IX.

Dans ces champs que tapisse une herbe fine et blanche

Se presse la tribu des fils de Ramzuel.

Le PÈRE est avec eux : sa vieillesse se penche

Et s’appuie en tremblant au bras de Cosmaël.

Les enfants sont rangés autour du vieil abare

Qui sauva leurs parents du meurtre universel.

À la mort qu’il pressent, Ramzuel se prépare :

Tous ont reçu de lui le baiser paternel ;

Il monte sur l’abare, il y reprend sa place…

Et prononce ces mots d’un accent solennel :

« J’ai voulu que l’abare où j’ai vaincu l’espace

» Soit mon dernier abri, mon tombeau dans le ciel ;

» Mais aux hasards du vide avant qu’il ne s’envole,

» De votre père à tous voici l’ordre immortel :

« Humains, retenez bien ma dernière parole ;

» Que toujours et partout ce mot sacramentel,

» Par le père à son fils répété dans les âges,

» Soit le grand souvenir ; testament éternel

» À ses enfants dicté par le premier des sages : »

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