II LOQUE

Ta belle âme de ballon…

La félicité n’est qu’un songe

Qui s’en va comme un chenapan.

On dirait un peu qu’il y songe,

Lorsque, mélancolique, il pend.

Les heures d’oubli sont rapides :

Ivre et tout vague, l’aquilon

Touche du doigt ses jambes vides.

Le jour est mort, le soir est long.

Le vent sans pitié pour son âge

Mêle ses membres ramollis,

C’est comme un mince personnage

Qui se glisse dans les vieux plis.

Et lui, s’éveillant triste et gauche,

Voudrait rire, malgré son plomb ;

Il essaye une vague ébauche…

Le jour est mort, le soir est long.

Près d’un habit à longues basques,

Il esquisse en l’air, accroché,

Ses pas incohérents et flasques,

Ce vieux qui sait qu’il a marché.

Le dolman à large carrure

Dont il bat le triple galon

Grince avec un bruit de serrure…

Le jour est mort, le soir est long.

Tu danses dans l’or poétique,

Pauvre orateur tenace et laid,

Avec ton destin de boutique

Et tes cauchemars de balai.

Qu’un jeune, auquel rien ne résiste,

Pince la lyre d’Apollon ;

Je le regarde d’un air triste.

Le jour est mort, le soir est long.

Nous nous en irons, pauvres princes,

Avec notre tranquillité ;

Je te prendrai dans mes bras minces,

Ô le seul qui me soit resté !

Automne gris qui te recueilles,

J’entends gémir dans le vallon

Des souvenirs de vieilles feuilles.

Le jour est mort, le soir est long.

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