Florice, Aronte, le Mercier, la Lingère
Florice
Aronte, eh bien ! quels fruits produira notre adresse ?
Aronte
De fort mauvais pour moi. Mon maître, au désespoir,
Fuit les yeux d’Hippolyte, et ne veut plus me voir.
Florice
Nous sommes donc ainsi bien loin de notre conte ?
Aronte
Oui, mais tout le malheur en tombe sur Aronte.
Florice
Ne te débauche point, je veux faire ta paix.
Aronte
Son courroux est trop grand pour s’apaiser jamais.
Florice
S’il vient encor chez nous, ou chez sa Célidée,
Je te rends aussitôt l’affaire accommodée.
Aronte
Si tu fais ce coup-là, que ton pouvoir est grand !
Viens, je te veux donner tout à l’heure un galand.
Le Mercier
Voyez, monsieur ; j’en ai des plus beaux de la terre :
En voilà de Paris, d’Avignon, d’Angleterre.
Aronte , après avoir regardé une boîte de galands.
Tous vos rubans n’ont point d’assez vives couleurs.
Allons, Florice, allons, il en faut voir ailleurs.
La Lingère
Ainsi, faute d’avoir de bonne marchandise,
Des hommes comme vous perdent leur chalandise.
Le Mercier
Vous ne la perdez pas, vous, mais Dieu sait comment ;
Du moins, si je vends peu, je vends loyalement,
Et je n’attire point avec une promesse
De suivante qui m’aide à tromper sa maîtresse.
La Lingère
Quand il faut dire tout, on s’entre-connaît bien ;
Chacun sait son métier, et… Mais je ne dis rien.
Le Mercier
Vous ferez un grand coup si vous pouvez vous taire.
La Lingère
Je ne réplique point à des gens en colère.