VIII

Les lettres de Renaud se succèdent et les jours raccourcissent. Mon cher grand cède à ce touchant travers des malades très soignés qui s’intéressent tardivement au jeu de leurs viscères, se découvrent un foie, un estomac, et s’enthousiasment pour des définitions qui n’expliquent rien. Des mots techniques se glissent dans ses lettres ; il les emploie à présent sans ironie, avec un peu de cette emphase supérieure qu’affectionnent les étudiants en médecine. La pesée quotidienne devient la minute angoissante de sa journée, et le nom d’un certain Coucheroux, neurasthénique, le cas rare du sanatorium, revient trois fois en quatre pages… Je ne suis pas méchante, non… mais qu’on nous laisse un quart d’heure en tête à tête, le nommé Coucheroux et moi, et il connaîtra un nouveau traitement de la neurasthénie aiguë !…

Lettre, ridicule celle-ci, de Marcel. Il essaie la grosse carotte, mais si grosse que je ne me fâche même pas. Trois mille francs ! Il est souffrant, cet enfant. Est-ce que j’ai trois mille francs pour sa petite gueule de fille vannée ? Un joli billet de cent francs et une demi-douzaine de lignes ironiquement aimables : voilà ma conscience de belle-mère en repos.

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