Scène VI

Hippolyte, Lysandre

Hippolyte
Vous avez dans l’esprit quelque pesant souci ;

Ce visage enflammé, ces yeux pleins de colère,

En font voir au-dehors une marque trop claire.

Je prends assez de part en tous vos intérêts

Pour vouloir en aveugle y mêler mes regrets.

Mais si vous me disiez ce qui cause vos peines…

Lysandre
Ah ! ne m’imposez point de si cruelles gênes ;

C’est irriter mes maux que de me secourir ;

La mort, la seule mort a droit de me guérir.

Hippolyte
Si vous vous obstinez à m’en taire la cause,

Tout mon pouvoir sur vous n’est que fort peu de chose.

Lysandre
Vous l’avez souverain, hormis en ce seul point.

Hippolyte
Laissez-le-moi partout, ou ne m’en laissez point.

C’est n’aimer qu’à demi qu’aimer avec réserve ;

Et ce n’est pas ainsi que je veux qu’on me serve.

Il faut m’apprendre tout, et lorsque je vous voi,

Être de belle humeur, ou n’être plus à moi.

Lysandre
Ne perdez point d’efforts à vaincre mon silence :

Vous useriez sur moi de trop de violence.

Adieu : je vous ennuie, et les grands déplaisirs

Veulent en liberté s’exhaler en soupirs.

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