Scène VIII

Caliste, Dorise

Caliste, cependant que Dorise s’arrête à chercher derrière un buisson.

Ma sœur, l’heure s’avance, et nous serons à peine,

Si nous ne retournons, au lever de la reine.

Je ne vois point mon traître, Hippolyte non plus.

Dorise , tirant une épée de derrière ce buisson, et saisissant Caliste par le bras.
Voici qui va trancher tes soucis superflus ;

Voici dont je vais rendre, aux dépens de ta vie,

Et ma flamme vengée, et ma haine assouvie.

Caliste
Tout beau, tout beau, ma sœur, tu veux m’épouvanter ;

Mais je te connais trop pour m’en inquiéter,

Laisse la feinte à part, et mettons, je te prie,

À les trouver bientôt toute notre industrie.

Dorise
Va, va, ne songe plus à leurs fausses amours,

Dont le récit n’était qu’une embûche à tes jours :

Rosidor t’est fidèle, et cette feinte amante

Brûle aussi peu pour lui que je fais pour Pymante.

Caliste
Déloyale ! ainsi donc ton courage inhumain…

Dorise
Ces injures en l’air n’arrêtent point ma main.

Caliste
Le reproche honteux d’une action si noire…

Dorise
Qui se venge en secret, en secret en fait gloire.

Caliste
T’ai-je donc pu, ma sœur, déplaire en quelque point ?

Dorise
Oui, puisque Rosidor t’aime et ne m’aime point ;

C’est assez m’offenser que d’être ma rivale.

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