Comme l’empire de Charlemagne en Occident, le kalifat d’Haroun-al-Raschid (785-809) en Orient a été le point de départ d’un développement intellectuel intense, mais dans des conditions fort différentes. La pensée arabe se développe, au IXe et au Xe siècle, dans des pays de très antique civilisation, en Syrie ou en Perse, où, depuis longtemps, se combinent et s’affrontent les tendances religieuses et intellectuelles les plus diverses et les plus opposées. Le Coran et la philosophie grecque ne sont pas tout : s’il y a des théologiens orthodoxes qui s’en tiennent à la lettre du Livre, on trouve une théologie libérale qui garde fort peu de l’Islam, un mouvement schiite dont l’inspiration se relie au culte persan de la lumière, un mysticisme qui n’est pas loin du bouddhisme. La pensée philosophique n’est pas limitée à ceux qu’on appelle falasifa, c’est-à-dire à ceux qui s’inspirent d’Aristote.