Lorsqu’ils furent à proximité de la terre de Rudar, le désir des Stariens, qui avaient espéré trouver dans ce globe des beautés égales à celles de Lessur ou tout au moins de Tassul, fut désagréablement déçu. En descendant sur ce monde, les abares s’enfoncèrent dans une atmosphère brumeuse où les Stariens perdirent bientôt la vue des astres. L’air ambiant de ce globe était constitué par une sorte de brouillard fuligineux, par une vapeur grise sans transparence, mais seulement translucide à la clarté du jour.
Les Stariens, sortis des abares, pensèrent suffoquer en respirant cet air impur, et ce ne fut qu’après quelques heures qu’ils purent s’y habituer.
Les cœurs de nos voyageurs se serrèrent, lorsqu’ils examinèrent, dans l’ombre de ce ciel, la terre qu’ils avaient sous leurs pieds. Là, ni fleuves, ni mers, mais un sol semé de lacs bourbeux et de marécages. Au ciel, une vapeur éternelle ; et jamais, jamais ni azur, ni soleils, ni astres étoilés.
Cependant la végétation pleine de force étendait partout ses rameaux et ses feuilles d’un noir terne ; couleur uniforme, mais allant quelquefois jusqu’au brun ou aux nuances safranées. Quelquefois aussi cette nature s’émaillait de fleurs blanchâtres, ou dans les saisons hivernales on la voyait saupoudrée tristement de flocons neigeux.