Scène V

Doraste, Phylis, Lycante

Doraste
Ma sœur, je te retrouve après t’avoir perdue !

Et de grâce, quel lieu me cache le voleur

Qui, pour s’être mépris, a causé ton malheur ?

Que son trépas…

Phylis
Tout beau ; peut-être ta colère,

Au lieu de ton rival, en veut à ton beau-frère.

En un mot, tu sauras qu’en cet enlèvement

Mes larmes m’ont acquis Cléandre pour amant :

Son cœur m’est demeuré pour peine de son crime,

Et veut changer un rapt en amour légitime.

Il fait tous ses efforts pour gagner mes parents,

Et s’il les peut fléchir, quant à moi, je me rends ;

Non, à dire le vrai, que son objet me tente ;

Mais mon père content, je dois être contente.

Tandis, par la fenêtre ayant vu ton retour,

Je t’ai voulu sur l’heure apprendre cet amour,

Pour te tirer de peine et rompre ta colère.

Doraste
Crois-tu que cet hymen puisse me satisfaire ?

Phylis
Si tu n’es ennemi de mes contentements,

Ne prends mes intérêts que dans mes sentiments ;

Ne fais point le mauvais, si je ne suis mauvaise,

Et ne condamne rien à moins qu’il me déplaise.

En cette occasion, si tu me veux du bien,

C’est à toi de régler ton esprit sur le mien.

Je respecte mon père, et le tiens assez sage

Pour ne résoudre rien à mon désavantage.

Si Cléandre le gagne, et m’en peut obtenir,

Je crois de mon devoir…

Lycante
Je l’aperçois venir.

Résolvez-vous, monsieur, à ce qu’elle désire.

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