XXII.

Malgré le désir curieux qui nous emportait, nous fûmes arrêtés dans notre course par la scène anxieuse d’un combat qui se livrait sur nos têtes. Un gracieux oiseau d’un bleu d’azur, ayant seulement le bec et le bout de l’aile dorés, venait de nous apparaître. Il portait au cou un ruban blanc, signe de domesticité, et sa présence nous annonçait ainsi le voisinage des habitations dont le citos, c’est le nom de l’oiseau, est un des hôtes les plus fêtés par les peuples de ce pays. Soudain, deux oiseaux noirs et velus, porteurs d’une tête allongée, effrayante de ses larges yeux rouge de feu, se précipitent sur l’oiseau bleu et, le saisissant chacun par l’une de ses ailes, ils le tirent en sens inverse comme pour l’écarteler. Aux cris du citos, un oiseau blanc de taille monstrueuse fendit les airs, et lançant deux coups de son énorme bec sur les deux forbans, il délivra le citos, et jeta à nos pieds ses ravisseurs expirants.

J’appris depuis que les citos étaient des oiseaux révérés et chéris, les suppôts du bonheur dit-on, presque des dieux Lares pour les Stariens, qui les élèvent dans leurs maisons, soit en troupe, soit isolément, pour leur agrément d’abord, et ensuite un peu par superstition. Mais les citos ont pour ennemis naturels et acharnés d’autres oiseaux hideux, appelés les zayoux, ou oiseaux néfastes, qui en détruiraient vite l’espèce, si les habitants de ces contrées n’eussent pris soin de préposer à la garde et d’instruire pour la défense des citos une sorte d’Aigle géant devenu le chien de chaque troupeau, et qui porte secours à ses élèves, quand par hasard, comme dans un cas semblable, l’un d’eux, s’aventurant un peu loin du toit domestique, se trouve assailli par les zayoux.

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