SHERLOCK HOLMES, WATSON, BENJAMIN, BILLY
BILLY, entrant. – Monsieur, il y a en bas, à la porte de la rue un homme qui voudrait parler à M. Benjamin Forman.
HOLMES, il se dirigeait sur la gauche, s'arrête brusquement. – Ah ! Ah !…Il ne serait peut-être pas mauvais de jeter un regard sur cet individu. Faites-le monter, Billy.
BILLY. – Il ne peut pas, monsieur. Il est en train de surveiller un homme dans la rue. C'est un détective.
BENJAMIN. – Un détective… Si j'allais voir ce qu'il veut…
HOLMES. – Non ! Benjamin s'arrête. Holmes réfléchit. Pourtant… si… Peut-être ? … Mais avant, examinez bien l'homme… et soyez prêt à tout événement…
BENJAMIN. – Vous pouvez vous fier à moi, monsieur. Il sort.
HOLMES. – Billy, suivez Forman et venez me dire comment cela se passe avec ce détective.
BILLY. – Oui, monsieur. Il sort derrière Benjamin.
WATSON, à Holmes qui semble écouter et réfléchir. – Voilà qui devient de plus en plus intéressant.
Un temps. Holmes ne répond pas. Il écoute toujours, puis se dirige vers la fenêtre à travers laquelle il jette un regard.
WATSON. – Dites-moi, mon cher Holmes, puisque vous avez eu la bonté de me dire déjà quelques mots de cette affaire…
HOLMES, l'interrompant. – Une seconde, je vous prie… Il sonne. Un silence après lequel Billy entre.
HOLMES. – Forman est toujours en bas ?
BILLY. – Non, monsieur, il est parti avec l'homme.
WATSON. – Alors c'était vrai cette communication ? …
HOLMES. – Peut-être ! … Merci, Billy… Billy sort. Vous parliez, Watson, de cette affaire de miss Brent ?…
WATSON. – Précisément… J'en connais le commencement… n'aurez-vous pas l'amabilité de me mettre au courant du reste ?
HOLMES. – Que voulez-vous que je vous dise de plus ?
WATSON. – Par exemple, ce que vous avez l'intention de faire de ce faux paquet de lettres pour lequel vous allez peut-être risquer votre vie ?
HOLMES, regardant Watson pendant quelques minutes avant de parler. – J'ai l’intention, à l'aide de ce faux paquet, de décider miss Brent à me donner volontairement l'original… Je serais obligé, pour parvenir à mon but, d'avoir recours à un stratagème qui me fait presque honte, et auquel je ne me serais certainement pas arrêté si… si j'avais connu cette jeune fille, comme je la connais aujourd'hui… Paraissant absorbé par une autre idée tout à fait étrangère à la question qui le préoccupe. Oui, c'est mal, c'est très mal de ma part, d'agir ainsi, car elle est charmante, cette enfant, Watson ! Absolument, et en tous points, charmante…
WATSON, le regardant avec étonnement. – D'ordinaire, mon excellent ami, quand vous êtes attelé à votre besogne, vous ne vous préoccupez guère du charme des femmes en face desquelles vous vous trouvez !
HOLMES. – C'est vrai ! Mais je n'ai pas pu rester indifférent à celui-là.
WATSON, le regardant avec une surprise croissante. – Vraiment ! … Serait-il donc possible que cet inattaquable cœur eût subi…
BILLY, entrant. – Que monsieur m'excuse ! … Mais Benjamin vient d'envoyer de chez le pharmacien du coin pour dire que sa tête lui fait plus mal que tout à l'heure et qu'il serait obligé au Dr Watson s'il voulait venir y donner un coup d'œil.
WATSON. – Certainement ! … J'y vais tout de suite… Prenant son chapeau. C'est singulier… Cette blessure n'avait pourtant pas l'air si sérieuse… À Holmes. Je reviens dans cinq minutes. Il sort. Un temps.
HOLMES. – Billy ?
BILLY. – Monsieur ?
HOLMES. – Qui est venu faire cette commission de la part de Forman ?
BILLY. – Le garçon du pharmacien.
HOLMES. – Lequel de ses garçons ?
BILLY. – Ce doit être un nouveau, car je ne l'avais encore jamais vu.
HOLMES, vivement. – Vite, Billy ! Courez derrière le docteur. Je redoute pour lui quelque danger… Revenez me mettre au courant immédiatement. Ne prenez pas la peine de monter jusqu'ici… sonnez deux fois à la porte d'en bas… J'entendrai… Surtout hâtez-vous.
BILLY. – J'y cours, monsieur.
Il sort rapidement. Holmes reste sans bouger et comme hésitant. Il fait un pas vers la salle à manger puis s'arrête brusquement prêtant l'oreille. Il se tourne vers la cheminée et prend une pipe dans sa main gauche. il la bourre et l'allume tout en écoutant. La pipe entre les dents, il va vers la table où il a déposé son revolver et le glisse dans la poche de sa robe de chambre, où il continue à le tenir dans sa main. Il semble très à l'aise et ne perd pas de vue la porte.