LA HAINE

Malgré toi ta beauté me brave.

Nous sommes tous les deux ensemble

Nous, les amants à l’infini,

L’ouragan pleure et le ciel tremble…

Nous n’avons rien qui nous unit !

Nous regardons le soir céleste

Qui se plombe et tombe sans fin,

Et le silence nous déteste,

Et notre amour a toujours faim.

Tandis que l’ombre nous azure

Ainsi qu’un grand couple éternel,

Le silence comme un murmure

Remplit la chambre jusqu’au ciel.

Et lorsque la nuit souveraine

T’étoile de son vieux reflet,

Je sens comme une grande haine

Qui nous sépare et se tait.

Je t’aime pourtant, oh je t’aime

Demi-pleurante en tes attraits,

Et vague, avec ton diadème

Où frissonnent les astres vrais.

Presque cachés par l’heure sombre,

Je vois surgir blanches, sans bruit,

Les mains que tu tends à mon ombre

Dans les abîmes de la nuit.

Et lorsqu’un grand rayon t’éclaire

Je devine invinciblement

Que je ne sais pas ta lumière,

Que l’on s’ignore, et que l’on ment !

J’avais rêvé comme un apôtre

D’inaccessibles unions ;

Nous sommes l’un auprès de l’autre,

Il faut que nous nous haïssions !

Hélas, lorsque mon âme est pleine

De tant d’impuissance et d’adieu,

Je souffre d’avoir tant de haine

Et je voudrais t’aimer un peu…

LE SILENCE DES PAUVRES

Oh ! c’eût été si vague et si bon d’être heureux !…