Scène XII

La Lingère, le Mercier

La Lingère , (après qu’ils se sont entre-poussé une boîte qui est entre leurs boutiques) .
J’enverrai tout à bas, puis après on verra.

Ardez, vraiment c’est-mon, on vous l’endurera !

Vous êtes un bel homme, et je dois fort vous craindre !

Le Mercier
Tout est sur mon tapis, qu’avez-vous à vous plaindre ?

La Lingère
Aussi votre tapis est tout sur mon battant ;

Je ne m’étonne plus de quoi je gagne tant.

Le Mercier
Là, là, criez bien haut, faites bien l’étourdie,

Et puis on vous jouera dedans la comédie.

La Lingère
Je voudrais l’avoir vu que quelqu’un s’y fût mis !

Pour en avoir raisons nous manquerions d’amis ?

On joue ainsi le monde ?

Le Mercier
Après tout ce langage,

Ne me repoussez pas mes boîtes davantage.

Votre caquet m’enlève à tous coups mes chalands ;

Vous vendez dix rabats contre moi deux galands.

Pour conserver la paix, depuis six mois j’endure

Sans vous en dire mot, sans le moindre murmure ;

Et vous me harcelez et sans cause et sans fin.

Qu’une femme hargneuse est un mauvais voisin !

Nous n’apaiserons point cette humeur qui vous pique

Que par un entre-deux mis à votre boutique ;

Alors, n’ayant plus rien ensemble à démêler,

Vous n’aurez plus aussi sur quoi me quereller.

La Lingère
Justement.

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