La Lingère, Florice, le Mercier, le Libraire, Cléante
La Lingère
De tout loin je vous ai reconnue.
Florice
Vous vous doutez donc bien pourquoi je suis venue ?
Les avez-vous reçus, ces points-coupés nouveaux ?
La Lingère
Ils viennent d’arriver.
Florice
Voyons donc les plus beaux.
Le Mercier
, à Cléante qui passe.
Ne vous vendrai-je rien, monsieur ? des bas de soie,
Des gants en broderie, ou quelque petite oie ?
Cléante
, au libraire.
Ces livres que mon maître avait fait mettre à part,
Les avez-vous encor ?
Le Libraire
, empaquetant ses livres.
Ah ! que vous venez tard !
Encore un peu, ma foi, je m’en allais les vendre.
Trois jours sans revenir ! je m’ennuyais d’attendre.
Cléante
Je l’avais oublié. Le prix ?
Le Libraire
Chacun le sait ;
Autant de quarts d’écu, c’est un marché tout fait.
La Lingère
, à Florice.
Eh bien, qu’en dites-vous ?
Florice
J’en suis toute ravie,
Et n’ai rien encor vu de pareil en ma vie.
Vous aurez notre argent, si l’on croit mon rapport.
Que celui-ci me semble et délicat et fort !
Que cet autre me plaît ! que j’en aime l’ouvrage !
Montrez-m’en cependant quelqu’un à mon usage.
La Lingère
Voici de quoi vous faire un assez beau collet.
Florice
Je pense, en vérité, qu’il ne serait pas laid ;
Que me coûtera-t-il ?
La Lingère
Allez, faites-moi vendre,
Et pour l’amour de vous, je n’en voudrai rien prendre,
Mais avisez alors à me récompenser.
Florice
L’offre n’est pas mauvaise, et vaut bien y penser.
Vous me verrez demain avecque ma maîtresse.