Scène VI

Lysis, Phylis

Lysis
Comme vous le chassez !

Phylis
Qu’eût-il fait avec nous ?

Mon entretien sans lui te semblera plus doux ;

Tu pourras t’expliquer avec moins de contrainte,

Me conter de quels feux tu te sens l’âme atteinte,

Et ce que tu croiras propre à te soulager.

Regarde maintenant si je sais t’obliger.

Lysis
Cette obligation serait bien plus extrême,

Si vous vouliez traiter tous mes rivaux de même ;

Et vous feriez bien plus pour mon contentement,

De souffrir avec vous vingt frères qu’un amant.

Phylis
Nous sommes donc, Lysis, d’une humeur bien contraire :

J’y souffrirais plutôt cinquante amants qu’un frère ;

Et puisque nos esprits ont si peu de rapport,

Je m’étonne comment nous nous aimons si fort.

Lysis
Vous êtes ma maîtresse, et mes flammes discrètes

Doivent un tel respect aux lois que vous me faites,

Que pour leur obéir mes sentiments domptés

N’osent plus se régler que sur vos volontés.

Phylis
J’aime des serviteurs qui pour une maîtresse

Souffrent ce qui leur nuit, aiment ce qui les blesse.

Si tu vois quelque jour tes feux récompensés,

Souviens-toi… Qu’est-ce-ci ? Cléandre, vous passez ?

(Cléandre va pour entrer chez Angélique, et Phylis l’arrête.)

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