Alidor, Cléandre
Cléandre
Alidor !
Alidor
Qui m’appelle ?
Cléandre
Cléandre.
Alidor
Tu t’avances trop tôt.
Cléandre
Je me lasse d’attendre.
Alidor
Laisse-moi, cher ami, le soin de t’avertir
En quel temps de ce coin il te faudra sortir.
Cléandre
Minuit vient de sonner ; et, par expérience,
Tu sais comme l’amour est plein d’impatience.
Alidor
Va donc tenir tout prêt à faire un si beau coup ;
Ce que nous attendons ne peut tarder beaucoup.
Je livre entre tes mains cette belle maîtresse,
Sitôt que j’aurai pu lui rendre ta promesse :
Sans lumière, et d’ailleurs s’assurant en ma foi,
Rien ne l’empêchera de la croire de moi.
Après, achève seul ; je ne puis, sans supplice,
Forcer ici mon bras à te faire service ;
Et mon reste d’amour, en cet enlèvement,
Ne peut contribuer que mon consentement.
Cléandre
Ami, ce m’est assez.
Alidor
Va donc là-bas attendre
Que je te donne avis du temps qu’il faudra prendre.
Cléandre, encore un mot : pour de pareils exploits
Nous nous ressemblons mal, et de taille et de voix ;
Angélique soudain pourra te reconnaître ;
Regarde après ses cris si tu serais le maître.
Cléandre
Ma main dessus sa bouche y saura trop pourvoir.
Alidor
Ami, séparons-nous, je pense l’entrevoir.
Cléandre
Adieu. Fais promptement.