7 Emprunts. Dettes publiques

Rien n’est plus précieux que le crédit ; et cet honnête M. Schneider, qui a inventé le fromage de Gruyère et le système des emprunts, a rendu un véritable service à la société.

Au moyen des emprunts, l’inégalité des fortunes disparaît, la richesse est une chimère, toute sommité est aplanie. Celui qui emprunte est en un instant plus positivement riche que celui qui prête ; qu’il soit gouvernement constitutionnel ou souverain absolu, l’emprunteur ne supporte aucun risque de perte, et court toutes les chances de bénéfice.

C’est une chose bizarre que cette activité de spéculation qui, depuis quelques années, s’est emparée de nos riches banquiers. De quelque point que vienne une proposition, elle trouve des oreilles et des bourses ouvertes. La même caisse alimente la Sainte-Alliance et le sénat grec. Si le grand Turc a besoin d’argent, il en trouvera certainement sur sa bonne mine, et son emprunt sera bientôt rempli.

Combien d’exemples cependant devraient mettre en garde contre cette avidité de chances. Les gouvernements font banqueroute comme les particuliers ; et les gouvernements ne craignent pas les galères. La France a jadis ruiné ses sujets en les réduisant aux deux tiers ; aujourd’hui même elle est à la veille de faire une banqueroute d’une espèce nouvelle, en convertissant les rentes cinq pour cent en trois pour cent. On trouve cependant toujours des gens disposés à acheter, à brocanter, sur ces valeurs idéales qui rapportent moins qu’une maison, qu’une terre, et que l’on ne peut cependant faire assurer contre la grêle et l’incendie.

FIN.

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