C’est surtout au sein de ces tourbillons dansants et au milieu du délire de ces fêtes qu’on entendait chanter les louanges et les exploits d’Ourbatram, le héros des Rudariens. Oh ! celui-là fut un héros comme les autres races humaines n’en connaissent point. Ailleurs, ceux qu’on honore de ce titre l’ont ramassé dans des mares de sang humain. Ourbatram, lui, ne combattit toute sa vie que ces monstres aux ailes gluantes et multiples qui sont le tombeau des âmes pour les êtres de Rudar. On raconte que les Oiseaux de la mort, qui, chaque jour, voyaient quelques-uns des leurs tomber sous ses coups, se réunirent en troupe pour l’attaquer et chercher à dévorer ses forces ou à sucer sa vie. Ourbatram, seul, lutta contre eux cent jours et cent nuits ; mais au bout de ce temps, vaincu par le sommeil, il s’affaissa sur un monceau des cadavres des monstres de la mort, et ses forces vives furent aussitôt englouties et aspirées par les estomacs affamés des Morts qui survivaient à leurs compagnes.
La légende rudarienne affirme qu’à la suite des combats d’Ourbatram la mortalité diminua chez les Rudariens ; la mort était devenue plus rare, jusqu’à ce que, les monstres funèbres ayant multiplié de nouveau, l’espèce humaine fut de nouveau décimée comme elle l’est aujourd’hui.
Mais, hélas ! la terre de Rudar n’a plus de guerriers de la trempe d’Ourbatram !