IV Ploujhas dë Marselha

Comme la pluie en la toison, et comme les gouttières dégouttantes sur la terre.

LA BIBLE.

À ce moment, ils détournèrent une rue.

– Maître Bonaventure Chastelart, dit alors Rochegude, bâillez moins fort, je vous prie, vous faites un bruit à réveiller toute la ville et faire venir le guet.

– Seigneur Aymar, c’est que…

– C’est bon, c’est bon, consolez-vous, c’est fini ; et, d’ailleurs, nous voici arrivés, c’est ici la Juiverie.

– Jésus-Dieu ! ici la Juiverie !… s’écria le vieux tabellion tout transi, faisant force signes de croix.

– Oui, maître, c’est bien ici ; voici, là, à l’encoignure, cette belle maison à tourelle en trompillon, bâtie pour votre illustre compatriote, Philibert Delorme.

– Philibert Delorme !… un sorcier, est-ce pas ? un astrologue ?… Hélas ! monseigneur Aymar, je vous en prie, couvrez-moi un peu de votre manteau, j’ai une peur d’enfer ! Il me semble qu’il me choit quelque chose sur la tête ; j’ai toujours ouï dire qu’il était périlleux de traverser la nuit les juiveries, qu’il y pleuvait des chaudières et des matras, des chats noirs, des mandragores, des chauves-souris, des feux grégeois…

– Pouvez-vous bien, à votre âge, croire pareilles balivernes ? Un homme de loi ! un docteur ! vous faites pitié !

Maître Bonaventure, par mon honneur ! je puis vous attester que si la nuit il pleut en ce quartier, à coup sûr, ce ne sont ni des mandragores, ni des chats noirs.

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