VI.

Pressés par cette vérité, qu’ils ont trop d’esprit pour ne pas sentir, et qui fait peut-être le motif secret de leurs alarmes, les critiques ont recours à un autre subterfuge ; ils disent : " Eh ! qui vous nie que le christianisme, comme toute autre religion, n’ait des beautés poétiques et morales, que ses cérémonies ne soient pompeuses, etc. ? " Qui le nie ? Vous, vous-mêmes qui naguère encore faisiez des choses saintes l’objet de vos moqueries ; vous qui, ne pouvant plus vous refuser à l’évidence des preuves, n’avez d’autre ressource que de dire que personne n’attaque ce que l’auteur défend. Vous avouez maintenant qu’il y a des choses excellentes dans les institutions monastiques ; vous vous attendrissez sur les moines du Saint-Bernard, sur les missionnaires du Paraguay, sur les filles de la Charité ; vous confessez que les idées religieuses sont nécessaires aux effets dramatiques ; que la morale de l’Evangile, en opposant une barrière aux passions, en a tout à la fois épuré la flamme et redoublé l’énergie ; vous reconnaissez que le christianisme a sauvé les lettres et les arts de l’inondation des barbares, que lui seul vous a transmis la langue et les écrits de Rome et de la Grèce, qu’il a fondé vos collèges, bâti ou embelli vos cités, modéré le despotisme de vos gouvernements, rédigé vos lois civiles, adouci vos lois criminelles, policé et même défriché l’Europe moderne : conveniez-vous de tout cela avant la publication d’un ouvrage, très imparfait sans doute, mais qui pourtant a rassemblé sous un seul point de vue ces importantes vérités ?

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