À UNE AMIE

Les voix s’exaltent et s’élèvent…

Je suis vieux comme les aïeuls,

J’ai des rêves lassés qui rêvent

Tout seuls.

C’est le temps triste et monotone,

C’est le désespoir grand ouvert,

C’est le printemps, l’été, l’automne,

L’hiver !

Le souvenir de l’ancien geste,

Le souvenir du mal ancien :

Ce qui reste, quand il ne reste

Plus rien.

Ô vous, ma sœur d’après la veille,

De l’instant splendide et sacré

Où le rêve qui s’ensommeille

Est vrai…

Petit poème magnifique,

Éclos par le pardon du soir,

Où l'on entend de la musique

Sans voir…

Je vous bénis, ange en sourire,

Mains qui servent mon désespoir,

Bonté qui fait que je m’admire

Le soir !