Hippolyte, Lysandre
Hippolyte
Vous avez dans l’esprit quelque pesant souci ;
Ce visage enflammé, ces yeux pleins de colère,
En font voir au-dehors une marque trop claire.
Je prends assez de part en tous vos intérêts
Pour vouloir en aveugle y mêler mes regrets.
Mais si vous me disiez ce qui cause vos peines…
Lysandre
Ah ! ne m’imposez point de si cruelles gênes ;
C’est irriter mes maux que de me secourir ;
La mort, la seule mort a droit de me guérir.
Hippolyte
Si vous vous obstinez à m’en taire la cause,
Tout mon pouvoir sur vous n’est que fort peu de chose.
Lysandre
Vous l’avez souverain, hormis en ce seul point.
Hippolyte
Laissez-le-moi partout, ou ne m’en laissez point.
C’est n’aimer qu’à demi qu’aimer avec réserve ;
Et ce n’est pas ainsi que je veux qu’on me serve.
Il faut m’apprendre tout, et lorsque je vous voi,
Être de belle humeur, ou n’être plus à moi.
Lysandre
Ne perdez point d’efforts à vaincre mon silence :
Vous useriez sur moi de trop de violence.
Adieu : je vous ennuie, et les grands déplaisirs
Veulent en liberté s’exhaler en soupirs.