Son rugissement est comme celui du lion.
Et les posteaux avec le surseuil furent esmeuz.
LA BIBLE.
Le lendemain, à l’aurore, Aymar descendit : les valets à cheval, accompagnés de son moreau et de la pouliche qu’il destinait à Dina, et de plusieurs mulets, chargés de valises, déjà l’attendaient.
Éveillé par le hennissement des chevaux, Rochegude ouvrit précipitamment la croisée de sa chambre, fit claquer les volets sur la muraille, et, stupéfait, cria d’une voix forte à Aymar :
– Tu ne partiras pas, ou je te déshérite et maudis !…
– Je pars, mon père, répondit Aymar, et pour le reste qu’il soit fait selon votre volonté ; mon autre père, là-bas, me bénira.
– Tu ne partiras point, je te crie !…
Rochegude disparut de la croisée.
Aymar et sa caravane se mit en route ; à peine était-il au milieu de l’avenue, que Rochegude reparut sur le perron, à demi nu, une arquebuse en main.
– Arrête, parricide ! arrête, je te maudis !… Que la foudre t’écrase ! que l’enfer t’engouffre ! T’arrêteras-tu, te dis-je ? je te maudis et te chasse ! C’est ton père qui te maudit et le ciel en est témoin !… Tu ne partiras pas !
Il frappait sur la dalle et se heurtait la tête aux piliers du porche, la maison tressaillait ; c’était affreux à voir. Aymar, en silence, s’éloignait toujours ; quand il fut près du détour de l’avenue, perdant espoir de le ramener, Rochegude redoubla de fureur.
– Va-t-en, va-t-en, parricide, monstre, à jamais !…
Et, ajustant son arquebuse, une détonation éclata, Aymar jeta un cri, et Rochegude tomba raide sur les degrés du porche.