(Reçue 18 mai.)
Chère Kitie,
À l’instant, je viens de voir la princesse Krivobokaia qui m’a déclaré qu’elle accepte la présidence de la « Société pour le sauvetage des femmes perdues » ; en même temps, elle te propose d’être vice-présidente. Je lui ai répondu que je t’écrirais sur ce sujet et que, sans doute, tu ne refuserais pas. Je lui ai donné ton adresse et elle t’écrira elle-même, demain, après les élections. À mon avis, il ne faut pas refuser. Si la princesse consent à être présidente, cela signifie qu’on voit cette société d’un œil favorable ; bien que la princesse ait une réputation de toquée, sois sûre que, dans cette affaire, elle ne se trompera pas. Sans doute, ça t’occasionnera quelques dépenses, mais de ces dépenses mêmes nous tirerons profit. Dans notre grande maison, le bel étage a été vide tout l’hiver : j’ai déjà insinué à la princesse qu’on pourrait prendre cet appartement pour la Société, et elle m’a répondu : « Pourquoi ne le prendrait-on pas, surtout si votre femme devient mon aide ? »
J’espère, chère Kitie, que cette lettre est la dernière à Krasnia-Kriastchy ; tu dois être lasse de ce Kriastchy : il vaut mieux y retourner une autre fois.
Les enfants vont bien et t’embrassent.
Ton mari et ami,
D.