VOUS

Vers les archipels d’or des lointains fabuleux

Le couchant baigne d’un nuage

Les vaisseaux au pied de la tour…

Le soleil dore le retour

Pour le dernier et grand mirage !

Le soleil bas, le soleil d’or,

Parmi les galères ancrées,

Fait des ombres démesurées

Aux vieux portiques du vieux port.

Dans votre chambre qui sommeille

Le soleil verse à son déclin

Des palais et des quais sans fin

Par qui l’océan s’émerveille…

Et quand l’heure viendra calmer

Le couchant d’or dans l’étendue,

Soyez calme, grise et perdue

Parmi quelque splendeur d’aimer !…

Rêvez tous les rêves du monde

Et les marins du vaisseau nu,

Et tout le bonheur contenu,

Qu’ils apportent de l’autre monde…

Laissez pencher et s’effacer

Votre sainte et paisible tête,

Quand l’ombre vient et qu’on s’arrête

Dans la fatigue de penser.

On prend en pitié tous les rires,

Toute la joie et tout l’adieu,

À l’heure où l’on est un vrai dieu,

Où l’on ne voit que des martyres.

Je me sens plus abandonné

Près de vous que près d’aucune autre :

Que ma lèvre pleure à la vôtre

L’amour que vous m’avez donné,

À l’heure où la nuit vous caresse

Pâle et confuse, sur le fond ;

Lorsque votre beauté se fond,

Et que vous devenez caresse…

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