Scène IV

Médée, Nérine

Médée
J’y donnerai bon ordre ; il est en ta puissance

D’oublier mon amour, mais non pas ma vengeance ;

Je la saurai graver en tes esprits glacés

Par des coups trop profonds pour en être effacés.

Il aime ses enfants, ce courage inflexible :

Son faible est découvert ; par eux il est sensible,

Par eux mon bras, armé d’une juste rigueur,

Va trouver des chemins à lui percer le cœur.

Nérine
Madame, épargnez-les, épargnez vos entrailles ;

N’avancez point par là vos propres funérailles :

Contre un sang innocent pourquoi vous irriter,

Si Créuse en vos lacs se vient précipiter ?

Elle-même s’y jette, et Jason vous la livre.

Médée
Tu flattes mes désirs.

Nérine
Que je cesse de vivre,

Si ce que je vous dis n’est pure vérité !

Médée
Ah ! ne me tiens donc plus l’âme en perplexité !

Nérine
Madame, il faut garder que quelqu’un ne nous voie,

Et du palais du roi découvre notre joie :

Un dessein éventé succède rarement.

Médée
Rentrons donc, et mettons nos secrets sûrement.

Share on Twitter Share on Facebook