LES MÊMES, WATSON
WATSON, souriant. – Eh bien, malgré votre terreur du mariage, il me semble bien que voilà qui s'appelle un baiser de fiançailles, mon cher Holmes !…
HOLMES, à Alice. – Vous consentez donc vraiment ?
ALICE, souriant. – Dame !… maintenant !…
WATSON. – Maintenant, miss Brent, comme je tiens à servir de témoin à votre mariage, laissez-moi vous donner un conseil.
ALICE. – Lequel ?
WATSON. – C'est de partir, de partir ce soir même… Il y a un train de nuit pour la France à dix heures vingt… Un mot à votre mère pour qu'elle vous accompagne, et demain, à Paris, nous retrouverons mistress Watson, qui sera ravie de faire votre connaissance.
HOLMES. – Quitter Londres sans avoir payé ma dette au professeur Moriarty !…
WATSON. – Que vous importe désormais Moriarty ?… Cet homme, qui vous a manqué hier, a soif de prendre sur vous une revanche.
HOLMES. – Précisément, je tiens à voyager tranquille…
WATSON. – Écoutez, mon ami, à l'instant, en reconduisant ces messieurs, j'ai aperçu, embusquée dans un cab, une femme qui semblait examiner cette maison, et dont l'allure suspecte m'a frappé…
HOLMES. – Où est cette femme ?
WATSON. – Là… au coin de la rue… Vous pouvez la voir d'ici, en soulevant le rideau avec précaution… Bas à Alice. Suivez mon conseil, miss Brent… prévenez madame votre mère… et sautez en wagon tous les trois… À Holmes. Eh bien, la connaissez-vous, cette guetteuse ?
HOLMES, vivement. – Est-ce que je ne connais pas tout le monde ?… Miss Brent… Sortant sa montre. Il est huit heures… je vous rejoindrai ici dans une heure… pour aller prendre le train à la gare de Victoria… Et qui sait… j'aurai peut-être le temps, d'ici-là, d'en finir avec cet excellent M. Moriarty !
RIDEAU