VII.

On a déjà fait remarquer la tendre sollicitude des critiques pour la pureté de la religion : on devait donc s’attendre qu’ils se formaliseraient des deux épisodes que l’auteur a introduits dans son livre. Cette délicatesse des critiques rentre dans la grande objection qu’ils ont fait valoir contre tout l’ouvrage, et elle se détruit par la réponse générale que l’on vient de faire à cette objection. Encore une fois, l’auteur a dû combattre des poèmes et des romans impies avec des poèmes et des romans pieux ; il s’est couvert des mêmes armes dont il voyait l’ennemi revêtu : c’était une conséquence naturelle et nécessaire du genre d’apologie qu’il avait choisi. Il a cherché à donner l’exemple avec le précepte : dans la partie théorique de son ouvrage, il avait dit que la religion embellit notre existence, corrige les passions sans les éteindre, jette un intérêt singulier sur tous les sujets où elle est employée ; il avait dit que sa doctrine et son culte se mêlent merveilleusement aux émotions du cœur et aux scènes de la nature, qu’elle est enfin la seule ressource dans les grands malheurs de la vie : il ne suffisait pas d’avancer tout cela, il fallait encore le prouver. C’est ce que l’auteur a essayé de faire dans les deux épisodes de son livre. Ces épisodes étaient, en outre, une amorce préparée à l’espèce de lecteurs pour qui l’ouvrage est spécialement écrit. L’auteur avait-il donc si mal connu le cœur humain, lorsqu’il a tendu ce piège innocent aux incrédules ? Et n’est-il pas probable que tel lecteur n’eut jamais ouvert le Génie du Christianisme s’il n’y avait cherché René et Atala ?

Sa che la corre il mondo, ove più versi

Delle sue dolcezze il lusinghier Parnaso,

E che’l vero, condito in molli versi,

I più schivi alettando, ha persuaso.

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