XX.

Ô la brillante et douce nuit ! le souffle d’un vent tiède nous apportait le mugissement de la mer battant le marbre des falaises ; puis par intervalles d’autres sons plus distincts, qui venaient des forêts voisines, jetaient l’âme, déjà émerveillée d’un si beau spectacle, dans un abîme de rêveuse contemplation.

Sur la terre de Star, la mélodie erre de tous côtés presque aussi répandue que l’air qui rase le sol et bruit dans les herbes. Non-seulement la nature y a fait naître des multitudes d’oiseaux doués presque tous d’un gosier musical, des animaux mammifères même font entendre comme un cri d’amour, des chants que le voyageur écoute de loin avec ravissement.

S’il est des hommes dans ce monde harmonieux, ils ont dû s’arrêter quelquefois pour écouter les accords que rendent, en se balançant au souffle de la brise, les fruits d’un arbre de ces forêts que nous nommerons le Lartimor. Ces fruits, suspendus par un lien ou pédoncule long et flexible, sont formés par une noix à enveloppe d’une dureté et d’une élasticité particulière. À leur maturité, le sommet de la noix tourné vers la terre s’ouvre, ou, pour mieux dire, se découvre et laisse écouler la liqueur qui la remplit. La coquille alors reste ainsi plusieurs années sans s’altérer, et les sons que rendent les groupes de ces coques de différents calibres en s’entre-choquant, sont des notes harmonieuses que le vent fait gémir ou gronder selon qu’il est calme ou furieux.

Oh ! oui ; s’il est des hommes sur cette terre, le lartimor a dû leur révéler plus d’une fois les mélodies de la nature.

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