SCÈNE PREMIÈRE : Antichambre du palais ducal. PIETRO parle en entrant à BATTISTA.

PIETRO : Le messager n'est pas de retour ?

BATTISTA : Pas encore ; j'ai envoyé fréquemment, comme vous me l'aviez commandé ; mais le sénat est toujours au conseil, où l'on discute longtemps sur l'accusation de Steno.

PIETRO : Trop longtemps... ainsi, du moins, le pense le Doge.

BATTISTA : Comment supporte-t-il ces moments d'attente ?

PIETRO : Avec une patience forcée. Assis à la table ducale, couverte de tout l'appareil des affaires de l'État, pétitions, dépêches, jugements, actes, rapports, il semble absorbé dans ses fonctions ; mais chaque fois qu'il entend le bruit lointain d'une porte, quelque chose qui lui annonce qu'on vient à lui, ou le murmure d'une voix, son œil se détourne vivement ; il se lève soudain de son siège, puis il s'arrête, se rassied, et fixe ses regards sur quelque édit ; mais j'ai observé qu'il n'a pas lu une page depuis une heure.

BATTISTA : On dit qu'il est très irrité, et, en effet, Steno lui a fait un sanglant outrage.

PIETRO: Oui, si c'était un homme pauvre... Steno est un patricien, jeune, aimable, gai et superbe.

BATTISTA : Vous pensez donc qu'il ne sera pas jugé sévèrement ?

PIETRO : Il suffirait qu'il fût jugé selon la justice ; mais ce n'est pas à nous d'anticiper sur la sentence des Quarante.

BATTISTA : Et la voici... (Vincenzo entre.) Quelle nouvelle, Vincenzo ?

VINCENZO : L'arrêt est prononcé ; mais la sentence est encore inconnue ; j'ai vu le président prêt à sceller le parchemin qui portera au Doge le jugement des Quarante, et je m'empresse d'aller le prévenir.

Ils sortent.

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