SCÈNE II : Le palais ducal. Appartement du Doge. LE DOGE et son neveu BERTUCCIO FALIERO.

LE DOGE : Tous les gens de notre maison sont-ils rassemblés ?

BERTUCCIO FALIERO : Ils sont prêts et attendent impatiemment le signal aux alentours de notre palais de San Polo. Je viens prendre vos derniers ordres.

LE DOGE : Il eût été heureux d'avoir le temps de convoquer un plus grand nombre de nos vassaux de mon fief de Val-di-Marino... mais c'est trop tard.

BERTUCCIO FALIERO : Il me semble, seigneur, que les choses vont mieux comme elles sont ; l'augmentation subite du nombre de nos gens aurait éveillé le soupçon : quoique vaillants et fidèles, les vassaux de ce canton sont trop grossiers et trop querelleurs pour conserver longtemps la discipline secrète nécessaire dans une telle entreprise, jusqu'à ce que nos ennemis soient attaqués.

LE DOGE : Oui ; mais lorsqu'une fois le signal est donné, voilà les hommes qu'il faut : ces esclaves de Venise ont tous leurs considérations particulières, leurs préventions pour ou contre tel noble, qui peuvent les faire aller trop loin ou exciter en eux une imprudente et folle pitié ; les fidèles serfs de mon comté de Val-di-Marino exécuteraient les ordres de leur seigneur sans traverser sa vengeance par leurs affections ou leurs inimitiés particulières. Les Marcello et les Cornaro sont les mêmes hommes pour eux ; ils ne font aucune différence entre un Gradenigo et un Foscari ; ils ne sont pas accoutumés à tressaillir en entendant prononcer ces noms, ni à fléchir le genou devant un sénat. Un chef armé est leur souverain, et non un noble vêtu d'hermine.

BERTUCCIO FALIERO : Nous sommes assez nombreux ; et quant aux dispositions de nos clients contre le Sénat, j'en réponds.

LE DOGE : Eh bien ! le sort en est jeté... Mais, quand il d'un service militaire sur le champ de bataille, parlez-moi de mes vassaux. Ils éclaircirent les rangs des Huns lorsque nos pâles citoyens se réfugiaient sous leurs tentes et tremblaient aux sons de victoire de leurs propres trompettes. Si nous ne trouvons qu'une faible résistance, tu verras ces citadins transformés en lions comme leur étendard ; mais s'il y a beaucoup à faire, tu regretteras, comme moi, de n'avoir pas derrière nous une troupe de braves vassaux.

BERTUCCIO FALIERO : Puisque c'est là votre pensée, je dois m'étonner que vous ayez sitôt résolu de frapper le coup décisif.

LE DOGE : De tels coups doivent être frappés soudainement ou jamais. Lorsque j'eus dompté le faux remords qui agitait mon cœur, et fait taire le souvenir du passé, je fus résolu à frapper, d'abord de peur de céder de nouveau à de pareilles émotions, et ensuite parce que, de tous ces hommes, il n'y a qu'Israël et Philippe Calendaro dont le courage et la foi me sont connus. Le jour de demain pourrait trouver parmi eux un traître qui nous perdît, comme le jour d'hier en a trouvé mille prêts à immoler le Sénat : mais, une fois engagés dans le carnage avec leurs glaives sanglants à la main, ils le poursuivront pour leur propre sûreté. Qu'ils donnent seulement le premier coup ; et le seul instinct de Caïn, qui est toujours caché dans le cœur des hommes, quoique les circonstances puissent l'endormir, l'instinct seul les poussera au carnage comme des loups. La vue du sang augmente pour le peuple la soif du sang, comme la première coupe de vin conduit aux longues débauches. Il sera plus difficile de les arrêter que de les exciter, quand une fois ils auront commencé ; mais jusque là un mot, une ombre, sont capables de renverser toute leur résolution. La nuit est-elle avancée ?

BERTUCCIO FALIERO : Le jour ne doit pas tarder à poindre.

LE DOGE : Alors il est temps de sonner la cloche. Nos hommes sont-ils à leur poste?

BERTUCCIO FALIERO : Ils doivent y être ; mais ils ont ordre de ne rien faire que je ne leur aie transmis vos ordres.

LE DOGE : C'est bien !... Le matin tardera-t-il longtemps à éteindre les feux de ses étoiles qui scintillent encore à la voûte des cieux ? Je suis calme et résolu : l'effort que m'a coûté la décision que j'ai prise de purifier la république par le feu, cet effort même m'a rendu toute la fermeté de mon âme. J'ai pleuré, j'ai tremblé à la pensée de ce terrible devoir ; mais maintenant j'ai mis de côté toute passion inutile, et je regarde fixement la tempête qui s'approche comme le pilote d'un vaisseau amiral : cependant (pourras-tu le croire, mon neveu ?) il m'en a plus coûté qu'à l'approche d'un combat où il s'agissait du sort des nations, et lorsque j'étais à la tête d'une armée dont des milliers de soldats étaient dévoués à une mort certaine... Oui, pour verser le sang corrompu de quelques despotes, il m'en a plus coûté de me résoudre à une entreprise comme celle qui rendit Timoléon immortel, que d'envisager les travaux et les périls d'une vis de combats.

BERTUCCIO FALIERO : Je me réjouis de voir que votre sagesse est parvenue à dompter la fureur qui vous agitait si cruellement avant que vous fussiez résolu.

LE DOGE : J'ai toujours été le même. Dans la première pensée d'une grande entreprise, j'étais en proie à l'agitation, et la passion l'emportait sur tout : mais au moment de l'action j'étais aussi calme que les morts étendus autour de moi. C'est ce qu'ils n'ignoraient pas, ceux qui m'ont fait ce que je suis ; et ils se fiaient à l'empire que je conservais sur mon ressentiment, quand ses premiers transports étaient passés : mais ils n'ont pas réfléchi qu'il est des choses qui font de la vengeance une vertu par réflexion, et non une impulsion aveugle de la colère. Si les lois dorment, la justice veille ; les âmes outragées donnent souvent un droit public à leur injure particulière et justifient leur action à leurs propres yeux... Il me semble que le jour va paraître, n'est-il pas vrai ?... Regarde, tes yeux ne sont pas, comme les miens, affaiblis par l'âge... l'air respire la fraîcheur matinale, et il me semble voir la mer blanchir à travers ce balcon.

BERTUCCIO FALIERO : Oui, l'aurore commence à colorer l'horizon.

LE DOGE : Pars donc ... va faire sonner le signal sans délai ; et au premier coup de la cloche, marche sur le palais avec tous les clients de notre maison... C'est ici que je t'attends... Les Seize et leurs compagnies s'avanceront au même moment en colonnes séparées... songe à prendre ton poste à la grande porte ; je ne veux livrer les Dix qu'à nous-mêmes ; que les autres, la populace patricienne, soient abandonnés à l'épée plus indifférente de ceux qui sont ligués avec nous. Souviens-toi que le cri de guerre est : Saint-Marc ! les Génois arrivent... aux armes ! Saint-Marc et la liberté !... maintenant, il est temps d'agir.

BERTUCCIO FALIERO : Adieu donc, mon oncle, nous nous reverrons sous les auspices de la liberté et d'une souveraineté véritable, ou nous ne nous reverrons plus.

LE DOGE : Viens ici, mon cher Bertuccio... embrassons-nous... Hâte-toi, car le jour va luire... Envoie-moi un messager pour me dire comment tout va, quand tu auras rejoint nos troupes ; et alors que le tocsin sonne du haut de la tour de Saint-Marc.

Bertuccio Faliero sort.

LE DOGE (seul)  : Il est parti, et chacun de ses pas décide d'une vie... C'en est fait. Maintenant l'ange destructeur plane sur Venise et s'arrête avant de verser l'urne fatale, comme l'aigle considère sa proie, et, suspendu au milieu des airs, fait cesser un moment le mouvement de ses ailes pour fondre tout-à-coup sur la terre avec sa serre impitoyable... Ô jour qui viens si lentement éclairer les flots! hâte-toi... accours. Je ne voudrais point frapper dans les ténèbres ; je veux pouvoir guider tous les coups. Et vous, vagues azurées, je vous ai vues rougies de sang des Génois, des Sarrasins et des Huns, avec lequel se confondait celui de Venise, mais de Venise triomphante. Aujourd'hui point de mélange dans le sang qui va vous colorer de nouveau ! celui des barbares ne pourra plus nous réconcilier avec l'horrible aspect de cette teinte de pourpre : les amis ou les ennemis seront tous des citoyens. Ai-je donc vécu jusqu'à mes quatre-vingts ans pour être l'auteur d'un tel carnage, moi surnommé le sauveur de la république, moi dont le nom faisait voler en l'air les chapeaux d'un million de citoyens et excitait les cris de toute la cité, suppliant le ciel de répandre sur moi les bénédictions, la gloire et de longues années ?... J'ai donc vécu pour être témoin de ce jour !... Mais ce jour, fatal dans nos annales, sera suivi pas des siècles de bonheur. Le doge Dandolo survécut à ses quatre-vingt-dix étés pour vaincre des rois et refuser leurs diadèmes. Je déposerai une couronne, et je renouvellerai la liberté de l'État... Mais, grand Dieu ! par quels moyens !... Un noble but les justifiera... Que sont quelques gouttes de sang humain ? Que dis-je ! le sang des tyrans n'est point du sang humain. Tels que des Molochs incarnés, ils se repaissent du nôtre jusqu'à ce que le temps soit venu de les rendre aux tombeaux qu'ils ont peuplés... O monde ! ô mortels ! qu'êtes-vous, et que sont vos meilleurs desseins, si nous devons punir les crimes par d'autres crimes, et nous hâter d'égorger nos ennemis, comme s'il n'y avait pour eux que cette porte de la mort, tandis que peu d'années suffiraient pour rendre le glaive superflu ? Faut-il que moi, sur les bords de ces régions inconnues, j'envoie devant moi tant de hérauts pour m'y précéder?... Bannissons ces pensées... (Moment de silence...) Écoutons ! N'entends-je par un murmure de voix lointaines et le bruit mesuré des pas d'une troupe armée ? Nos désirs évoquent-ils donc même des fantômes de sons ?... Ce ne peut être... le signal n'a pas retenti encore... Que tarde-t-il ?... Le messager de mon neveu devrait être près d'ici ; peut-être lui-même, en ce moment, ébranle-t-il sur ses gonds pesants le portail de la tour où se balance la cloche lugubre qui ne sonne que pour la mort d'un prince, ou dont les tintements sinistres n'annoncent que les périls de l'État. Qu'elle sonne ! et que ce tocsin soit le plus terrible et le dernier ; qu'elle sonne jusqu'à ce que la tour chancelle !... Quoi ! le silence règne encore ! J'irais moi-même, si mon poste n'était ici pour être le centre où se réuniront les éléments discordants qui composent les ligues de cette espèces, et pour encourager les faibles ou ceux qui hésiteraient, si l'on nous résiste... car, si les patriciens soutiennent un combat, ce sera dans le palais que l'action sera la plus chaude ; c'est donc ici mon poste comme chef de tous les mouvements... Mais écoutons ! Il vient... il vient, le messager de mon neveu, du brave Bertuccio... Quelles nouvelles m'apporte-t-il ?... Est-il en marche ?... A-t-il réussi ?... Qui vois-je ici ?... Tout est perdu !... Mais je ferai encore un effort.

Un seigneur de la nuit – signor di notte - entre avec des gardes, etc.

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Doge, je t'arrête pour haute trahison.

LE DOGE : Moi, ton prince, coupable de trahison ?... Qui sont ceux qui osent voiler leur propre trahison sous un tel ordre ?

LE SEIGNEUR DE LA NUIT (montrant son ordre)  : Voici l'ordre du conseil des Dix assemblés.

LE DOGE : Et où sont-ils ? et pourquoi sont-ils assemblés ? Non, un tel Conseil ne peut être légitime que lorsque le prince y préside, et c'est moi que cela regarde... Je t'ordonne de me conduire à la chambre du Conseil.

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Doge ! cela ne se peut ; les Dix ne sont pas assemblés dans le lieu ordinaire de leurs séances, mais dans le couvent de Saint-Sauveur.

LE DOGE : Tu oses donc me désobéir ?

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Je sers l'État et suis tenu de le servir fidèlement ; j'apporte l'ordre de ceux qui le gouvernent.

LE DOGE : Jusqu'à ce que mon seing soit apposé à cet ordre, il est illégal ; et dans ce moment il est séditieux... As-tu songé que tu risquais ta vie en osant te charger d'une fonction illégitime ?

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Ma charge ne m'oblige point à répondre, mais à agir... Je suis envoyé ici pour servir de garde à ta personne, et non comme un juge qui écoute et décide.

LE DOGE (à part)  : Gagnons du temps... Pourvu que la cloche de Saint-Marc sonne, tout peut encore aller bien !... Mon neveu, hâte-toi hâte-toi, hâte-toi ! notre destinée tremble dans la balance ; et malheur aux vaincus, que ce soient le prince et le peuple, ou les esclaves et le sénat ! (On entend la grande cloche de Saint-Marc...) Je l'entends... La cloche retentit... (Le Doge ajoute tout haut :) Écoutez, seigneur de la nuit ; et vous, ses satellites, la peur vous fait trembler, vils mercenaires ! Voilà le signal de votre mort ! Retentis encore plus fort, airain sonore...Maintenant, lâches, songez à racheter votre vie !

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Ô malheur ! Saisissez vos armes, et gardez la porte... Tout est perdu si cette cloche terrible ne cesse pas bientôt de retentir... L'officier se sera trompé de chemin, il aura mal exécuté son ordre ou rencontré quelque obstacle... Anselme, dirige-toi vers la tour avec ta compagnie... que les autres restent avec moi.

Une partie de la garde sort.

LE DOGE : Misérable ! si tu tiens encore à la vie, implore ma pitié ; tu n'as pas une minute à vivre !... Oui, envoie tes lâches soldats ; ils ne reviendront plus.

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Si cela est, ils mourront en faisant leur devoir, et je mourrai comme eux.

LE DOGE : Insensé ! l'aigle s'attaque à une proie plus noble que toi et tes vils sicaires... Tu vivras, si tu ne provoques point la mort par ta résistance ; et si des âmes enfoncées comme la tienne dans les ténèbres peuvent supporter la clarté du soleil, apprends à être libre.

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Et toi, apprends à être prisonnier... (Le son de la cloche cesse.) On ne l'entend plus ce perfide signal qui devait lancer la populace sur les patriciens, comme des limiers sur leur proie. Le son de mort a retenti, mais ce n'est pas pour le sénat !

LE DOGE (après un moment de silence)  : Tout est silencieux !... tout est perdu !

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Maintenant, Doge, dénonce-moi comme l'esclave d'un conseil révolté ? N'ai-je pas fait mon devoir ?

LE DOGE : Tais-toi, lâche ! Tu as fait un noble exploit, et gagné le prix du sang ; ceux qui t'emploient te récompenseront. Mais tu as été envoyé pour me garder, et non pour faire entendre de vaines paroles, comme tu le disais tout à l'heure... remplis donc ta charge, mais en silence, comme tu le dois : si je suis ton prisonnier, je suis aussi ton prince.

LE SEIGNEUR DE LA NUIT : Je n'ai pas eu l'intention de manquer au respect dû à votre rang. Je vous obéirai en ceci.

LE DOGE (à part)  : Il ne me reste plus maintenant qu'à mourir !... J'aurais volontiers succombé avec orgueil à l'heure du triomphe, mais le voir m'échapper ainsi !

D'autres seigneurs de la nuit entrent avec Bertuccio Faliero, prisonnier.

LE SECOND SEIGNEUR DE LA NUIT : Nous l'avons saisi au moment qu'il sortait de la tour, où déjà, d'après les ordres du Doge, le signal commençait à sonner.

LE PREMIER SEIGNEUR DE LA NUIT : Tous les passages qui conduisent au palais sont-ils bien gardés ?

LE SECOND SEIGNEUR DE LA NUIT : Oui ; mais d'ailleurs peu importe ; les chefs sont tous chargés de chaînes, et quelques uns même subissent déjà la question... leurs complices sont dispersés et plusieurs saisis.

BERTUCCIO FALIERO : Mon oncle !

LE DOGE : C'est vainement qu'on veut lutter contre la fortune. La gloire a déserté notre maison.

BERTUCCIO FALIERO : Qui l'aurait cru ? Ah ! un moment plus tôt !...

LE DOGE : Ce moment eût changé la face des siècles ; celui-ci nous livre à l'éternité... Nous saurons nous montrer comme des hommes dont le triomphe n'est pas dans le succès, mais qui savent faire face à la fortune. Ne t'afflige pas, ce n'est qu'un court passage... Je voudrais le franchir seul ; mais si, comme il est probable, ils nous envoient ensemble, partons dignes de nos pères et de nous-mêmes.

BERTUCCIO FALIERO : Je ne vous ferai point rougir, mon oncle.

LE PREMIER SEIGNEUR DE LA NUIT : Seigneur, nos ordres sont de vous garder dans deux appartements séparés, jusqu'à ce que le Conseil vous appelle pour vous interroger.

LE DOGE : Nous interroger !... Pousseront-ils la dérision jusqu'au bout ?... Qu'ils en agissent avec nous comme nous en avons agi avec eux, mais avec moins de pompe. Ce n'est qu'un jeu d'homicides qui ont tiré au sort pour savoir qui seraient immolés les premiers : les patriciens ont gagné par une adresse perfide... Quel a été notre Judas ?

LE PREMIER SEIGNEUR DE LA NUIT : Je n'ai point l'ordre de répondre à cette question.

BERTUCCIO FALIERO : Je répondrai pour toi... C'est un certain Bertram, qui fait en ce moment ses révélations à la Junte secrète.

LE DOGE : Bertram le Bergamasque ! De quels vils instruments nous nous servons pour la vie ou la mort ! Ce lâche, souillé d'une double trahison, va recueillir des récompenses et des honneurs, et sera mis dans l'histoire avec les oies du Capitole, dont les aigres cris réveillèrent Rome, et qui obtinrent un triomphe annuel ; tandis que Manlius qui précipita les Gaulois de la roche Tarpéienne, en fut précipité lui-même.

LE PREMIER SEIGNEUR DE LA NUIT : Manlius devint traître, et voulut usurper la tyrannie.

LE DOGE : Il sauva l'État, et voulut le réformer après l'avoir sauvé ! Mais, discours inutiles... Allons, seigneur, remplissez votre tâche.

LE PREMIER SEIGNEUR DE LA NUIT : Noble Bertuccio, nous devons vous faire passer dans un autre appartement.

BERTUCCIO FALIERO : Adieu, mon oncle, je ne sais si nous nous reverrons dans cette vie ; mais peut-être permettront-ils à nos cendres de se mêler ensemble.

LE DOGE : Oui, et nos âmes se réuniront aussi, et feront un jour ce que n'a pu faire l'enveloppe fragile qui leur sert de prison. Les coupables sénateurs ne pourront éteindre la mémoire de ceux qui avaient voulu renverser leurs trônes ; et de tels exemples trouveront des héritiers, quoique éloignés peut-être.

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