...

 

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