« Que se passa-t-il dans le ravin cette nuit-là ?
« C’était une question qu’on ne manqua pas de se poser le lendemain matin.
« Un demi-sang était à la pointe du jour dans la boutique de Ferguson.
« Il raconta qu’un peu auparavant il s’était trouvé aux environs du ravin vers une heure du matin.
« Il ne fut pas facile de lui faire raconter son histoire, tellement il avait l’air effrayé, mais à la fin, il nous dit qu’il avait entendu des cris épouvantables au milieu du silence de la nuit.
« Il n’y avait point eu de coups de feu, mais une série de hurlements, comme qui dirait des hurlements étouffés, tels qu’en jetterait un homme qui aurait la tête dans un serape et qui souffrirait à mort.
« Abner Brandon, moi et quelques autres nous étions alors à la boutique.
« Nous montâmes donc à cheval pour nous rendre à la maison de Scott et pour cela on traversa le ravin.
« On n’y remarquait rien de particulier, point de sang, point de marques de lutte ; et quand nous arrivons à la maison de Scott, il sortit au-devant de nous, aussi guilleret qu’une alouette.
« – Hallo ! Jeff, qu’il dit, pas du tout besoin de pistolet. Entrez prendre un cocktail, les camarades !
« – Avez-vous vu ou entendu quelque chose cette nuit en rentrant chez vous ? que je dis.
« – Non, répondit-il, ça s’est passé bien tranquillement. Une sorte de plainte jetée par une chouette, dans le ravin du Piège à mouche, et voilà tout. Allons, pied à terre, et prenez un verre.
« – Merci, dit Abner.
« Alors nous descendons, et Tom Scott nous accompagna à cheval quand nous repartîmes.