XXIII Le baiser

Deux jours passèrent de la sorte, après quoi Léodagan demanda quand aurait lieu le mariage.

– Sire, dit Merlin, auparavant nous faut-il achever une autre besogne au royaume de Logres.

Et il lui expliqua comment les Saines ravageaient les terres du roi Arthur et assiégeaient les vassaux rebelles.

– Faites donc votre devoir, dit Léodagan.

Et il fut résolu qu’Arthur et ses compagnons partiraient dès le lendemain, avec une petite armée.

Au matin, Guenièvre vint aider son fiancé à s’armer : elle lui ceignit elle-même l’épée au côté, puis elle s’agenouilla pour lui chausser ses éperons. En la voyant si bien occupée à servir le roi, Merlin se mit à rire.

– Sire, dit-il, vous voilà nouveau chevalier et il ne vous fait plus qu’une chose pour que vous puissiez dire, en partant d’ici, que c’est une fille de roi qui vous a adoubé.

– Et qu’est-ce, sire, qu’il me faut ?

– C’est, dit Merlin, le baiser.

– En nom Dieu, dit Guenièvre, je ne m’en ferai pas prier.

À ces mots, le roi courut à la pucelle, et ils s’embrassèrent et s’accolèrent comme jeunes gens qui s’aiment. Puis, s’étant couvert le chef d’un heaume que Guenièvre lui avait donné, Arthur monta à cheval, et sa troupe se mit en marche au petit pas, lances basses et gonfanons ployés.

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